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reçuë. Mais il fçait auffi bien que moi que les ouvrages des hommes fe fentent toujours de l'humanité, & que la perfection ne confifte point à ne pas faire de fautes, mais à n'en pas commettre volontairement, & à convenir de celles qui font échappées malgré foi.

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Auffi en eft-il convaincu lui-même, Pag. 25, puifqu'il avoue dans fa réponse à M. Bourgeois, « qu'en faveur de la jeu- «< neffe, il a fait faire plufieurs cartons, «<< de fon plein gré & à fes frais, fuivant «e les confeils d'un pieux & favant Pro- «< feffeur de l'Univerfité. » Et il eft certain que ces cartons étoient néceffaires, furtout pour fupprimer ou expliquer certaines notes où la pudeur ne paroiffoit pas affez ménagée, ou dans lefquelles on croyoit voir des portraits trop fatyriques, un mépris trop marqué pour des Ecrivains eftimables, des applications trop perfonnelles. Dans une nouvelle édition l'on pourroit, fans craindre de pouffer le fcrupule trop loin, fupprimer encore bien des notes abfolument inutiles à l'intelligence de Virgile. L'Auteur a trop de goût pour 1bid. s'appuyer, comme il fait dans fa réponse à M. Bourgeois, de l'autorité

des Commentateurs qu'il cite: conbien de fois n'a t'il pas condamné luimême ce vain étalage d'érudition qui groffit, fans utilité pour les lecteurs, les notes de M. Dacier fur Horace celles de Madame Dacier fur Home& tant d'autres commentaires où l'efprit & le goût ont rarement préfidé!

Je pense auffi qu'avant de s'autorifer de l'édition de Virgile donnée par Pancracius Mafvicius, M. l'Abbé des Fontaines n'auroit pas mal fait de lire la differtation Latine de Pierre Burman fur cette édition, imprimée dans le huitiéme volume des Mifcellanea obfervationes critica, &c. à Amfterdam) 1737. in-8°. il y auroit appris l'hiftoire de cette édition, & du manuscrit de Virgile qui a, dit-on, appartenu autrefois à la Bibliothéque du Roi de France. Si la cenfure que Burman fait de l'édition de Masvicius eft bien fon-: dée, le nouveau Traducteur n'a pas. eu raifon de déférer toujours à cette édition. Si au contraire cette cenfure. doit être rejettée, comme le nom de M. Burman a quelque poids parmi les Savans, il n'étoit pas, ce femble, hors de propos de réfuter fes raifons en peu

de mots. Car il faut être bien sûr d'un guide pour se fier entiérement à lui furtout lorfque, comme Mafvicius, il s'écarte fi fouvent de la route que les autres ont fuivie.

Après ces obfervations, il convient que j'indique au moins tout ce qui enrichit le Virgile de M. l'Abbé des Fontaines, imprimé en 1743. en plufieurs formes pour contenter tous les goûts. Outre la traduction & les notes, chaque ouvrage du Poëte Latin a ses ornemens particuliers. Avant les Eglogues on trouve deux Difcours, l'un fur la traduction des Poëtes, l'autre fur les Paftorales de Virgile. Dans le premier, l'Auteur combat en faveur des traductions en profe des Poëtes, & contre les traductions en vers. C'eft tantôt un précis, tantôt une extenfion de ce qu'il avoit déja dit fur ce fujet dans la feuille 477. de fes Obfervations fur les Ecrits modernes. Pour moi je crois qu'il auroit défendu avec le même efprit les traductions en vers, s'il avoit adopté ce genre d'écrire; M. le Préfident Bouhier a montré qu'on pouvoit en effet le défendre par des raifons très-fortes. Voyez ce que j'en ai dit dans le troifiéme volume, chapitre

quinziéme. A la fin de ce difcours fur les traductions, M. l'Abbé des Fontaines parle des regles qu'il a fuivies dans la fienne, & qu'il croit qu'on doit fuivre pour faire une bonne traduction d'un Poëte. On a contredit plufieurs de ces regles; & il paroît qu'il y en a en effet quelques-unes qui laiffent une trop grande liberté aux Traducteurs. Le fecond difcours traite moins de la Pastorale en général, que des Paftorales de Virgile, dont l'Auteur montre le caractere & le génie, & qu'il défend contre la critique de l'illuftre M. de Fontenelle. C'eft un écrit qu'il faut ajouter aux autres traités fur l'Eglogue dont j'ai parlé dans le troifiéme volume, & que l'on doit mettre au nombre de ceux qui méritent d'être lûs fur cette matiere.

La quatriéme Eglogue de Virgile a des difficultés qui ont exercé beaucoup de Critiques: je l'ai fait remarquer en fon lieu, & j'ai rendu compte de plufieurs differtations particulieres où ces difficultés font examinées & difcutées & dans lesquelles chacun fuit le fyftême qui lui a paru le plus vraisemblable. A l'exemple de ces Critiqués, M. l'Abbé des Fontaines a compofé une

differtation exprès où il montre deux choses: la premiere, contre le pere Catrou, que l'enfant de la quatriéme Eglogue ne peut être Marcellus: la feconde, que c'eft Drufus. Ce n'eft ni l'un, ni l'autre, felon le favant M. des Vignoles qui a donné fur le même sujet une differtation imprimée dans le tome trente-cinquiéme de la Biblothéque Germanique, & dont j'avois oublié de parler: c'eft, felon ce Savant, un fils de Marcellus & de Julie, fille unique d'Augufte qu'il avoit épousée en 729. Tout s'accorde, felon le nouveau Traducteur, tout eft lié & suivi dans la quatriéme Eglogue, fi on l'entend de Drufus : tout eft clair dans celle-ci, tout s'y explique naturellement & conformément à l'histoire du tems, felon M. des Vignoles, fi Virgile a voulu défigner un fils de Marcellus. Chaque Differtateur tâche de faire quadrer à fon fyftême & la quatriéme Eglogue & les monumens historiques de ce tems-là. C'est beaucoup d'efprit & de conjectures de part & d'autre. On peut fur cela prendre tel parti que l'on jugera plus fondé, ou même n'en prendre aucun.

Il y a plus de raifonnement que

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