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-de & l'oppreffion des ames, parce que, fuivant AN. 1561. le précepte du ceremonial Romain, lés évêques feulement, les abbez, & tous les prélats obligez de venir au fynode, fuivant la forme du ferment qu'ils font, lorfqu'ils font elevez aux dignitez, y peuvent intervenir & y foufcrire; & que les ecclefiaftiques inferieurs & les princes feculiers y affiftent pour prendre confeil, & non pour y déliberer ni rien réfoudre. Il ajoûtoit, que delà il arrivoit, non-feulement que ceux que des erreurs groffieres & injurieufes à Dieu avoient obligez de fe feparer de l'églife Romaine, n'étoient pas entendus, contre ce qui avoit été promis d'abord par Paul III, mais auffi que plufieurs, même entre les plus habiles docteurs de cette églife, n'étoient pas reçus à dire leur avis; la liberté dont dépendoit l'union qu'on vouloit retablir ayant été entierement ôtée, & la porte ayant été ouverte à une divifion qu'on ne pourroit jamais retrancher de la maifon de Dieu.

12.

XLVII.

Ces motifs déterminerent le pape à envoyer Canobio des nonces à tous les princes. Canobio fut enenvoyé par voyé à la cour de l'empereur, en apparence pour le pape à porter la rofe d'or à la reine de Bohême; mais l'empereur. en effet pour traiter avec l'empereur de plufieurs Fallavicin. chofes differentes. Il étoit chargé de faire à Ferut fup.l. 15. dinand & au duc de Baviere les excufes du pape, c. 9. n. 1.& fur ce qu'il avoit traité les Caraffes dans toutes les rigueurs de la justice, & de les affurer qu'il n'avoit agi avec cette dureté apparente, que parce que fa confcience l'empêchoit d'agir autrement; mais la principale de fes inftructions concernoit le concile. Etant arrivé à Vienne, il expofa que le pape avoit déja à Trente deux de fes legats, Gonzague & Seripante, qu'il y avoit de grands préparatifs pour l'ouverture du concile, & que fa fainteté prioit inftamment l'empereur de faire tenir tous prêts les évêques d'Allemagne

pour

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pour faire le voyage de Trente, auffi-tôt que le
concile pourroit être commencé.

AN. 1561,
Mais comme le nonce Canobio n'ignoroit pas
que l'empereur auroit bien fouhaité que le pape
fut intervenu avec fon confiftoire pour la tenue
du concile, il dit à ce prince, que le pape étoit
toujours porté à le favorifer dans fes demandes,
qu'il auroit voulu même aller au-devant; mais
qu'il le prioit de confiderer que ce qu'il défiroit
dans cette occafion ne pouvoit s'executer, par-
ce que les matieres n'étoient pas encore affez di-
gerées; mais que le pape fouhaitoit d'avoir une
entrevue avec fa majefté imperiale à Boulogne,
pour regler ensemble d'un commun accord
ce qui feroit expedient pour avancer cette affaire.

Canobio ajoûta, que comme l'ambaffadeur de fa majefté à Rome avoit marqué qu'elle attendoit quelque réponse du pape, Pie IV. l'avoit chargé de fçavoir quelles étoient fes intentions, & que cependant comme c'étoit la coûtume d'appeller au concile l'empereur des Grecs, & les princes de cette nation, on laiffoit le choix à l'empereur d'envoyer pour les y inviter, ou le nonce Commendon, qui étoit actuellement à Lubec, ou Delfino.

XLVIII.

Réponse de

à cet en

Ferdinand répondit, qu'il n'étoit pas poffible de faire partir les évêques d'Allemagne, parce que l'empereur les nonces étoient bien informez combien ce départ feroit dangereux, à moins qu'en même tems voyé, ils n'atiraffent les Proteftans au concile, ou qu'on Pallavic.ib. ne fçût reprimer leurs violences, à quoi il pen- c. 9.n. 3. foit. Il ajouta que la réponse qu'il attendoit du pape concernoit l'affemblée de Naumbourg: il ne parla point de l'entrevûë que Pie IV.efperoit avoir avec lui à Boulogne: il loua le deffein qu'il avoit d'inviter le duc de Mofcovie & le roi de Pologne au concile; mais il ajouta qu'il laiffoit à la prudence d'Hofius & de Canobio, à choi

C 2

fir

AN. 1561.

XLIX.

Canolio

d'aller en Mofcovie.

Pallavicin

fir celui qui devoit être envoyé vers ces princes. La commiffion en fut donnée à Canobio meme; il fut trés-bien reçu du roi de Pologne, qui lui promit d'envoyer les ambaffadeurs & les évêva trouver ques au concile, mais il diffuada le nonce de pafle roi de Po- fer en Mofcovie, parce que la guerre étoit forteloyne qui ment allumée pour lors entre les Polonoîs & les le difluade Mofcovites, & qu'il n'y auroit aucune fûreté pour fa perfonne parmi ces peuples fchifmatiques, qui étoient les ennemis déclarez de l'église latine, & qui ne vouloient avoir aucun commerce avec stt fuprà c. 9. l'empereur, ni avec tout autre prince, non plus qu'avec leurs ambaffadeurs. Sigifmond Augufte donna à Canobio des lettres de recommandation pour le duc de Pruffe, qui étoit grand maître de l'ordre Teutonique, pour l'engager à favorifer le concile; mais le nonce n'en fut pas reçu favorablement. Ce prince lui répondit que fa confcience l'avoit obligé d'embraffer la confeffion d'Ausbourg, & que ne reconnoiffant aucune dignité fouveraine dans le pontife Romain, il ne lui étoit pas permis de confentir à un concile qu'il auroit convoqué.

71.4.

De Thon, 1.26,

L.

voye un

Suiffes.

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Pallav. hif. conc. Trid. l.

Le pape envoya auffi vers les Suiffes qui teLe pape en- noient leur diéte à Baden proche Zurich, Jean Antoine Vulpi évêque de Côme. Ce nonce fut nonce aux fi bien reçu, que l'on dit que quand il présenta le bref du pape, un des bourgmestres de Zurich le prit & le baifa. Cette action, ajoute-t'on, fit tant de plaifir au pape, qu'il la raconta luimême aux ambaffadeurs qui réfidoient à Rome. La propofition du Concile ayant été mise en Fra-Polo deliberation dans cette diéte, n'y fut pas égahift. du conc. lement reçue. Les curateurs des cinq cantons hérétiques apporterent differentes excufes pour refufer de fe rendre aux désirs du pape : les uns dirent que n'ayant reçu aucunes inftructions fur ce fujet, ils ne vouloient rien déterminer de

15.c. 9. n.

8. fub. fin.

de Trente l.

5.P.423.

leur

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leur chef: d'autres dirent qu'ils ne fçavoient pas
fi les princes y donneroient leur confentement. AN. 1561,
Enfin les derniers parlant plus clairement, dirent
que faifant profeffion d'une autre religion, ils ne
pouvoient accepter ce qui venoit de Rome; mais
les huit autres cantons, dont fept font catholi-
ques, & un mixte, promirent d'envoyer leurs
députez au concile & d'obéir à fes décrets.

LI

Commen

don va à

Aix-la

Chapelle & aillenrs.

7.1.3.& 4.

Gratiani

Pendant que le nonce Commendon attendoit la réponse de l'empereur touchant le fauf-conduit que ce prince efperoit obtenir du roi de Dannemarc, pour fe rendre dans fes états & l'invi- Liége, à ter au concile; il alla chez l'évêque de Liége, qui étoit oncle du marquis de Bergh, & que fa vertu rendoit encore plus recommandable que fa no- Pallav. ut bleffe. Ce prélat accepta la propofition du con- fup.l. 15.6. cile avec beaucoup de joye; & quoiqu'il fut accablé d'infirmitez & d'une conftitution très-foible, le nonce ne pouvoit fe laffer d'admirer fon vita Comzéle, & fes travaux exceffifs dans le gouvernement de fon diocefe. Il fe rendit à Aix-la-Chapelle, & y fut édifié de la conduite des citoyens, qui avoient banni de leur ville plus de cinq cens perfonnes pour caufe d'héréfie,& fait un reglement pour défendre d'élire aucun magiftrat, qu'aupa ravant il n'eût fait ferment de vouloir vivre & mourir dans la religion catholique. Il leur remit les lettres du pape; & tous promirent une entiere obéïffance au concile & à fes décrets, de même qu'au pape auquel ils feroient toujours parfaitement foumis.

mend. l. 20

6.40

LII.

Il revient

Mais Commendon fignala encore plus fon zele pour la religion, lorfqu'ayant été obligé de retourner en Flandres, il s'acquit la confiance de Marguerite d'Autriche ducheffe de Parme, fille naturelle de Charles V. gouvernante des PaysBas, & du cardinai Granvelle que Philippe II. dinal Granavoit donné à cette princeffe pour être fon prevellc..

C. 3

mier

en Flandresy voir la gouvernante & le car

--

Pallav, ib. 6.7.1.5.

mier confeiller. Ce prélat avoit un efprit excel AN. 1561, lent & fort orné, outre un grand zele pour maintenir la religion dans toute fa pureté, & pour infpirer aux peuples une entiere foumiflion à leur fouverain. Commendon eut de frequentes con<< verfations avec lui fur les moyens d'affermir la foi, & de la défendre des diverfes herefies qui l'attaquoient dans plufieurs parties confiderables de l'Europe, & ils eurent fouvent occafion de fe faire connoître mutuellement la beauté & la folidité de leur efprit. On voulut auffi le diffuader d'aller en Dannemarc. La gouvernante & Granvelle qui vouloient l'en détourner, lui reprefenterent le roi de cet état, comme un prince peu favorable à la cour de Rome, & capable de faire infulte à la dignité du fouverain pontife, & lui confeillerent de lui envoyer feulement la lettre du pape. Mais Commendon répondit que quand le fouverain commande, fon miniftre ne doit pas déliberer pour obtir; & que le pape préferoit la charité à fa dignité. Dans cet intervalle jufqu'à fon départ, il fe rendit à Louvain pour ap paifer les differends que l'affaire de Michel Baius commençoit à caufer parmi les théologiens de cette univerfité, & dont on a déja parlé dans l'année précedente.

LIII.!

Bref du pape à Granvelle fur

Paffaire de

Baïus.

Baiana five 2. pars operum Baii p. 35. 194.

Ex litt. car.
Granville

Le cardinal Granvelle avoit écrit au pape Pie IV. au commencement de cette année, pour lui demander la permiffion d'impofer filence aux parties, le pape lui accorda volontiers ce qu'il demandoit, & lui en expedia un bref, afin qu'il eût plus d'autorité pour agir. De Granvelle, avant que de faire ufage de ce bref, envoya chercher Baius & Heffelius, qu'il mit tous deux dans fon confeil, & leur affigna une penfion confiderable. Les ayant attachez par-là à fa perfonne, il leur parla des conteftations prefentes, & exigea d'eux toute la foumiffion poffible pour le

juge.

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