Imágenes de páginas
PDF
EPUB

TRADUC

TIONS DES

dont on loue beaucoup la piété & l'érudition, avoit perdu la vue quelque tems avant la mort, comme on l'ap- POET. LAT. prend d'un Quatrain de Gilles Durant, MOD. Le célébre Claude Defpence en fait un grand éloge dans fon Commentaire fur les Collectes qui fe lifent dans l'Eglife durant l'année, imprimé en Latin à Paris en 1966. in-8°. Le Pere Echard, Dominicain, ne lui donne pas moins de louanges dans la Biblio- Tom. 1. p. theque des Ecrivains de fon Ordre. La traduction d'Anne des Marquets fut imprimée en 1569. Cette Religieufe a traduit auffi les Collectes de l'Eglife, d'après la paraphrafe en vers Latins par Claude Defpence.

La piété eft bien éloignée de trouver le même avantage dans les poëfies de Jean Everard,plus connu fous le nom de Jean Second, je dis au moins dans celles que Frederic Blanchet, de Sainthon en Forez, Avocat au Parlement de Paris, crut pouvoir mettre en vers, François vers l'an 1584. On n'y` apperçoit que le langage de la paffion, & même de la débauche. C'est une Mufe impure & licentieufe avec laquelle un homme fage craint de converfer, & dont il redoute même les approches.

841.

POET. LAT.
MOD.

Il faut croire que l'Auteur lui même, TRADUC- fils de Nicolas Everard, Président au TIONS DES Confeil fouverain de Malines', eût condamné ces productions qui ne fentent que le libertinage, s'il fût parvenu à un âge mûr. Mais né à la Haye en Hollande l'an 1511. il mourut à Saint Amant en Haynaut l'an 1 5 36. n'ayant pas encore vingt-cinq ans. Je n'ai pas vú la traduction de fes Baifers faite par Blanchet. La Croix du Maine qui la eite dans fa Bibliotheque, dit qu'elle n'étoit pas encore imprimée en 1584. On prétend qu'elle l'a été depuis ; mais je n'ai pû la découvrir; & vous ne perdrez rien à ne la pas connoître.

Les poëfies Latines de Jean Voulté & de Salmon Macrin, que j'ai eu occafion de lire, m'ont paru beaucoup plus fages. Ces deux Poëtes étoient amis & tous deux contemporains de Jean Second. Voulté étoit de Reims, & fut attaché aux deux freres, Gilles & François Bohier, l'un Archidiacre de Reims & d'Avignon, & le fecond Evêque de Saint Malo. Il compofa une partie de fes poëfies dans une maifon de campagne du premier, & il accompagna le Prélat à Avignon, à Tarafcon, à Paris & ailleurs. Ces deux freres étoient

TRADUCTIONS DES

fes protecteurs, & il leur offre fouvent dans fes poëfies l'encens que la reconnoiffance paroiffoit éxiger de lui., & POET. LAT. qu'ils méritoient d'ailleurs. Il fut tué Mod. étant encore fort jeune, le 30. Décembre 1542. dans une querelle qui lui fut faite par un homme qui avoit perdu un procès contre lui. J'ai vu de ce Poëte deux livres d'infcriptions ou d'Epigrammes adreffés à Gilles Bohier; un livre d'étrennes, à Barthelemi, Châ telain de Nice, & quatre livres d'Hendécafyllabes; le tout imprimé à Paris chez Simon Colines en 1538. en deux volumes in-16. On voit par ces poëfies que l'Auteur étoit en liaison avec tous les beaux efprits de fon tems, & qu'il étoit bien venu à la Cour, & auprès de plufieurs perfonnes diftinguées par leur naiffance, & revêtues des plus hau→ tes dignités.

Il exalte fouvent les talens, & furtout la beauté du génie de Jean Salmon, natif de Loudun, furnommé Macrin, Valet de Chambre du Roi François I. Salmon prend cette qualité dans une piéce adreffée à fon ami Voulté à la louange des Hendécafyllabes de celui-ci. Lui-même réuffifloit dans le même genre de poëfie. Sa Ge

TRADUC

MOD.

lonis, c'est-à-dire, Guillonne Bourfault TIONS DES qu'il époufa en 1528. & à qui il survéPOET. LAT. cut, excita fouvent fa verve. Antoine Bohier, Archevêque de Bourges & Cardinal, touché de fon mérite, l'avoit pris auprès de lui, lorfque Salmon ne venoit que de fortir de l'Université, & le Poëte ayant perdu ce protecteur en 1519. il en trouva un autre dans la perfonne de René de Savoye, Comte de Tende, Grand-Maître de France qui le prit pour être Précepteur de fes fils Claude & Honorat. Ce fut René qui le fit agréer au Roi François I. pour être du nombre des Valets de Chambre de Sa Majesté. Salmon mourut à Loudun en 1557. âgé de foixante-fept ans.

[ocr errors]

1

[ocr errors]

Je n'ai point vu d'autres traductions des poëfies de ces deux amis que celles d'environ vingt Epigrammes ou petites piéces de Voulté, & de deux courtes piéces de Salmon Macrin. Le Traducteur des unes & des autres eft Laurent de la Graviere, Secrétaire de M. le Vicomte de Joyeuse, qui avoit pû connoître ces deux Poëtes. Sa traduction eft rarement littérale, & fouvent ce n'est qu'une imitation. Voulté, par exemple, dit de quelque Eccléfiaftique, qu'il ne célébroit jamais l'Office

TRADUC

que lorsque les cloches fonnoient , parce qu'il s'acquitoit mal de cette action, TIONS DES & qu'il ne vouloit pas être entendu. POET. LAT. La Graviere paraphrafe ainfi les deux MOD. vers Latins de Voulté:

Jamais au chaur tu n'ofes mot fonner,
Que quand tu oys les cloches refonner,
Voyant du fon chacun estre ébloüy:
Or j'entends bien, Genin, ta maladie,
C'eft que tu fais fi rude mélodie,

Que tu ne veux de perfonne eftre oüy.

L'Epigramme de Voulté eft dans le premier livre de fes Infcriptions. En voici une feconde prife du quatrième livre de fes Hendécafyllabes, traduite plus littéralement :

<L'autre hier voyant d'un méchant le tombeau
Conftruit de marbre, & par telle excellence,
Qu'on n'en fçauroit au Roi faire un plus beau:
Hélas, di-je, quelle folle dépenfe !
Deffus jettay larmes en abondance.
Mais fur le champ quelcun me dit,
C'est trop pleurer un ennemy de tous:

Je luy répond à voix claire & a

tout dous;

aperte,

Je ne plains pas cil qui git cy deffous;

C'est du tombeau que je pleure la perte.
57907 Boyd

Des deux piéces de Salmon traduites

« AnteriorContinuar »