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des hommes affez habiles pour en élever de femblables avec tant d'art & de perfection. L'appareil des pierres du Trône, ou de l'Arc de Triomphe, que l'on avoit commencé d'élever à Paris au bout du' Fauxbourg Saint Antoine, à la gloire de Louis-le-Grand, celui des pierres du vieux Louvre, du Palais des Thuilleries, de Verfailles, de toutes les Maifons Royales, & de leurs Chapelles, bâties avec tant d'art & de foins infinis de la

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part des plus habiles Architectes des fiecles paffés, comme celui des plus belles Eglifes Gothiques que j'ai vû en France, n'eft pas à comparer avec celui du Pont du Gard, des Arénes, de la Maison quarrée, & du Temple de Diane de Nifmes. * Les hommes d'alors ont travaillé à l'appareil des pierres de ces Monumens antiques, il y a environ dixhuit cens ans. Les hommes d'à prefent qui travaillent à l'appareil des

* Feu M. Manfart difoit qu'il n'avoit jamais rien vû de plus parfait, ni qui lui eût donné de plus belles idées pour la Profeffion, que le Monument antique de la Maison quarrée de Nifmes. Voyez Nouvelle Defcript. de la France, Tome 4. p. 142. par M. de Pigagnolles.

pierres d'aujourd'hui, ne peuvent pas les imiter. Il faut donc que les Anciens fe foient fervis de certains moyens que nous n'avons pas. Des Sçavans ont prétendu que l'on fcioit les pierres pour les rendre fi unies en leurs joints de lit, ou bien que. l'on les frottoit les unes contre les autres par le moyen des machines qui les fufpendoient, qui alloient & venoient fur des roulettes ou autrement, toûjours parallelement fur des plans parfaitement de niveaux, ou d'un autre fens. Mais je n'ai rien apperçû dans l'appareil de ces pierres antiques, qui ait pû me faire croire toutes ces conjectures. Je rapporte fur ce fait ce que j'ai trouvé de plus naturel & de plus vraisemblable dans la feconde Partie de cet Ouvrage.

Si je reprefente les figures licencieuses des Dieux Priapes, que j'ai fait graver telles que je les ai trouvées fur des bas-reliefs, ce n'a été qu'après plufieurs avis de Sçavans, tant Ecclefiaftiques, que Seculiers, qui ont eftimé le devoir être ainsi. Cet Ouvrage, m'ont-ils dit, eft fait plûtôt

pour les hommes, & pour fervir à l'Hif toire des fiecles paffés, que pour être de quelque ufage à la curiofité des femmes. On m'a representé les figures des Dieux Priapes, que Gruterus rapporte dans fes Ouvrages, & que des femmes supplient, ou adorent, & qui font encore bien plus honteufes que celles dont je fais la defcription, qui n'ont rien de femblable. D'ailleurs, je m'énonce dans le difcours d'une maniere à pouvoir être entendu de tout le monde, fans pourtant déplaire à perfonne; notre Langue, furtout, ne pouvant fouffrir des termes que la pudeur veut que l'on ignore.

On verra par le faux culte que l'on rendoit à ces Dieux Priapes, l'ignorance extreme dans laquelle les Payens étoient lors des premiers fiecles. Combien d'autres idolâtries ont fuccedé encore à celleci, que le Chriftianifme a effacé, ou fait éclipfer par la venue de JESUS-CHRIST.

Ceux qui prendront la peine de lire cette Hiftoire en racourci, critiqueront peutêtre la Chronologie des diverfes Na

tions qui fe font renduës les Maîtreffes. de Nifmes, auffibien que les Dynasties Egyptiennes, qui ne font pas affez conformes aux temps des Heros que je cite; j'aurai l'honneur de leur dire, que n'ayant pû concilier les fentimens des Auteurs que j'ai confulté là-deffus, j'ai pris chez les uns & chez les autres, ce qui m'a paru le plus probable.

Si j'ai omis encore plufieurs particularités qui concernent cette Hiftoire, c'eft que je me les fuis reservées pour les rapporter, lorsque je fais l'analyfe des Monumens antiques .dont je traite dans la feconde Partic, afin de leur fervir de quelque ornement, & me donner occafion par là d'en lier le difcours. C'eft ainfi, pour me justifier, que je rends compte de ma conduite au Public, qui ne fait grace à perfonne.

L'Hiftoire de la Ville de Nifmes a d'ailleurs tant de rapport avec celle des Antiquités dont je parle ci-après, que l'on verra que cette derniere n'eft qu'une fuite de la premiere, d'où elle tire fon origine;

& l'on n'y trouvera rien de furprenant, quand on fera prévenu des mœurs & de la Religion des premiers Peuples qui ont habité Nifmes, & qui l'ont fondée.

Les Etrangers qui viennent chaque jour à Nifmes voir fes Antiquités, trouveront par la lecture de ce petit Ouvrage, le dévelopement de tous ces Monumens, dont peu de gens fçavent leur donner quelque raifon. Les Curieux qui les vont vifiter,les admirent, & puis c'est tout, fans qu'ils en tirent aucun autre avantage pour leur voyage, parce qu'ils ne font pas prévenus de leurs Hiftoires. Auffi puis je dire que c'eft principalement en leur faveur que cet Ouvrage a été compofé, & qu'on en a fait graver encore les Figures, afin que le tout joint ensemble, leur fût plus agreable.

Je ne parle point dans cet Ouvrage du climat heureux de la Ville de Nifmes, où le Ciel eft toûjours pur & ferein pendant prefque toute l'année, ni de la beauté du fexe, en quoi les filles & les femmes ont toûjours fait l'admiration des Etran

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