Imágenes de páginas
PDF
EPUB

toit de la terre pour élever ce noyau.

Tout le corps de ce bâtiment en dedans eft fait de maçonnerie-moellonnage brutte. Le parement eft de moellons d'affife, comme les murs de la Ville, parfaitement bien dreffés de niveau,& par affifes égales. Tous les ornemens, pour l'ordinaire, font de pierres plus grandes, furtout ceux qui forment des plintes & les entablemens, comme les corniches, qui font toutes effacées par le temps, ou que l'on a voulu ruiner lors de Charles Martel.

Il ne paroît plus de cette belle Tour, que les premiers pilaftres façonnés en moellons de faillie, quatre à chaque face, qui faifoient le premier étage pour fa décoration. Le fecond qui étoit compofé également de colomnes Doriques, quatre auffi à chaque face, à ce compris une à chaque coin, eft entierement renversé, de même que l'efcalier; on y voit feulement fon emplacement. Ainfi, la Tour démolie en l'état qu'elle eft aujourd'hui, eft moins haute de cinq à fix toifes qu'elle n'étoit, lorfqu'elle étoit entiere ; & fon pied en dehors, eft encore comblé de fes ruines, d'environ une à deux toiles.

Cette Tour avoit dixneuf toifes, trois pieds de hauts lorfqu'elle étoit en fon entier; & la montagne fur laquelle elle étoit conftruite, étant plus élevée que la Ville de Nifmes, tout au moins de femblable hauteur, on peut compter que le fommet de la Tour étoit environ de quarante toifes tour au moins plus élevé que toute la Ville.

Des Portes de l'ancienne Ville

§. III. FIGURE 6.

Il ne refte, de dix Portes qu'il y avoit à l'ancienne enceinte de la Ville de Nifmes, qu'une feule, qu'on

appelle la Porte de France, défenduë par deux Tours rondes. Cette Porte fe fermoit avec une herfe, ou cataracte, comme on le voit par fa rénure, où l'on la faifoit defcendre, de douze pieds de large, de douze pieds de haut, jufqu'à l'impofte, à plein-cintre audeffus, une attique qui la couronnoit entre les deux Tours; cette attique ornée de quatre pilaftres, terminés par un petit entablement, ou corniche.

Les pierres des pieds droits font d'environ deux pieds de haut d'affife, d'environ trois pieds de long, fur deux pieds & demi à trois pieds de large.

Les Tours qui défendoient cette Porte, étoient bâties en demi rond, conftruites avec moellons effimillés, comme le reftant des Murs,avec une cymaife à l'endroit du Sol du chemin des Rondes, au lieu d'une Plinte qui regnoit le long des courtines.

Du vieux Château de Nifmes.

S. IV.

L'ancien Château de la Ville de Nifmes étoit atte nant aux anciens Murs; c'eft par cette raifon que je le mets ici de fuite. Il avoit desTours de dix toifes de haut, quarrées, conftruites de groffes pierres tres dures: ces Tours étoient au nombre de quatre: il fut incrusté fous Charles VI. & reparé avec des pierres de taille ⚫ pour la défense de la Ville contre les Anglois. Par rapport aux gros blocs que l'on en a tiré, il paroît bien qu'il a été bâti du temps des Romains. Il y en a qui prétendent qu'il étoit attenant au Champ de Mars, qui s'étendoit jufqu'à cette partie de Ville. Voyez la fin de l'Article ci-après de la Bafilique, Chapitre IV. qui a rapport à cet endroit.

CHAPITRE III.

DES ANCIENS TEMPLES DE NISMES.

[ocr errors]

Du Temple de Diane.

S. I. FIGURES 16, 17, & 18.

LUSIEURS ont crû que ce Temple étoit dédié à la Déefle Vesta, à caufe que l'on honoroit cette Déeffe,en approchant les monumens que l'on lui confacroit, tout près des Fontaines, comme eft le Temple en question.

D'autres au contraire prétendent que ce Temple a été dédié à Diane par les Grecs, par rapport à la veneration qu'ils avoient pour leur Déeffe d'Ephese, adorée dans tous les Pays de l'ancienne Grece; qu'ils choifirent le voifinage de la belle Fontaine que l'on y voit, qui ne tarit jamais, comme un lien agreable à cette Divinité, qui aimoit fort à fe baigner, auffibien que les Nymphes fes compagnes.

Ce Temple eft bâti de groffes pierres, avec plufieurs niches, où il y avoit des ftatuës entre les intercolomnes, & voûté avec des arcs doubleaux; le tout fans ciment ni mortier.

La ftructure du Temple eft tres belle. Il eft de neuf Toifes de long, de fept & demi de large, & de fix de hauteur dans œuvre fous clef, fans y comprendre les deux foyers qui font aux deux côtés de l'Autel, enrichi de feize colomnes d'ordre Corinthien, fupportant une corniche fur laquelle la voûte repofe avec arcs doubleaux, dont les uns font rentrans, & les autres faillans. Palladio veut que l'architecture de ce Temple foit

d'ordre Compofite. L'entrée du Temple eft vers le Sor leil levant. De chaque côté du Temple, il y a deux allées couvertes qui fervoient, à ce que l'on croit, pour mettre les Bêtes des Sacrifices, afin de les conduire de là à l'Autel. On le nomine Temple de Diane par tradition. Mais on trouve un Fragment d'une vieille Infcription dans Nifmes fur ce fujet, à laquelle il manque plufieurs mots.

Ifis.

Serapis Vefta Diana Somni HS-N VI &

Phalas 11. Chrifen.... CLI....gna.... Deorum ar genta Cafbraenfia Domo habebat.

Item.... Dedicatione... Tem.. pli Ifis & Serapis Deo

....

....

[ocr errors]

...omnibus Nemaufenfium, & or mamentar. fingulis cita ut. in Publico vefcerentur diftribui juffit in que ejus Domus.

Talen HS NX reliquit.... item Ime ginem Martis ar....genteam ex amnagenfibus dedit.

C. ordo... bitar.

Par cette Infcription, on prétend que ce Temple a été dédié à Ifis & Serapis; quoique le nom d'Ofiris y manque, on l'y peut fuppléer : & que quelque particulier de Nifimes avoit legué des efpeces qui fe porteroient, fuivant la valeur du temps prefent, à plus de cent mille livres : Que le Soleil & la Lune étoient adoés dans ce Temple fous l'image d'Ifis & d'Ofiris : Qu'Ofiris ayant été adoré fous la figure du Dieu Apis, reprefenté par un Boeuf, qu'on noyoit dans une grande Fontaine, celle de Nifmes, qui étoit tout proche, pouvoit fervir à cet ufage, en y joignant les eaux de la Foncaine d'Eure, qui paffoit fur le Pont du Gard.

La Porte de ce Temple eft à plein cintre; toutes les autres voûtes auffi à plein cintre, les pierres cramponnées les unes aux autres. Les pierres font d'environ huit pieds de long, dixhuit à vingt pouces de haut, & de trois à quatre pieds de queuë, les joints en parement fi bien dreffés, qu'un cheveux ne fçauroit pafler à leur entredeux :mais enfuite dans les joints en dedans œuvre, il s'y trouve affez de vuide où les joints ne portent pas partout également; c'eft à dire que les pierres portent en plein fur les extremités vers les paremens.

Pour mettre les pierres en face, & furtout les claveaux des voûtes, j'ai remarqué que les trous des louves font faits de maniere que les machines ont pofé les pierres en place, fuivant le fens qu'elles devoient avoir, fans qu'il fût befoin aux pofeurs de prendre beaucoup de peine de les avancer, ou de les remuer fans les tourner, lorfqu'il étoit question de les mettre

en œuvre.

Il y a une grande ouverture en forme de creneau, ou de chantepleure, à chaque côté de la Porte du Temple, avec un chaîneau au bas, pour porter loin l'eau qui pouvoit fortir d'un Aqueduc qui vient d'enhaut.

L'ouverture quarrée de cet Aqueduc, audeffus, pratiquée dans l'épaiffeur du mur de la façade du Temple, a un pied, huit pouces, fur un pied, trois pouces de large, dans l'endroit de fa chûte, & où une perfonne peut defcendre. On trouve encore des chaîneaux de pierre fur le mur du côté du Temple, qui portoient auffi les eaux de cet édifice en dehors, par differentes chutes. Il n'y a pas de doute que ces derniers chaî¬ neaux ne fuffent des canaux de diverfion, qui fervoient à faire couler les eaux du Temple ailleurs, peutêtre dans la Fontaine voifine, lorfqu'il falloit les détourner pour des raisons que nous ne fçavons pas; foit parce qu'il étoit neceffaire d'en nettoyer les. Aqueducs, foit parce

« AnteriorContinuar »