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TRADUC

TIONS DES

d'un Collége.» Trois motifs l'engagerent à l'en tirer: fon zéle ardent le Roi dont il faififfoit avec empreffe- POET. LAT. ment l'occafion de faire éclater la gloi- Mov. re; fa reconnoiffance pour les Jéfuites qui avoient pris le foin d'inftruire fa jeuneffe & celle de fes enfans; & enfin l'amitié particuliere que le pere de la Rue avoit pour lui. Sa traduction comme il le dit, n'eft pas fi fidelle qu'il ne fe foit enhardi plus d'une fois à étendre ou à refferrer les penfées de l'Auteur. La raison qu'il en apporte, c'est que les graces des deux langues étant différentes, il a cru à de propos prendre cette liberté, afin, dit-il, que ce qui étoit excellent en Latin, ne devînt pas infupportable en François. Louis XIV. fit un grand accueil à ce poëme; toute la Cour le combla d'éloges : Corneille en fait l'aveu avec fimplicité. Comme je ne fuis, dit-il, que le Traducteur de ce poëme, j'aurois tort d'en tirer vanité. « Mais dans une fi belle <<< occafion de faire valoir la gloire du «< Roi, je n'ai point confidéré la mien- «< ne mon zéle eft plus fort que mon «< ambition; & pourvû que je puiffe fa- ce tisfaire, en quelque forte, aux de- «< voirs d'un fujet fidéle & paffionné,

CG

s'étoit interreffé à tous les maux qui

TRADUC durant la vie avoient pû affliger l'Eu

TIONS DES

POET. LAT. rope :

Mod.

COMMIRE dans fes maux fans allarme pour foi,.

Gémiffoit à ma place & foupiroit pour moi :

Et parlant par la voix du Maître du Parnasse,
Quand même je pleurois, je pleurois a ec grace.
Mais confufe aujourd'hui, fans charmes, fans at-
traits,

Je viers vous annoncer la perte que je fais.

Je gémis comme alors, je me plains, je soupire;
Mais hélas ! ce n'est plus par la voix de Commire.
Plus fenfible à mes maux qu'à fes propres doulcurs,
Lorsqu'il peint vivement les troubles, les horreurs,
Les défordres affreux de cette injufte guerre

Que des Princes jaloux allument fur la terre,

Il meurt las de fouffrir les rigueurs de mon fort,

::

Dégoûté de la vie il fe livre à la mort,

Mais en vain je le pleure, en vain je le regrette,
Pour toucher votre cœur je n'ai plus d'interprette, &c,

C'eft le langage que le pere Ifaac Ber-
ruyer, Jéfuite, fait tenir à l'Europe
dans une Elégie qu'il adreffoit alors au
Pape Clément XI. pour lui annoncer
la mort du pere Commire, & qui a
été mise en vers François par le pere
d'Orival, de la même Société. Ôn a
applaudi à l'éloge que l'Auteur fait des
poefies de fon confrere, lorfqu'il dit:

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On a conservé une partie de ces qua- Mon. lités dans les traductions de plufieurs de fes piéces, que vous trouverez réunies dans l'édition de fes poëfies procurée en 1715. par les foins du pere Sanadon, alors l'un des deux Profeffeurs de Rhétorique au Collége de Louis le Grand. Son Infcription pour la Statue équestre du Roi que M. le Duc de Richelieu a fait dresser à Rüel, a été traduite en forme de ionnet, par le Clerc, de l'Académie Françoife: Sa Defcription des Fontaines de Saint Cloud & fon Théâtre des Nayades, ont été mis en profe par le pere de Saint Pierre, Jéfuite; & en vers, par le pere de Bunou, de la même Société. On ignore le Traducteur de l'ode fur MontLouis, maifon de campagne du pere de la Chaise, aux portes de Paris. Les deux traductions de l'Ode que le peret Commire fit pour engager, mais en vain, le pere Bouhours à méprifer la critique fi folide des Entretiens d'Arifte & d'Eugene, font de Poubeau de Bellechaume, & du pere de la Roche J'éfuite.

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POET. LAT. MOD.

>> il m'importe peu du refte. » TRADUC- Ce poëme parut en 1667. Dans une feconde édition, Corneille ajouta treize vers Latins de M. Parifot, Avocat au Parlement de Touloufe, fur le Canal du Languedoc pour la jonction des deux mers, avec une imitation de cette petite piéce en vers François.

Le poëme où le pere de la Ruë célébre les victoires du Roi fur les Etats de Hollande en l'année 1672. ne faifant pas moins d'honneur à Louis XIV. que le précédent, Corneille le traduifit en vers héroïques, & y ufa des mêmes libertés qu'il avoit cru pouvoir prendre dans la verfion du premier. Les traductions de ces deux poëmes, après avoir paru féparément, & enfuite dans quelques éditions des poëfies du pere de la Rue, ont été réunies en 1738. aux œuvres diverfes de Corneille, raffemblées & publiées par les foins de feu M. l'Abbé Granet l'un des adjoints de M. l'Abbé des Fontaines pour la compofition des Obfervations fur les Ecrits modernes.

Dans ce même recueil, outre quelques traductions de diverfes poëfies de Santeul & autres, dont je vous ai parlé, & d'une ode Latine qui eft peut

être de Corneille lui-même, à la loüan

ge de M. Pelliffon

on y trouve la

TRADUC

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traduction d'une Ode du pere Jean POET. LAT. Lucas, Jéfuite,adreffée au feu Roi fur Mov. fon départ pour l'armée en 1676. Ce Jéfuite n'étoit pas inférieur aux meilleurs Poëtes de fa Société : j'ai vu au moins quelques poëmes de lui qui m'ont paru auffi élégamment écrits que pensés folidement. Mais outre l'Ode traduite par Corneille, je ne connois je ne connois que fon Ode à la Renommée fur la pompe funébre du Prince Ferdinand Evêque de Munster & de Paderborn, qui ait été mise en notre langue. La traduction de Corneille eft en vers ; & celle-ci est en profe: elle parut avec l'Ode Lati ne in-89. à Paris. Le Traducteur ne m'eft point connu. Le pere Lucas mourut à Paris le 3. Janvier 1716. âgé de foixante-dix-huit ans. C'est le même dont je vous ai parlé à l'occafion des ouvrages de M. Charpentier, de l'Académie Françoise, en faveur de notre langue.

Les peres du Cerceau, Sanadon & Vaniere, font plus connus comme Poëtes, que le pere Lucas leur confrere parce qu'ils ont fait un plus grand nombre de poëfies, & que celles-ci ont été

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