II. deux, Zacharie Delfino évêque de Phare en DalAN. 1561. matie, & Jean-François Commendon évêque de Zante; Stanislas Hofius, Polonois, évêque de Varmie, étoit déja parti pour le même royaume depuis long-tems, & étoit arrivé à la cour de l'empereur, auprès de qui il avoit eu ordre de demeurer. Dès que les deux autres furent arriLes nonces vez, ils confererent ensemble des mesures qu'il ont audien- falloit prendre. Le lendemain on les conduifit ce de l'em- au palais de l'empereur, qui reçut Commendon avec de grands témoignages de bonté. Le nonce lui rendit les lettres dont le pape l'avoit chargé, & en lui expofant les intentions de Pie IV. il dit que ce pape voulant arrêter les défordres que l'hérélie caufoit de plus en plus tous les jours, avoit enfin réfolu d'affembler un concile général percur. Pallavic. utfitp. 15. . 2. n. 3. Anton. Mar Gratiani in vit. Commend. 1, 2, c. I. Trente, afin que les erreurs qui partageoient l'Europe en tant de fectes, fuffent diffipées, que la paix de l'églife fût affermie, que la foi & la difcipline fuffent réduites à leur ancienne pureté, & que ceux qui s'attacheroient avec opiniâtreté, à leurs opinions condamnées, fuffent diftinguez des véritables fidéles. Qu'il avoit déja convié par fes brefs apoftoliques toutes les puiffances de la Chrétienté en général; mais que par une grace extraordinaire, & par une inclination particulié re qu'il avoit pour l'Allemagne, il avoit bien voulu y envoyer l'évêque de Phare & lui, pour exhorter tous les princes, toutes les villes libres, & tout l'empire à concourir à la célébration du concile, & à l'accommodement des affaires de la chrétienté. Qu'afin que les chofes fe fiffent avec plus de facilité, & que chacun pût agir fans défiance, il vouloit qu'on y eût une entiére fûreté, qu'on y pût librement proposer ses plaintes ou les doutes; & qu'ainfi il prioit l'empereur d'envoyer au, plûtôt fes ambaffadeurs qui puffent affifter à l'ouverture du concile, & de fecon feconder par fon autorité & par fes confeils fes AN. 1561. LI I. L'empereur après avoir entendu les nonces, les pria de lui donner leurs demandes par écrit; L'empereur c'étoit précisément ce qu'ils avoient ordre de ne les prie de point faire. Le pape pour ne point s attirer dif- donner ferentes réponses qu'on auroit réiterées de part leurs de& d'autre, & qui feroient devenues dans la fui- mandes par te des femences de divifions, leur avoit expref écrit. fement enjoint de ne produire par écrit que fa Pallavicin. bulle & fes lettres. Mais l'empereur perfiftant id. ut fup. conftamment dans fa demande, quelques rai- " 3′ fons que les nonces puffent lui alleguer pour fe difpenfer de la lui accorder; ils délibererent en. tr'eux fur ce qu'ils devoient faire, & ayant confideré qu'un refus opiniâtre pouvoit aliéner l'esprit de l'empereur, & faire échouer cette grande affaire; ils produifirent un écrit fort court, dans lequel ils expofoient le zéle du pape, & fon affection paternelle à l'égard de tous les Chrétiens, même éloignez & féparez de l'église, aufquels il avoit fouvent envoyé fes nonces, afin de les attirer plus promptement. Ils ajoutoient, que le reste étoit affez amplement exposé dans la bulle du faint pere, dans fes lettres à l'empereur, & dans d'autres qu'on lui avoit communiquées. IV. L'empereur répondit à cet écrit, qu'il approuvoit fort le deffein du pape, dont fes deux non- Réponse de ces l'avoient informé; qu'il leur proteftoit qu'il l'empereur feroit toujours dans l'obéiffance & dans le respect à ces dequ'il devoit au faint fiège, & qu'il rendroit en mandes. cette occafion tous les bons offices qu'on pou- Pallavicin. voit efperer de lui. Qu'à l'égard des princes Ca- ut sup. c. 2.' tholiques, il croyoit qu'ils n'avoient pas befoin 2. 4. de nouvelles exhortations pour être attirez au concile. Quant aux Proteftans, il leur dit, que ces princes avoient déja été informez de la ré- mend.ut fup. A 2 folu Gratiani in vita Com folution que le pipe avoit prife de convoquer le AN. 1561. concile, qu'ils avoient d'abord réfolu de s'affembler eux-mêmes, pour conférer ensemble de leurs affaires, & qu'ils devoient fe rendre le quatorziéme jour de Janvier à Naümbourg dans la Mifnie; que comme il paroiffoit qu'ils ne voudroint point confentir au concile qu'à certaines conditions très-dures, que les nonces n'ignoroient pas, il leur confeilloit d'aller trouver ces princes affemblez, de les exhorter tous en général, & de reconnoître ce qu'il y avoit à espérer de chacun en particulier, de fe fouvenir fur-tout qu'il falloit agir avec douceur & avec adreffe, de peur d'aigrir par une févérité indifcrete des efprits qui n'étoient déja que trop révoltez. Il les affura qu'il envoyeroit des gens capables de les fervir dans les occafions; & il leur conseilla de partir en diligence, parce que le tems de la conférence de Naumbourg approchoit, & qu'elle devoit être terminée en peu de jours. Il leur recommanda de voir en paffant le prince Ferdinand fon fils, qui étoit à Prague, qui leur donneroit des nouvelles certaines fur lefquelles ils pourroient fe règler; & les pria de l'informer promptement de la réponse des princes, afin de prendre les mefures convenables pour conduire l'affaire à un hureureux fuccès, & procurer l'avantage de la religion. Commendon n'étoit pas d'avis qu'on entreprît ce voyage; il prévoyoit qu'il ne feroit pas aifé d'aborder ces princes, & de traiter avec eux en particulier pendant qu'ils feroient affemblez. Il fçavoit que le feul moyen de les réduire étoit de les défunir, ce qu'il etoit impoffible de faire dans une a ffemblée où ils étoient tous liguez pour des interêts communs, & dans laquelle ils ne fe propɔfoient que le même but, néanmoins les confeils de l'empereur & les bonnes intentions du ΓΟΙ parti erext deva ecom roi de Bohéme fon fils, les déterminerent à par- Outre ce qui étoit contenu dans la réponse par A 3 qua mois V. Les nonces Vienne pour fe rendre Naüm bourg. De Thom, rita Commend. 1. 2. 6. 2. mois de Janvier, dans une faifon fort incommoAN. 1561. de. Les princes qui y êtoient tous aflemblez, à l'exception de Jean-Frederic de Saxe duc de Weymar, qui en étoit parti, n'envoyerent point au devant d'eux, & ne leur rendirent aucun devoir d'hofpitalité, ni même de civilité. Après avoir paffe deux jours pour connoître la fituation des affaires, ils envoyerent demander une audience particuliere au comte palatin du Rhin & au duc de Saxe, tous deux électeurs; mais la réponse qu'ils en reçurent, fut qu'étant affemblez pour des interêts communs, ils ne pouvoient rien réfoudre en particulier; qu'ils rapporteroient la chofe dans leur affemblée, & qu'ils feroient fçavoir aux nonces ce qu'on y auroit arrêté: cela dura jufqu'au quatriéme de Février. Ce jour on leur fit dire que le lendemain on leur accorderoit une audience publique dans l'affemblée, & qu'ils y feroient entendus. Les deux nonces delibérérent quelque tems s'ils accepteroient cette audience publique; mais craignant de n'être pas reçus des autres princes d'Allemagne, s'ils avoient négligé de traiter avec ceux-ci, ils ne jugerent pas à propos de refufer le parti qu'on leur propofoit. VI. blez, les écoutent publique Ainfi le matin cinquiéme de Février, le PalaLes Prote- tin & l'électeur de Saxe envoyerent quatre de ftans qui y leurs confeillers avec une compagnie des gardes, font affem pour conduire les nonces dans le lieu de l'affemblée. Ils monterent dans le caroffe qu'on leur avoit préparé; mais les confeillers ne voulurent pas s'y mettre, & marcherent devant à pied. Quand ils furent arrivez, on les introduifit dans une falle affez petite, & où il y avoit un poële, felon la coûtume du pays, où fe trouvoient les princes, leurs enfans, les fecretaires, & les chanceliers, & quelques autres perfonnes de refup.l.2.6.2. marque. Les nonces ne reçurent d'abord aucun ment. Pallavicin. ibid. c. 2. 21.10. Gratiani ut témoi |