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témoignage d'amitié ni même de politeffe, on
ne leur préfenta point la main, on les laiffa quel- AN. 1561.
que tems debout & découverts. Les deux pre.
miers électeurs étoient aflis fur un petit fiége:
après eux un peu plus loin étoit l'ambaffadeur de
Pélecteur de Brandebourg & tous les autres
ambaffadeurs de fuite, chacun felon fon rang
fur differens fiéges. Les nonces leur rendirent
les lettres du pape, & des copies de la bulle pour
la convocation du concile. Quand ils eurent don-
né ces lettres, & qu'ils fe furent affis, le nonce
Delfino commença le premier à parler.

VII.

du nonce

Il rapporta en peu de mots ce qui étoit contenu dans la bulle, & les motifs qui engageoient Difcours le pape à affembler le concile. Il ajoûta, que Pie IV, avoit toujous cheri d'une maniere parti- Delfino à culiere la nation Allemande, & qu'il avoit toû cette diéte : jours été animé du defir d'y voir régner la con- Pallavicin. corde & la tranquillité ; que c'étoit dans cette 4 15. 6. 3. vue qu'il y envoyoit deux nonces pour exhor- ». 1. ter, pour prier, pour folliciter les princes y à travailler; que le deffein du concile étoit de traiter les chofes dans un esprit de paix avec beau, coup de douceur & de charité; que toute fon application feroit d'approuver ce qui mérite approbation, & de condamner ce qui eft condamnable, pour ôter le fchifme qui duroit depuis fi long-tems dans l'églife, & réduire tout à l'unité. Qu'il étoit donc de l'intérêt des princes du faint empire, de faire réüffir une si bonne œuvre, en envoyant au concile leurs procureurs, à qui le pape étoit prêt d'accorder toutes le fûretez qu'on -pourroit exiger, & un fauf conduit en bonne forme, afin d'appaifer des difcordes qui depuis fi long-tems divifoient les princes établir une même foi, & rendre à l'églife fon premier éclat. Quand Delfino eut fini fon difcours, Commendon prit la parole, & représenta aux princes Autre dif

A 4

VIII.

que

cours de

Cominandon à la

femblée.

Pallavicin.

que le tems étoit favorable pour la célébration

AN. 1561. du concile, puifque la paix venoit d'être conclue entre la France & l'Espagne. Que Dieu avoit donné à fon églife un fouverain pontife, qui metmême af- toit tous fes foins & toutes fes penfees à réta blir le culte divin, & à remettre la religion dans fa pureté. Que fi par la négligence des prélats, il s'étoit gliffé quelques abus dans les cérémonies publiques, qui fuffent contraires à la dignité de la foi chrétienne, il étoit dans la réfolution de les abolir. Que pour ce qui concernoit le relâchement & le déréglement des mœurs, il prédon 127 tendoit les corriger & les réduire aux formes de

nti fup. c. 3.

n. 2.

Fléchier vie

de Commen

& fuiv.

la difcipline ancienne. Que tous les Chrétiens devoient fe réjouir de la célébration d'un concile, qui rétabliroit la foi & la pieté des fiécles paffez. Que ceux même qui fe trouvoient engagez dans les opinions nouvelles, ou par leurs propres erreurs, ou par les perfuafions de quel ques docteurs qui donnoient trop à leur fens, & qui abufoient des faintes écritures, devoient en étre fatisfaits. Que le falut des hommes dépend de la foi & des fentimens qu'ils ont de la divini té; que cette foi ne peut être veritable fi elle n'eft une, qu'elle ne doit pas être reglée par les paffions & par les caprices de quelques particu liers; mais par le confentement univerfel de l'é glife, fondé fur la révelation des écritures: & que la verité ne peut être mieux recherchée ni mieux expliquée que dans une affemblée géné rale, où fe devoient trouver les plus fçavans & tes plus faints perfonnages de l'Europe, qui n'entreprendroient rien qu'après avoir imploré le fecours du ciel, par des prieres & par des facrifices; & qui n'agiroient que par le principe de leur confcience, & par les mouvemens interieurs du Sains-Efprit.

Il ajoûta, qu'il ne falloit point differér les remédes

médes, puifque les maux étoient preffans: que les affaires prenoient un cours très-dangereux, AN. 1561– depuis que les auteurs des nouveautez le donnoient la liberté de dépraver & d'expliquer felon leur fens les inftructions & les préceptes de l'évangile, & que s'infinuant dans les efprits des -peuples groffiers, ils fe foutenoient par la faveur & par la force de la multitude. Que par ce moyen ils ébranloient les fondemens de la religion, & qu'affoibliffant ainfi l'autorité des loix & des coûtumes de l'églife, ils donnoient lieu à des défordres dont on avoit déja fait de très fâcheufes expériences. Que la religion n'étant pas une invention des hommes, mais une inftitution de Dieu même, on ne pouvoit y toucher, en rien retrancher, y rien accommoder à fon fens particulier, fans fe rendre devant Dieu coupabledu plus grand de tous les crimes, & fans tomber dans l'aveuglement, dans l'impieté & dans la revolte. Que s'il étoit permis à chacun d'interpréter les livres facrez felon fon efprit, & de croire fes penfées véritables, il y auroit autant de fentimens differens que de perfonnes.

Il leur rapporta enfuite des exemples des premiers fiécles, & leur repréfenta que les faints qui nous ont enfeigné les veritez qu'ils avoient apprifes de Dieu même, & qui ont répandu leus Lang pour les confirmer, étoient fi éloignez de cet orgueil, que dans les controverfes qui s'éle verent parmi les Chrétiens dans Alexandrie fur le fujet des loix de Moyfe, faint Paul & faint Barnabé n'oferent rien déterminer: mais qu'ils allerent à Jerufalem, qu'ils rapporterent la chofe dans le concile des Apôtres, & qu'ils s'arrêterent à leurs décifions Que de-là venoit la foi folide & uniforme des Chretiens, au lieu que cele des autres étoit toûjours foible & toûjours changeante. Que le culte de Dieu fondé fur des prin

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cipes

cipes immuables, fe fortifie par la longueur des AN. 1561. fiècles, au lieu que les inventions des hommes qui ne font fondées que fur le caprice, fe diffipent avec le tems. Que dans ces excès de licence il étoit impoflible de donner des bornes à la témérité & à l'orgueil humain, qui ne craignoit point de fe plonger dans les abîmes de l'impieté, & qu'on pouvoit croire que ceux qui alloient impunement d'erreur en erreur, & qui s'attachoient à toutes les nouveautez, après avoir fouvent changé de religion, dans peu de tems n'en auroient aucune. Qu'il falloit donc mettre ordre à ces divifions, & empêcher que cette contagion ne fe répandît & ne s'attachất à toutes les parties de la Chrétienté; que le ciel étoit irrité, & que l'Europe alloit fe partager en plufieurs fectes, contraires les unes aux autres, pendant que le Turc, cet ennemi irréconciliable du nom chrétien, enflé de fa puiffance, & de notre malheureuse défunion, menaçoit de ruiner nos plus belles provinces. Qu'ils étoient donc priez d'envoyer leurs ambaffadeurs au concile pour propofer leurs doutes, & les fujets qu'ils avoient de faire fchifme, & de fe féparer de nous.

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Pendant les difcours des deux nonces, plufieurs des princes marquoient fur des tablettes le précis de ce qu'ils avoient dit; & ces difcours étant finis, les mêmes princes après s'être entretenus quelque tems entr'eux à voix baffe, ordonnerent au chancelier de l'électeur Palatin de répondre: il le fit en peu de mots.,, Les illuftres ,, princes, leur dit-il, ont entendu ce que vous venez de leur expofer au nom du pontife Romain: & parce qu'il s'agit d'une affaire difficile, ils ne veulent rien definir pour le préfent ils s'affembleront, enfuite ils répondront; ils feroient pourtant bien-aifes que vous leur donnafliez par écrit ce que vous avez dit."

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'A quoi

A quoi les nonces repliquerent, qu'on connoiffoit affez par la bulle du faint pere, & par 1 les AN, 1561. lettres qu'il écrivoit à l empereur, quelles étoient •fes intentions; que d'ailleurs ils avoient ordre de ne rien laiffer par écrit. Les princes après avoir parlé bas entr'eux, y confentirent, & congé dierent honnêtement les nonces, avec la même fuite & le même équipage avec lequel ils étoient >venus. Un quart d'heure après ils virent arriver à leur logis trois confeillers des princes pour - leur rendre les lettres que le pape écrivoit à leurs - maîtres. Les princes, leur dirent-ils, dans le peu de tems que vous avez été avec eux, n'ont pas pris garde à ces paroles, des lettres du pape, à notre fils bien aimé, parce qu'el les étoient fous une enveloppe. Mais infor ,, mez que le pontife Romain les appelle fes fils, ils n'ont point de réponse à faire aux chofes que vous leur avez propofées, Commendon leur dit, que fa fainteté les traitoit comme elle navoit coûtume de traiter tous les princes Chrétiens, fuivant la coûtume conftamment obfervée par fes prédéceffeurs Mais les envoyez fans faire aucune attention à cette réponse, laifferent fur la table les lettres du pape avec la bulle pour la convocation du concile, & fe retirerent.

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"

L

X.

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Les nonces jugerent difement par toute cette Difcours -conduire que leur négociation n'auroit aucun outrageux fuccès puifqu'on refufoit de voir les lettres du des Prote -pape qui contenoient leurs lettres de créance. ftans aux Cependant deux jours après, le feptiéme de Fé- deux nonvrier, ils furent vifitez par dix confeillers des ces. princes, accompagnez de beaucoup de Prote- Pallavicin. ftans. Un d'entr'eux nommé Gregoire Craco- ibid. c. 4. vius, homme fçavant, & confident de l'électeur n.5. de Saxe, leur fit un long difcours, où il dit en Gratiani in fubftance, que les princes ne doutoient point vita Comqu'il n'y eût dans toutes les nations des hommes mend. 1. 2.

A 6

de c. 3.

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