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ouvrage n'eft pas moins à l'ufage des Maîtres que des Ecoliers; mais les perfonnes plus avancées s'en pafferont aifément. 3. La Fable de Biblis traduite de la Métamorphofe d'Ovide en vers François, par Michel d'Amboife, à la fuite de fes cent Epigrammes, imprimées à Paris en 1532. in-8°. Cette traduction eft en vers de dix fyllabes, adreffées à Charles de la Rochefoucauld, Seigneur de Combéronde : l'Epître dédicatoire eft en douze vers de même mesure. La traduction finit par ce titre: Fin de la Fable de l'amoureuse Biblis & du chafte Caunus fon frere. 4. Le treiziéme livre des Métamorphofes d'Ovide, mis en vers François, par Raimond & Charles de Maffac, pere & fils, à Paris 1605. à la fuite du poëme fur les Fontaines de Pougues, dont je parle dans ce feptiéme volume.

A

propos des Métamorphofes, peutêtre ferai-je plaifir à quelques lecteurs de rapporter ici ce que l'illuftre M. Warburton dit fur ce fujet dans fon traité de la Divinité de la Miffion de Moife, &c. felon l'extrait qu'en a donDiffert. t. 2. né M. de Silhouete dans fes Differtations fur l'union de la Religion, de la Morale & de la Politique, imprimées. à Londres en 1742.

neuv. differt P. 62. & ful

vantes,

La Métemplycofe, dit M. Warburton, ou fon judicieux Traducteur, étoit une maniere religieufe employée par les anciens, pour expliquer les voies de la Providence. Voyant que celle-ci leur paroiffoit fouvent inégale dans cette vie, & la croyant quelquefois injufte dans cette inégalité (fentiment qui ne doit point furprendre dans des Payens) ils fuppofoient qu'elle devoit être rectifiée dans une autre vie. Mais croyant auffi que cette Providence n'agiffoit pas toujours avec une rigueur égale & pour ainfi dire, réguliere, ni dans cette vie, ni dans l'autre, il étoit naturel de fuppofer qu'elle agiffoit dans les deux par des voies femblables : & comme dans la vie future, fa maniere de punir étoit, felon eux, par la tranfinigration de l'ame, fa maniere en celleci devoit être par la transformation du corps. Cette maniere étoit la même dans les deux cas, à la différence près d'une cérémonie, fuivant la différence des circonftances. L'ame dans le premier cas alloit trouver le corps, & dans le fecond c'étoit le corps qui alloit trouver l'ame. Cette derniere cérémonie s'appelle Métamorphofe, & la premiere étoit nommée Métempsycofe. L'une &

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l'autre faifoient partie de la doctrine populaire concernant la Providence. A mon avis, dit M. Warburton ce qui contribua à entretenir les Payens dans l'idée des Métamorphofes, fut un certain tempérament mélancholique capable de produire les effets les plus furprenans. Il y avoit parmi les anciens une maladie affez commune qui naiffoit de cette difpofition; ils la nommoient Lychantropie. Celui qui en étoit attaqué, s'imaginoit qu'il étoit changé en Loup, ou en quelque autre animal fauvage. On ne doit point être furpris qu'une opinion confacrée par la religion, telle que celle des Métamorphofes, ait eu de fi grans effets fur l'imagination déja malade de perfonnes déchirées par le remords de leurs crimes, & qu'elle leur fit conclure qu'ils étoient devenus l'objet de la vengeance divine.

Ce dérangement de l'imagination qui procédoit du dogme de la Religion fur la Métamorphofe, faifoit à fon tour beaucoup valoir ce dogme en forte que la moindre bagatelle, un nom équivoque, un rien fuffifoient pour en conferver le crédit, & donner fouvent naiffance à des fables particulieres, ou à des embélliffemens inventés après

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coup pour en foutenir le merveilleux. Plufieurs Auteurs graves firent des recueils de Métamorphofes, comme Nicandre, Boëus, Parthenius, Callifthéne, Dorothée & Adrien le Sophifte. On peut juger de la nature de ces recueils par celui d'Antonius Liberalis qui les a copiés ; & c'est de ces fources qu'Ovide a tiré fes matériaux pour en former un poëme d'un plan magnifique & régulier, où il s'eft propole de donner l'hiftoire populaire de la Providence, depuis la création du monde jufqu'au tems où il vivoit, fuivant les hiftoires & les traditions des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs & des Romains. Quoique pour égaïer fon ouvrage, il y ait fouvent mêlé le récit des amours des Dieux, également autorifé en cela par les traditions religieufes, cependant il ne perd jamais de vûë fon objet principal, ayant foin de rappeller fouvent à fes lecteurs, que toutes les punitions dont il parle, font infligées par les Dieux pour fe venget des impies.

Mais jaloux, pour ainfi dire, de la dignité fecrette de fon ouvrage,

il en

a donné lui-même la clef dans le dernier livre, afin que le lecteur intelli

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gent ne fût point expofé à fe méprendre fur le but & le deffein de fon poëme. Comme on croyoit que Pythagore étoit l'Auteur du dognie de la Métempsycose, Ovide fe faifit de cette circonftance pour apprendre à ses lec-: teurs; premierement, que fon poëme eft une hiftoire populaire de la Providence: fecondement, que le dogme de Métemplycofe eft la fource de celui de la Métamorphofe. Et c'est ce qu'il fait en introduifant Pythagore qui enfeigne & qui explique aux Crotoniates le dogme de la tranfmutation des êtres. Ce trait de l'art d'Ovide eft également) juste & beau, & cette conclufion philofophique de fon ouvrage eft entiérement dans le goût de l'antiquité. C'eft, auffi par rapport à ce but, que le Poëte fe promet à lui-même l'immortalité, & qu'il fe vante d'avoir fait un ouvrage que ni le fer, ni le feu, ni la colere de Jupiter, ni la voracité des tems ne pourront détruire. Telles font les réflexions de M. Warburton ; je les crois nouvelles, & d'autant plus dignes d'être connues qu'elles paroiffent folides, & que l'ouvrage qui les contient eft rare en France.

On trouvera auffi des idées neuves

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