du roi de Suede. Gratiani in vita Com mend l. 2. c. 4. Epift. regis Commend. Lubec, pour attendre un paffeport du roi de Sue'AN. 1561. de: mais ce prince étant prêt à paffer en Angle qu'il reçoit terre avec une grande flotte, fondé fur la vaine efperance d'époufer la reine Elifabeth, fe contenta d'écrire le vingt-quatriéme d'Août au nonce, en le traitant de pere, de reverendiffime feigneur, & de légat du pontife Romain. Ce prince avoit cependant été élevé dans la doctrine des Lutheriens, & il affectoit de paroître attache à celle des Calviniftes pour plaire à la princeffe, qu'il regardoit déja comme fon époufe. Il s'excufa fur le voyage qu'il étoit prêt de faire au premier vent favorable, & manda au nonce qu'il le recevroit avec honneur, & qu'il l'écouteroit avec plaifir, s'il vouloit paffer la mer, & le venir trouver en Angleterre qu'il n'avoit befoin de fauf-conduit ni de paffeport, la dignité de legat faifant toute fa fûreté: que cependant, comme il le fouhaitoit, il lui en envoyoit un par le courier. Cette nouvelle obligea le nonce de retourner en Flandres, dans le deffein de s'y embarquer pour l'Angleterre, auffi-tôt qu'il feroit informé de l'arrivée du roi dans ce royaume. Cependant il fentoit bien qu'il ne feroit peut-être pas en fon pouvoir de l'y fuivre, & il doutoit que la reine voulut lui permet-. tre d'y entrer, quoique ce ne fut que pour conferer avec un roi étranger. Il demeura quelques mois en Flandres, & le roi de Suede s'étant embarqué trois fois inutilement, à caufe du vent contraire, fut contraint de penser à faire le voyage par terre. LX. Projets da roi de Dan nemarc, qui ne font P:s executez. Dans cet intervalle, Commendon apprit une nouvelle qui lui caufa beaucoup d'inquiétude, à caufe du dommage que la religion pouvoit en fouffrir. C'étoit que Frederic II. roi de Dannemarc penfoit à époufer Marie reine douairiere d'Ecoffe, & le bruit couroit qu'il devoit tenter de faire revivre le droit que cette princesse avoit au au royaume d'Angleterre, & de ne rien omettre de ce qui pouvoit la mettre en état d'en joüir. An. 1561, LXI. Commen don revient. en Flandres & reçoit ordre de s'en retour nerà Rome. Pallavicin. ibid. ut fup. Gratiani loco citat. Litt. Bor Commendon perdant l'efperance de joindre le roi de Suede, partit de Lubec, & deux jours apres il arriva à Hambourg, ville imperiale & hanfeatiqu d'Allemagne, dans la bafle Saxe fur P'Elbe. If alla enfuite à Brême où il paffa le Wefer, un des beaux fleuves d'Allemagne; il traverfa la Hollande, la Frife & la Weftphalie, & il s'arrêta à Bruxelles, où il reçut des lettres du pape, par lesquelles fa fainteté approuvoit le deffein qu'il avoit eu d'abandonner l'ambaffade de Suede, lui ordonnoit de retourner en Italie & de voir en paffant les princes & les évêques qui font aux environs du Rhin, pour les preffer de fe trouver au concile, ou d'y envoyer quel rom. ad qu'un de leur part. Il executa fort promptement Commend, ces ordres qu'il avoit reçus, il alla à Nancy voir 25. Octob. le jeune duc de Lorraine, où il trouva le cardi- quibus refnal de ce nom, avec lequel il s'entretint de beau- pondit hie coup d'affaires qui concernoient la religion, tant 18. Nov. en France qu'en Ecoffe. Il fut à Tréves, où il 1561. confera avec l'archevêque électeur, de-là il s'embarqua fur la Mofelle, & defcendant jufqu'au Rhin, il arriva à Affembourg, où étoit alors l'archevêque de Mayence, le premier & le plus confi derable de tous les électeurs. Mais il fit très peu de progrès chez les Proteftans, & quoiqu'il fe domat beaucoup de peines, & qu'il effuiat bien AN. 1561. LXII Vaudois dans les montagnes du Dau la Savoye. Petr, de Vaucernay, in hift Alligenf. Boffuet, hift, des Variat. L. 11. art. 71. & fui. des fatigues, il n'en avança gueres davantage de ce côté-là les affaires du concile. Pie IV. informé de ces mauvais fuccès, en conçut beaucoup de chagrin: mais ce qu'il apprit des Vaudois qui s'étoient répandus dans le voitinage de l'Italie, augmenta encore plus la vivacité de fa douleur. Il faut reprendre cette afphiné & de faire de plus haut. Sur la fin du douziéme fiecle un riche marchand de Lion nommé Pierre Valdo, ou de Vaud, Dauphinois, fe fit fuivre par un grand nombre de pauvres, aufquels il faifoit des aumônes confiderables; ce qui leur fit donner le nom de Pauvres de Lyon. Un faux zéle le fit tomber dans l'herefie, il foutenoit que fes difriples avoient le même pouvoir que les prêtres, de confacrer & d'adminiftrer les facremens. Ses erreurs le firent chaffer de Lyon, où il avoit gar dé quelque retenne; mais depuis il n'obferva ni mefures ni bienféance, & foula aux pieds tout ce que la religion a de plus faint. Après avoir choifi pour azile les montagnes du Dauphiné & de la Savoye, ces hérétiques fe retirerent dans les vallées du Mont-Cenis, de Luzerne, d'Angrogne, de la Peroufe, & de Freiffinieres, où leur mauvaise doctrine jetta de fi profondes racines, qu'on n'a pu l'en arracher. Les premiers de ces herétiques furent condamnez par le pape Luce III. en 1182. Ils demanderent à Rome en 1212. l'approbation de leur doctrine, qui leur fut refufée par Innocent III. & trois ans après, ils furent notez dans le concile de Latran IV. comme sattribuant l'autorité de prêcher fans iniffion. LXIII. . Ce ne fut donc que dans la fuíte qu'ils embraf Le duc de ferent la doctrine des Calvinistes, lorfqu'elle ent Savoye été introduite dans Geneve; ils la recurent volontai commence rement; & la France ayant fait la conquête de leur à leur faire pays immédiatement après, les affujettit au confeil la guerre. de de Turin, qui prenoit le nom de fenat, & qui leur par y 0 LXIV. prefenter Peu de tems après Philibert de Savoye comte yen duc, à la yen que de l'affurer de l'innocence de ces peuAN. 1561. ples, que pour cela ils avoient employé leurs foins pour lui faire préfenter une requête par Charles comte de Luzerne, laquelle contenoit les articles de leur confeffion de foi; mais qu'ils ne fçavoient pas fi elle avoit été reçue: Qu'ils le prioient donc de vouloir faire la même grace à des malheureux, de forte qu'ils lui donnerent trois requêtes; la premiere, pour être préfentée au prince; la feconde à Marguerite fon époufe, dont ils espe roient beaucoup ; & la troifiéme au fenat, Ces requêtes furent reçues, & l'affaire mife en déliberation dans le confeil du prince, le même comte de Raconis retourna vers eux, & leur dit, que leur confeffron de foi avoit été envoyée à Rome, & qu'on attendoit bien-tôt la réponse. LXV. Ares. Le duc avoit deffein d'établir une difpute pu Le pape re- blique de quelques docteurs Catholiques d'une part, -fufe une & des plus habiles miniftres de l'autre : mais difpute pucomme il ne vouloit rien faire en cela fans l'ablique avec vis du pape, ni fans fon confentement, il lui leurs mini- en fit parler, en lui envoyant la confeffion de foi. Mais le pape qui craignoit que s'il confentoit à ce que le duc lui faifoit propofer, les au tres princesCatholiques qui avoiont des Lutheriens ou des Calviniftes dans leurs états, ne deman daffent la même chofe, ou même n'entrepriffent de le faire fans l'avoir confulté, voyant qu'on l'avoit accordé à d'autres, répondit qu'il ne falloit ni difpute ni conference; que fi les peuples des Vallées avoient befoin d'inftructions, il leur envoyeroit un nonce & des theologiens capables' de leur enfeigner la verité, & de les réconcilier à l'èglife, s'ils trouvoient de la docilité; mais qu'il n'y avoit pas beaucoup à efperer de ces habitans, tant à caufe de leur opiniâtreté, que parce qu'ils étoient prévenus qu'on n'employoit la dou-ceur à leur égard que quand on manquoit de force Pour |