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vous ai mené dans un pays qui n'avoie TRADUC- point encore été défriché. J'ai tâché de POET. LAT. Vous en rendre la vue agréable en y se

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Μον.

mant autant de fleurs qu'il m'a été poffible d'en recueillir. Guide fidéle & attentif, j'ai du moins fait tous mes efforts pour ne vous rien laiffer ignorer de ce que votre intention & le plan que je me fuis propofé, demandoient que je vous montraffe. Si j'avois fuivi le goût de certains Critiques, dont vous me parlés, & que je connois, votre voyage eût été moins long, parce que j'aurois fixé votre vue fur moins d'objets, & je fçai que la curiofité, même la plus louable, a néceffairement des bornes. Mais cette curiofité ne reçoit pas quelquefois moins de fatisfaction à examiner d'anciennes ruines qu'à contempler de fuperbes édifices nouvellement conftruits. Les goûts font différens; j'ai fuivi le votre, & je n'ai prefque pris que la peine pour mon par

tage.

Un de ces critiques Obfervateurs qui a le plus fcrupuleufement examiné la route que je vous ai fait tenir, a eu Obferv. fur la bonne foi d'avouer » qu'une Hiftoire » de la Littérature Françoife, telle que

les Ecr. mod.

lett. 448. P.

224.

celle que j'ai entreprife, » n'eft qu'un

catalogue raisonné ( c'est-à-dire, histo- TRADUC

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rique & critique) « de tous les écrits « en tout genre publiés dans cette lan- « POET. LAT gue. Qu'ainfi il falloit, pour remplir «<< MOD. le devoir d'un Hiftorien exact, n'o- « mettre aucun de ces écrits, & faire cc mention de tous les Auteurs anciens <<< & modernes, bons & mauvais. »

Cet aveu, cette décifion d'un Critique qui s'eft conftitué le juge de tous 'les Ouvrages & de tous les Auteurs m'a raffuré contre les autres Cenfeurs, & s'il m'eft permis de le dire, contre lui-même. Čar ce n'eft affurément pas Ibid, lett ma faute s'il n'eft pas conftant dans fes 455 principes, & s'il a combattu ailleurs fes premieres décifions. Pour moi qui n'ai pas affez d'efprit pour favoir ainfi me retourner, je vais continuer de vous entretenir de toutes les Traductions qui me font connues, des Poëtes Latins modernes, & de celles des Poëtes étrangers, c'est-à-dire, des Italiens, des Efpagnols, des Anglois & autres.

Je vous demande feulement la permiffion de revenir un moment fur mes pas pour vous faire connoître un de nos anciens Poëtes Eccléfiaftiques dont j'ai oublié de vous parler, parce que je ne me fuis point rappellé qu'il avoit été

traduit. Ce Poëte, c'est Caïus Vettius TRADUC Aquilinus Juvencus. C'étoit un Prêtre, POET. LAT. Efpagnol qui vivoit fous Conftantin & Conftance. Saint Jerôme dans un li

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MOD.

Crit. en 1718.

vre écrit l'an 392. dit que ce Poëte étoit d'une famille très-illuftre. Et ce Pere avoit raifon, s'il eft vrai que Juvencus fût de la noble famille des Vettes, l'une des plus anciennes de la République Romaine, & qui a été féconde en Confuls.

་.

Dom Liron, Bénédictin de la Congrégation de faint Maur, qui a fait quelques recherches fur ce fujet, puAnién de la bliées dans la feconde partie de fes AméE. 2. p. 260. nités de la Critique, prétend que Juvencus étoit fils de Vettius Aquilinus qui fut Conful ordinaire l'an 286. & il en donne la généalogie avec autant d'affurance que l'on pourroit donner la généalogie d'une famille moderne.

fuiv.

des Aut. Ecclef. t. IV. P. 182.

Juvencus ne nous eft connu aujourD. Ceill. hift. d'hui que par fon Poëme de la vie de Jefus-Chrift en vers hexametres, divifé en quatre livres, où il ne fait que rendre prefque mot pour mot le texte des Evangéliftes. Il s'attache particulierement à l'Evangile de S. Matthieu; mais il fupplée par les trois autres ce que cet Apôtre peut avoir omis de

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T'hiftoire de Jefus-Chrift. Cependant TRADUClui-même ne dit pas tout; & nous lifons en particulier dans l'Evangile de POET LAT S. Jean diverfes particularités que le MoD. Poëte n'a point rapportées. Il commence à l'apparition de l'Ange à Zacharie, marquée dans le premier chapitre de S. Luc, & finit à celle de Jefus-Christ aux onze Disciples fur la montagne de Galilée.

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Dans les anciens manufcrits on trou ve avant le prologue du Poëme de Juvencus, huit vers où l'Auteur mar que le caractere de chaque Evangélif te. Dom Liron croit, contre le fentiment de plufieurs Critiques, que cès huit vers font de Juvencus; & il n'y a nul inconvénient à lui en faire présent. Je ne contredirai pas non plus la correction que ce Bénédictin fait à un'des derniers vers de la conclufion du Poë me fur l'hiftoire de la vie de Jefus Christ, quoiqu'il m'ait parú que cette conclufion s'entendoit aifément fans cette correction. Juvencus y louë Conf tantin de la paix que ce Prince avoit rendue à l'Eglife, & de ce qu'il étoit le feul des Rois qui n'avoit pas voulu fouffrir qu'on lui donnât des titres qui ne conviennent qu'à Dieu.

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Mon.

Les vers de Juvencus n'ont rien d'éTRADUC levé; & fuppofé qu'il fût capable d'apPOET. LAT. procher du fublime de la Poëlie, on pourroit dire qu'il a voulu en négliger les ornemens pour ne point dépouiller la vérité de fa fimplicité naturelle. Mais peut-on excufer par la même raison ses fautes de quantité, fes termes peu Latins? Etoit-il obligé de s'aftraindre à rendre dans fes vers le texte de l'Evangile? D'autres ont traité depuis lemême fujet en vers, & n'ont pas crû bleffer ni la vérité ni le refpect dû au texte facré, en s'exprimant d'une maniere plus conforme à ce qu'exige la Poëfie. Pour moi je serois bien, tenté. de croire que Juvencus n'a pas mieux réüffi que parce qu'il n'étoit pas capable de mieux faire. Le poëme de la Genese que tant d'Auteurs ont attribué les uns à Tertulien, les autres à faint Cyprien, quelques-uns à Salvien, & que Dom Liron croit être de Juvencus, fans en apporter aucune preuve décifive, ce poëme n'eft gueres meilleur que l'hiftoire Evangélique, & l'on: y trouve à peu près tous les mêmes défauts.

Vous ne perdrez donc pas beaucoup fi vous defirés de connoître par vous

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