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POET. LAT
MOD..

recueillies. On a toujours admiré la TRADUC verfification & la Latinité de ces trois TIONS DES Poëtes; & fans prétendre ni les comparer entr'eux, ni décider en quoi ils peuvent être inférieurs ou fupérieurs les uns aux autres, il fuffit de dire que ceux qui aiment les Mufes Latines liront toujours leurs productions avec plaifir. Car pour ceux qui n'entendent point leur langue, il eft difficile qu'ils puiffent bien connoître leur goût & leur génie par le petit nombre de traductions qui ont été faites de quelquesunes de leurs poëfies. Le pere du Cerceau n'a peut-être pas eu d'autre Traducteur que lui-même. C'est lui du moins qui a mis en vers François le Santeul vengé qu'il avoit fait contre quelques Critiques de mauvaise humeur qui avoient attaqué ce Poëte fur fa Latinité. C'est lui auffi qui ayant fait d'abord en vers Latins l'Enfant prodigue, mit en vers François cette piéce de théâtre, qui représentée plufieurs fois, a toujours fait répandre beaucoup de Préf de fes larmes. Mais le père du Cerceau nous avertit qu'il a traduit cette piéce librement, en y faisant les changemens qu'il a cru ou utiles ou même néceffaires.. Nous n'avons de traduit du pere Sa

poël. Fr.

DES

TIONS
POET, LAT.

nadon que fon Ode vingt-uniéme du livre premier, à M. le Maréchal Duc TRADUCde Villars. Mais nous en avons deux traductions, l'une par M. de Caux, MOD. l'autre par le pere Regnault, Jéfuite: toutes deux réimprimées en 1715. dans le recueil des poëfies du nadon.

pere Sa

Le Prædium rufticum, ou la Métairie de Jacques Vaniere, auffi Jéfuite, & fes autres poëfies, ont trouvé encore plus d'adinirateurs que les Jardins du pere Rapin, & ce qu'il y a de meilleur dans plufieurs des Poëtes de la même Société les plus eftimés. C'eft ce qui faifoit dire à Santeul, après avoir lû les premiers poëmes du pere Vaniere que ce nouveau venu les avoit tous dérangés fur le Parnaffe. Il s'y comprenoit lui-même, & il regardoit le pere Vaniere comme un favori particulier des Mufes. Tout lecteur éclairé en

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juge de même. « Les perfonnes de « Parn. Franç. goût qui poffedent la langue Latine, «< dit M. Titon du Tillet, admirent << non-feulement la beauté & la fécon «< dité du génie du pere Vaniere, la « jufteffe & le naturel avec lefquels il «< peint tous les fujets qu'il traite; mais « encore l'élégance & la pureté de fon <<

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ftyle, dignes du regne d'Augufte, TRADUC- » en quoi il l'emporte prefque fur TIONS DES >>tous nos Poëtes Latins, au juge» ment des meilleurs connoiffeurs. >>

POET. LAT.

MOD.

fe

M. Titon fi capable lui-même de fentir & de goûter les belles chofes ayant eu l'occafion de voir le pere Vaniere à Paris, lorsque ce Poëte y vint en 1730. le pria de permettre qu'on tirât fon buste pour en faire un Médaillon, afin d'être mis en regard avec celui du pere Rapin fur le fameux Parnaffe en bronze que M. Titon luimême a fait exécuter à la gloire des Poëtes Latins & François les plus renommés. Le Vaniere ne put pere refufer à des inftances fi flateufes, & en Poëte reconnoiffant il paya l'honneur qu'on lui faifoit par une belle Epître en vers qu'il adreffa à M. de Caulet, Préfident à mortier au Parlement de Toulouse. C'est un poëme excellent, digne du Parnasse qui y est célébré, & du mérite de celui qui a fait exécuter ce beau monument. Le pere Brumoy a donné une imitation en profe & en vers de cette belle Epitre. Je ne vous en rapporterai que cet endroit où l'Auteur après être convenu que les entrées du Parnaffe font ru

des

des & difficiles; mais qu'en récompen

TIONS DES

fe les retraites les moins connues font TRADUCdélicieuses, dit en paraphrafant les vers POET. LAT. Latins:

Là, de myrtes touffus on trouve des bocages,
Icí, de verds lauriers, ailleurs d'autres ombrages;
Autre part des gazons, des jardins, des ruiffeaux,
Où le Rimeur médite au murmure des eaux;
Tantôt c'eft un rocher, tantôt une prairie:
Dans ce Parnaffe feint tout eft allégorie;
Tout dit que vainement fur ce mont dangereux
De monter on a la manie,

Sans le fecours de l'art, & l'effor du génie :
Mais qu'un efprit guidé par un attrait heureux,
Plus content que les Rois, fçait y combler fes vœux.

Le pere Brumoy en parloit par ex-
périence. Cet heureux attrait l'avoit gui-
dé dès fajeuneffe, l'avoit introduit fur le
Parnaffe, & familiarifé avec les Mufes
Latines & Françoifes. Il connoiffoit
parfaitement leur langage, & il le
par-
loit avec cette pureté, cette élégance,
cette délicateffe qui l'ont fait à fon tour
avoiier des Mufes comme étant un de
leurs premiers difciples entre les mo-
dernes. On en a pour preuves, par rap-
port aux Mufes Latines, fon poëme
fur les Paffions, en douze livres, le poë-
me de l'Art de la Verrerie, en quatre
Tome VII.
M

MOD.

TIONS DES

POET. LAT.

f. 24. P. 287.

livres, & fes cinq Epîtres des Morts. TRADUC- Sa verfification eft noble & fublime. Elle approche cependant davantage, MOD. dans fes deux poëmes, de la mâle Obferv. fur vigueur de Lucrece, que de la toules Ecr. mochante harmonie de Virgile. On fent partout un Auteur plein de ces deux grands Poëtes qu'il a pris pour modéle. Sa Latinité eft pure, & plus Romaine que ne l'est celle de la plûparţ de nos Auteurs Latins d'aujourd'hui, qui laiffent trop voir qu'ils ne font pas Romains. Le Poëte n'eft pas néanmoins fans défauts, & on en a repris quelques-uns. Il emploie quelquefois des expreffions qui ne font pas affez correctes, ou qui ne répondent pas toujours aux idées qu'il y attache. Il y a de petites négligences dans le ftyle, quoique peu fréquentes : quelques-unes de fes idées n'ont pas toute la jufteffe que l'on pouvoit defirer. Mais, dit un Critique affez févere pour en être cru quand il loue certains ouvrages d'efprit, que ces légers défauts font peu de chofe, fi on les compare avec la force des penfées, la variété & la multiplicité des images, la vivacité des defcriptions, la pureté & l'élégance du langage!

Le poëme des paffions interreffe tout

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