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TRADUC

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même l'ouvrage de Juvencus, d'être obligé de ne le lire que dans l'ancienne traduction en vers de Pierre Tami- POET. LAT, fier Préfident en l'Election du Mâconnois, Mon Si elle eft platte & profaïque, fi même en beaucoup d'endroits la verfification eft rude & un peu barbare, la traduction eft communément fidéle & littérale. C'est le dernier ouvrage de Tamifier, dont je vous ai déja fait connoître la traduction de l'Anthologie, & de quelques autres ouvrages des Anciens. Il mourut pendant que l'on imprimoit celle de Juvencus, & Claude Paulmier, fon coufin, Chanoine de Mâcon, eut foin du refte de l'impref fion de cet ouvrage qui parut à Lyon en 1591. chargé de toutes les fleurs.que les Poëtes de ce tems là jetterent fur le tombeau du Traducteur, & orné d'un abrégé de fa vie en forme d'éloge, compofé par l'Editeur.

A l'égard des autres Poëtes, Ecclé fiaftiques, dont je vous ai parlé, je n'ai rien à ajouter à ce que je vous en ai dit. Je crois que vous n'adopterés pas le reproche que m'a fait le Critique que je vous ai déja nommé, d'avoir été trop ftérile fur. Synéfius. Je n'avois point à vous parler de cet Ecrivain ni

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comme Philofophe, ni comme Prélat, TRADUC mais feulement comme Hymnographes: POET.LAT. & je crois vous en avoir dit fuffifamMOD. ment fur fes hymnes, & fur la traducObferv. fur tion ancienne qui en a été faite. Je sçai les Ecr. mod. que l'on peut donner une vie affez in1,465. pa téreffante de Synéfius : j'ai lû fes lettres. avec attention, & je fuis charmé qu'une plume élégante nous en donne une traduction fidelle & conforme au goût & au génie de notre Langue. Je me ferai un vrai plaisir de vous en entretenir lorfque mon plan me conduira à vous en parler. Chaque chofe aura fa place, & je dois tâcher d'éviter avec le même foin la confufion & les répétitions.

Les Poëtes Eccléfiaftiques dont je vous ai entretenu, & ceux dont je ne vous ai point parlé, parce que je n'en connois point de traductions en notre langue, étoient prefque tous d'affez mauvais Poëtes; & c'eft l'idée que je vous en ai donnée. C'est une remarque qu'il eft aifé de faire, que plus on s'é loigne du fiécle d'Augufte, plus on voit la Poëfie fe corrompre, & fouffrir encore plus d'altération que la langue même dans laquelle on verfifioit. On a vu beaucoup de Rimeurs & très-peu de Poëtes. Durant une affez longue fuite.

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de fiécles, ceux qui écrivirent le moins mal en vers, contens de quelques traits TRADUC qui montrent qu'ils ne manquoient pas POET. LAT. d'un certain génie, s'abandonnerent Mov. mille fois à des licences que l'on trouve rarement chez les Anciens. Ceux

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qui lifoient ces derniers, profitoient
mal de la lecture qu'ils en faifoient. S'ils
avoient un peu plus de goût, ils le gâ- -
toient par la baffeffe de leurs expref-
fions, par de froids jeux de mots, par
des termes forgés, ou par une espéce
d'enthoufiafme hors de raifon. Je ne
prétends pas
dire que durant les fiécles'
dont il s'agit, il n'y a eu aucun bon'
écrit en vers; mais feulement qu'ils ont'
été très-rares; & qu'aucun n'a appro-
ché des Anciens. Vous pouvés en voir
la preuve, au moins pour tous ceux'
qui ont écrit dans toute l'étendue de
l'Empire François, dans les favantes
Differtations de M. l'Abbé le Boeuf
fur l'état des Sciences en France fous
Charlemagne & plufieurs des fuccef-·
feurs de ce Prince, & dans ce que les
habiles Auteurs de l'Hiftoire Littéraire-
de la France ont écrit fur le même su-
jet. Les autres nations, l'Italie elle-
même, ne furent pas mieux partagées
comme leurs Hiftoriens en font foi,

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Juvenel, P.

4.4.

Ce ne fut que dans le feiziéme fiċTRADUC cle que la Poefie Latine commença à POET.LAT reprendre quelque luftre. L'amour des MOD. Lettres que l'on peut appeller la paffion Eff. fur l'hift. dominante de ce fiécle, bannit alors des B. L. par l'ignorance des fiécles précédens. On revint aux anciens Ecrivains, on les lut avec plus d'application & de goût & par conféquent avec plus de fruit. Mais la plupart des Poëtes de ce tems-là fe perfuaderent trop aifément que pour bien imiter les Anciens, ils devoient emprunter leurs propres paroles, ce qui les empêcha de s'appercevoir que cet attachement trop fervile à la Latini-té, éteignoit en eux, ou du moins amor-tiffoit ce beau feu qui fait les Poëtes.

Le quinziéme fiécle avoit vu cepen dant quelques Poëtes qui fe firent alors une grande réputation, & que l'on eftime encore, entre autres, Mapheus Vegius, de Lodi en Lombardie, mort: en 1458. & Michel Verin. Le premier fut Dataire du Pape Eugene IV. fucceffeur de Martin V. Il fut auffi Abbréviateur, & de plus dès l'an 1443• Chanoine de faint Pierre de Rome. Ce qu'il y a de plus connu parmi fes poëfies, eft le treiziéme Livre qu'il s'imagina d'ajouter à l'Enéïde, pour donner

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TRADUC

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le Parad perd

a la fable de ce poëme une conclufion dont l'étendue eût de quoi fatisfaire la curiofité de l'efprit le plus paffionné POET. LAT pour les détails. Il y dépeint le défef- MOD. poir de Rutulus, les nôces d'Enée & Lett. crit. fur de Lavinie, &c. Le fuccès de cet ou- & reconq lvrage n'a pas répondu au zéle de l'Au- 2. p. 55. 56. teur; on étoit trop accoutumé fur lẹ Parnaffe à regarder les douze Livres de l'Enéide comme un poëme complet pour changer d'idée au gré de Végius; & malgré la beauté de sa verfifi-cation, fon fupplément n'a paffé jufqu'ici auprès des Connoiffeurs que pour un morceau poftiche, ennuyeux, & fi étranger à l'action de l'Enéïde, qu'on auroit eu de la peine à pardonner à Virgile lui-même une pareille fuperfluité. Ce fupplément a été plufieurs fois traduit en notre langue, en vers & en profe. Rappellés-vous ce que j'ai dit Biblot. Ft. ailleurs de ces traductions; je dois être t. v. chap, 1x4 dispensé de le repéter.

Michel Vérin, fils d'Ugolin, étoit, comme fon pere; né à Florence, & non dans l'ifle de Majorque ou dans celle de Minorque, comme plufieurs l'ont écrit.

Tous deux étoient Poëtes: mais on n'a rien traduit d'Ugolin. Michel eut pour Maître dans l'art de la Poefie, Paul

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