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à être dirigé au travers des pores de la peau dans les êtres vivans, à y être accumulé, & à y faire renaître & la vigueur & la fanté. Sans doute lorfque l'agent aërien n'a pu fuffire pour produire des crises, il eft poffible qu'il ait encore employé des préparations magnétiques ou l'aimant pour les exciter; & ce qui l'annonceroit, c'eft qu'il lui a trop bien réuffi pour l'avoir entièrement abändonné. Il eft utile de configner ici l'histoire qu'il nous a donnée lui-même du procédé qui l'a conduit à fa découverte.

Mém. fur le

« J'avois, dit-il, fur l'aimant les con- Magn. anim. noiffances ordinaires; fon action fur le fer, l'aptitude de nos humeurs à recevoir ce minéral, & les différens effais faits tant en France qu'en Allemagne & en Angleterre pour les maux d'eftomac & douleur de dents m'étoient connus. Ces motifs, joints à l'analogie des propriétés de cette matière avec le fyftême général, me la firent confidérer comme la plus propre à ce genre d'épreuve. Pour m'affurer du fuccès de cette expérience, je préparai ma malade, mademoiselle Cefterline, dans l'intervalle des accès, par un ufage continué des martiaux.

» Celle-ci ayant éprouvé, le 28 Juillet

1774, un renouvellement de fes accès ordinaires, je lui fis l'application fur l'eftomac & aux deux jambes, de trois pièces aimantées. Il en réfultoit, peu de temps après, des fenfations extraordinaires; elle éprouvoit intérieurement des courans douloureux d'une matière fubtile, qui, après différens efforts pour prendre leur direction, fe déterminèrent vers la partie inférieure, & firent ceffer pendant fix heures tous les fymptômes de l'accès. L'état de la malade m'ayant mis le lendemain dans le cas de renouveler la même épreuve, j'en obtins les mêmes fuccès. Mon obfervation fur ces effets m'éclaira d'un nouveau jour : en confirmant mes précédentes idées fur l'influence de l'agent général, elle m'apprit qu'un autre principe faifoit agir l'aimant, incapable par lui-même de cette action fur les nerfs, & me fit voir que je n'avois que quelques pas à faire pour arriver à la théorie imitative, qui faifoit l'objet de mes recherches....... Alors j'annonçai la nature & `l'action d'un magnétisme animal, & l'analogie de fes propriétés avec celles de l'aimant & de l'électricité ».

Ces divers exemples de l'heureufe appli

cation de l'aimant au corps humain, peuvent encourager les Médecins & les engager à ne point dédaigner un agent dont les propriétés font à peine connues, que Comus dirige habilement pour nos plaifirs, mais dont la médecine s'eft fervi rarement pour faire naître, par fon moyen, plus de fanté & de bonheur. C'est à eux à démontrer par des faits nombreux & une expérience conftante, fi le fluide général qui paroît le mouvoir, ne rend pas un compte auffi fatisfaifant des effets apperçus dans ceux qu'on magnétise, que la force de l'imagination, de l'irritation à laquelle on s'efforce d'attribuer tant de pouvoir. Puiffent-ils, lorfque les partis feront diffipés, les rivalités du moment éteintes, les diatribes réciproques oubliées; lorfque le choc des intérêts, des opinions, de l'amour - propre n'aura plus d'effet; puiffent-ils, calmes & tranquilles, après vingt ans de foins & de travaux nous apprendre ce qu'il faut croire, raffembler & claffer les faits! Car, fuivant le mot de Kirkland, « un grain' d'expérience en médecine, vaut mieux » qu'une livre de raisonnement ». Puiffentils, éloignés de ces comités bruyans qui

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approuvent ou blâment avec la même légè? reté l'objet qu'ils ne connoiffent pas, qui paffent alternativement de l'adoration au mépris, pour revenir enfuite de l'indifférence à l'enthousiasme; puiffent-ils étudier le magnétisme, & ordonner alors ce que l'humanité aura le droit d'en efpérer ou d'en attendre!

A

CHAPITRE XXI V.

Idée fur la Rage.

La rage, cette maladie affreuse, qui glace d'effroi celui qui en confidère les fuites violentes & terribles, fervit à convaincre les Anciens de la puiffance des émanations. La répulfion interne, excitée entre les corpufcules du fluide magnétique, leur dif corde, leur fuite réciproque, ne pourroient-ils point expliquer ces anxiétés, ces fureurs fubites qui agitent l'infortuné à qui la rage a été communiquée? Ce mal cruel ne peut provenir en effet de la configuration particulière du chien, l'animal qui la propage le plus ordinairement, puifqu'il n'eft pas le feul qui en foit affecté, & que d'ailleurs beaucoup d'autres animaux ont fa conformation intérieure. Ce n'est point une propriété délétère de fa falive, puisque celle des autres la partage. Ce feroit donc plutôt un poifon actif, né d'une émotion vive, d'un désir ardent, d'un transport furieux, qui a changé le courant ordinaire des efprits, & leur en a donné un contraire. Chaque corpufcule alors fe repouffe, au lieu de s'unir; de-là des mouvemens anti

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