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I

CHAPITRE XI X.

Effets de la transplantation magnétique. Si tout fluide s'écoule avec plus de rapidité quand on l'électrife, il en eft de même s'il eft magnétifé. La chaleur vivifiante d'un individu fain & vigoureux fe propageant dans l'homme malade, fes nerfs reprennent plus d'action, & fes muscles acquièrent plus de jeu. Dès-lors les liquides fe débarrassent, par la transpiration infenfible & les fueurs, de tous les obftacles qui gênoient leur cours, & reprennent leur fluidité naturelle; mais cet heureux effet ne peut s'opérer qu'au péril du bienfaicteur, de celui qui a communiqué fon énergie vitale à l'homme malade. L'échange des biens corporels ne peut fe faire que par celui des maux. Ainfi, la fanté & l'infirmité se partagent.

Eff. tom. 1;

« Simon Thomas, dit Montaigne, eftoit Ch.20. » un grand Médecin de fon temps. Il me » fouvient que me rencontrant un jour à » Toulouse, chez un riche vieillard pulmo»nique, & traitant avec lui des moyens de » sa guérison, il lui dift que c'en estoit l'un

fur

» de me donner occafion de me plaire en » fa compagnie ; & que fichant fes yeux » la frescheur de mon visage, & fa pensée » fur cette allégreffe & vigueur qui regor» geoit de mon adolescence; & remplissant » tous fes fens de cet eftat floriffant en quoi j'eftois lors, fon habitude s'en pourroit » amender: mais il oublioit à dire que la » mienne s'en pourroit empirer auffi».

"

Pour donner des forces aux vieillards les Médecins anciens ordonnoient fouvent de les coucher avec de jeunes filles dans la fraîcheur de l'âge, ou avec des enfans dont la multiplicité des mouvemens annonce l'abondance du fluide magnétique qui abonde

en eux.

Par une application moins contraire à l'humanité, on crut pouvoir rejeter ses infirmités fur les végétaux ou fur un animal', en communiquant avec eux. Les anciens affuroient que les maux de tête, nés à l'ombre du tilleul, fe diffipoient fous celui du noyer; & Konig, célèbre Phyficien, de l'Académie des Curieux de la Nature, indique avec confiance, dans fon règne végétal, les moyens de rejeter les maux de l'homme fur des plantes.

& Philofoph.

Bartholin dit qu'une perfonne attaquée Aa. Médic d'une fièvre-quarte, ayant imbibé un pain de fa fueur, après l'avoir porté quelque temps fous les aiffelles, & l'ayant donné à un chien avec lequel elle couchoit, l'animal prit la fièvre, & l'en délivra. Un autre, fuivant lui, guérit de la jauniffe par la fociété d'un chat.

Rattray prétend que l'extrémité de la queue d'un cerf vivant, appliquée fur le creux de l'eftomac, appaise la douleur qu'on y reffent.

Le Médecin anglois Flud, après avoir rapporté une foule d'exemples pour confirmer la théorie de la médecine tranfplantatoire, nous apprend qu'étant affligé d'une goutte tenace & cruelle, il ne trouva d'autre moyen de s'en délivrer qu'en couchant avec un chien. L'humeur goutteuse paffa de fes pores dans ceux de l'animal. Le fluide vital chercha à fe mettre en équilibre, & le chien demeura affecté des douleurs

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qu'il avoit jufqu'alors fenties, & qui furent déterminées dans les mêmes périodes de

temps qu'il avoit lui-même éprouvées.

Le favant Hoffman, Lozel & le Docteur Loz. de Po

Salmuth guérirent auffi

par la tranfplanta

dagr, Sect.2.

SALM. Cent. tion, les deux premiers, une goutte cruelle; 3, Obferv. l'autre, une douleur aiguë au bras.

34.

Plufieurs obfervations ont conftaté que des chats couchant avec des épileptiques, avoient pris leurs maux, & les en avoient délivrés.

Bartholin rapporte que fon oncle tourmenté d'une colique violente, en fut guéri par un chien qu'on lui mit fur le ventre, & dans lequel elle paffa. Sa fervante, ajoutet-il, fut foulagée d'un mal de dents en plaçant le même chien fur fa joue, & l'animal témoigna un inftant après, par fes cris, qu'il fouffroit la même douleur.

Le Médecin allemand Burggrave a décrit plufieurs cures de douleur de fciatique & de rhumatisme par le contact d'un cadavre embaumé avec des préparations magnétiques.

Tobie Taut, dans le dernier chapitre de fon Ouvrage fur la Physique médicale, cite de même des guérifons de cachexie & de jauniffe qu'il avoit opérées par la tranfplan

tation.

On a quelquefois attribué de même la ceffation de la goutte à la compagnie des tourterelles ; & quelques malades ont cru

s'appercevoir, au bout d'un certain temps, que ces oifeaux avoient pris des nodofités.

Le Médecin Borel mettant trop de confiance dans le pouvoir de la transplantation, enfeigna un moyen pour connoître les maladies dans le corps humain, «en faisant » coucher, dit-il, un chien avec un malade » dont la cause de l'infirmité eft inconnue'; » en le nourriffant des reftes que ce malade » mange, il n'est pas douteux qu'il ne prenne » fa maladie. Qu'on ouvre enfuite l'animal, » & la partie affectée en lui fera celle qu'il » faudra traiter dans la personne ».

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