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POET, LAT.

MOD.

auffi en vers par Laurent de la GraTRADUC- viere, l'une eft une Elégie où le PoëTIONS DES te fe plaint de la dureté de fa Gélonis: elle eft à la fin du recueil imprimé en 1528. L'autre eft plus courte le Roëte y parle à fa femme, & lui dit entre autres chofes, felon la verfion de la Graviere:

Viyons, amye, & nous aimons de forte
Que nul divorce éteigne l'amour forte
D'entre nous deux évitons tout foucy:
Si quand viendra que de ce monde cy
Serons partis, ceux qui auront envie
De calculer le tems de noftre vie,
Puiffent trouver par leur compte arrefté,
Que les hauts Dieus nous ont ça bas presté
Des jours plaifans, fortunés & heureux,
Plus la moytié qu'il n'eft de malheureux,&c.

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Ces traductions font de l'an 1558. La Graviere les publia à Lyon à la fuite de fa verfion de cinq Eglogues du Mantouan, dont je vous ai parlé. Clément Marot a traduit auffi en vers François une Epigramme de Salmon.

Les jours d'Etienne Dolet, Impriineur à Lyon, Poëte Latin & François, ne furent pas auffi heureux que

ceux

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DES

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ceux que Jean Salmon fouhaitoit pour lui-même & pour fa Gélonis. Son li- TRADUCbertinage & fon irréligion après lui avoir causé plusieurs affaires fâcheufes MOD. & deshonnorantes, le conduifirent enfin en 1546. à la potence & au feu. Il ne manquoit ni d'efprit, ni de science ; mais dans ce qu'il a écrit en profe, fon style eft dur, rude & embarrassé, comme il est rampant & profaïque dans fes vers. Je vous en donnerai quelques exemples, lorsque je vous parlerai des poëfies Françoises de ce fameux Athée. Je me contente de vous dire ici qu'il a traduit lui-même en profe un affez long poëme qu'il avoit compofé & publié en vers Latins, & dans lequel il célébre les actions de François I. & raconte ce qui s'est paffé de plus remarquable en France depuis l'an 1 5 13. jufqu'en 1539. Cette traduction imprimée par lui-même à Lyon en 1540. n'eft point agréable à lire; mais l'ouvrage n'eft pas inutile pour l'hiftoire de ce tems-là ; & c'est le feul mérite qu'on puiffe lui accorder.

C'est à l'Auteur de ce poëme que nous fommes redevables de la Pandore de Jean Olivier, frere de Jacques Olivier, Seigneur de Leuville premier

Tome VII.

D

TRADUC

TIONS DES

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Mon.

CHAPITRE TROISIE'ME..

Des Traductions de Marc-Antoine Flaminius, Jean Second, Jean Voulté, Salmon Macrin, Etienne Dolet, Tean Olivier, Pierre Conftau, Guillaume de la Perriere, André Alciat & Gabriel Faërne.

V

Ous trouverez plus de piété, & communément une morale plus folide dans la plus grande partie des poëfies de Marc-Antoine Flaminius, natif d'Imola dans la Romagne, mort au mois d'Avril de l'an 1550. C'est dommage que la traduction que nous avons de fes poëfies pieufes, foit fi ancienne, & conféquemment d'un ftyle fi peu conforme à l'état présent de notre langue. Cette traduction est en vers François, dédiée à Madame Marguerite, fœur du Roi très-Chrétien: Charles IX. Nous la devons à Anne des Marquets, Religieufe Dominicaine au Monaftere de Poiffy, qui mourus vers l'an 1588. Cette Religieuse

TRADUC

TIONS DES

dont on loue beaucoup la piété & l'érudition, avoit perdu la vue quelque tems avant la mort, comme on l'ap- POET. LAT, prend d'un Quatrain de Gilles Durant. MOD. Le célébre Claude Defpence en fait un grand éloge dans fon Commentaire fur les Collectes qui fe lifent dans l'Eglife durant l'année, imprimé en Latin à Paris en 1 $66. in-8°. Le Pere Echard, Dominicain, ne lui donne pas moins de louanges dans la Biblio- Tom. 1. p. theque des Ecrivains de fon Ordre. La 841. traduction d'Anne des Marquets fut imprimée en 1569. Cette Religieufe a traduit auffiles Collectes de l'Eglife, d'après la paraphrase en vers Latins par Claude Defpence.

La piété eft bien éloignée de trouver le même avantage dans les poësies de Jean Everard,plus connu fous le nom de Jean Second, je dis au moins dans celles que Frederic Blanchet, de Sainthon en Forez, Avocat au Parlement de Paris, crut pouvoir mettre en vers, François vers l'an 1584. On n'y`apperçoit que le langage de la paffion, & même de la débauche. C'est une Mufe impure & licentieuse avec laquelle un homme fage craint de converfer, & dont il redoute-même les approches.

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-Préfident du Parlement de Paris, & TRADUC- oncle d'Antoine Evêque de Lombez, POET. LAT. & de François, Chancelier de France. Μου. Jean avoit du goût pour la poëfie dans laquelle il réuffiffoit. Il en faifoit fon amufement lors même qu'il eut embraffé la Regle de faint Benoît; mais il y renonça entierement, depuis qu'il eut été fait en 1532. Evêque d'Angers où il mourut le 12. Avril i 540. Son, poëme intitulé Pandore eft la plus confidérable de toutes les piéces en vers Latins qui nous reftent de lui. C'est l'hiftoire de Prométhée & de Pandore, mais accommodée au fens myftique, ce qui fait qu'on y voit un mélange de profane & de facré, de la fable avec la Religion. Claude Cottereau, natif de Tours, connu lui-même par fes ouvrages, fe trouvant poffeffeur d'une copie manufcrite de ce poëme, la communiqua à Etienne Dolet, qui après l'avoir lû & relû, le trouva, dit-il, fi beau, qu'il crut rendre un fervice agréable au public en l'imprimant. Dolet en loue l'invention, le génie, le tour, la diction, comme on peut le voir dans fon Epître dédicatoire au Chancelier François Olivier, datée de Lyon le premier de Mars 1541. L'argument

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