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lades, & fouflent continuellement fur eux pour les guérir.

Les pratiques du magnétifme fe font non-feulement confervées chez différentes Nations, mais quelques-uns de leurs ufages. civils paroiffent même en dériver. Pourquoi, tous les Rois, tous les Souverains, dans les premiers fiècles, étant tout à la fois chefs des Guerriers, Pontifes & Médecins des peuples, imaginèrent-ils de ceindre leur tête d'une bande de métal, hériffée de pointes, & en firent-ils des diadêmes & des couronnes? Pourquoi, tous ces Dicux anciens, qui cachent fous leur obfcure Hiftoire, celle des Empires & de leurs révolutions, font-ils toujours représentés avec des fceptres de diverfe forme, mais tous portés perpendiculairement à l'atmosphère, & fe terminant en une ou plufieurs pointes? C'eft, ou le fceptre de Jupiter, ou la fourche de Pluton, ou le trident de Neptune, ou le caducée de Mercure, ou la verge de fer d'Eaque, ou le bâton ferré d'Efculape. Les anciens, en perfonifiant le fommeil & les fonges, leur mirent en main une baguette; & dès la plus haute antiquité, chaque peuple

forti fans doute, comme un effaim, de la même famille, mais à des époques différentes, conferva cependant à fes Prêtres, à fes Hyérophantes, à fes Arufpices, à fes Druides, à fes Magiciens, à fes Médecins, à fes Sorciers, la baguette qui faifoit naître les cures miraculeufes & les prodiges.

L'ufage de communiquer fympathiquement avec ses amis, en leur touchant la main, étoit connu des peuples d'Italie, des Grecs, des Hyrcaniens, & remonte jufqu'aux Mèdes.

C'est par un procédé magnétique, l'imposition des mains, que toutes les Nations ont conféré leur facerdoce, auquel a prefque toujours été réuni l'exercice de la Médecine. Numa, chez les Romains, fe TITE-Live, foumit à cette impofition, lorsqu'il fe fit

initier.

Le falut des Abyffins, à celui qui eft en même-temps leur Pontife, leur Médecin & leur Roi, confifte à mettre le pouce fur la tête, en élevant les autres doigts au ciel, & en touchant de l'autre main la terre.

Le magnétifme, ce fluide fubtil & rapide, uniffant & preffant tous les êtres, fut re

Décad. I.

connu, & peut-être divinifé. Ne feroit-il pas cet Ornus ou Oromaze, le principe de la génération dans l'ancienne religion Perfanne; ce Sérapis, qui, chez les Egyptiens, faifoit naître la chaleur fouterraine, fource de la fécondité; ce Zeus enfin, qui, chez les Grecs, fut l'emblême de la matière éthérée, qui, s'alliant avec Junon, Déeffe des airs, produifoit, entretenoit & confervoit le jeu univerfel de la nature? Ce fyftême fut celui du favant Herward, qui ne vit que l'aimant dans l'Hiftoire de tous les Dieux.

La puiffance de cet Agent, alternativement oubliée & retrouvée, recherchée d'âge en âge, preffentie par quelques Philofophes, a été l'objet des travaux de plusieurs Phyficiens de l'antiquité, & a été appliquée déjà par une foule de Chymiftes, & de Médecins des derniers fiècles, au traitement des maladies & des infirmités de l'homme. Terminons cet effai par la notice rapide des écrits les plus répandus fur cette matière, & des Médecins magnétifans qui ont été les plus célèbres.

CHAPITRE XXVIII.

Systêmes & Ecrits qui ont eu rapport au
Magnétifme.

Le plus ancien des Historiens connus,
Sanchoniaton qui écrivit, en neuf Livres,
l'Hiftoire de l'antique Phénicie, attribue la
confervation de l'univers à un esprit fubtil,
père de l'amour qui unit les êtres, & de la
difcorde qui les fépare. Suivant lui, cet
efprit, auteur de la fympathie & de l'an-
tipathie univerfelle, eft répandu dans l'air.
C'eft un vent délié qui foutient & anime
l'homme.

L'Auteur qui a recherché quelle a été l'ancienne philofophie mofaïque, dit qu'elle faifoit dériver tous les effets de la nature, de l'influence d'un fouffle puiffant, dont Dieu établit l'empire dans les airs; & qu'il fit repofer fur les eaux; cfprit délié, incorruptible & fubtil, qui, faifoit naître dans l'homme les biens & les maux (1).

EUSEB. Prép. Evang.

(1) Omnes actiones naturæ fiunt immediate à spiritu incumbente in aquis, fpiritus eft infinitus, incorruptibilis, &c.

ORIGEN.

Cap. 3.

Mémoir, des

Chez les Grecs, Empédocle embraffant FRERET, ce fyftême, entretint la Sicile de l'amour Infcrip. t.18. & de la difcorde, c'eft-à-dire, de l'union & de la défunion des parties matérielles, qui produifoient l'existence de tous les corps. Il admit pour principe général un efprit qui

D10 G.

LAERT. L.I.

Nat. L. 2.

mettoit tout en mouvement. La matière divifée en quatre élémens, créoit par fon attraction & fa répulfion tous les phéno

mènes.

Thalès, qui avoit puifé toutes fes conPLINE, Hift. noiffances auprès des Prêtres de Memphis, qui, de retour à Milet, sa patrie, y fonda la fecte Ionique, donnoit à l'aimant & à l'ambre une ame active; & Platon reconnut leurs propriétés communicatives.

Se&t. Empyric. Lib.9. STRAB. Lib.

76.

Dicéarque de Meffène, qui publia plufieurs écrits dont il ne nous refte plus que des fragmens, voulut que la fenfibilité naquît d'un efprit fubtil, & de l'union qu'il établiffoit entre les diverfes parties du corps.

Les Péripatéticiens appeloient qualités. occultes, les facultés inhérentes à chaque corps, qui produifoient entr'eux la haine ou l'amour.

Long-temps avant l'établiffement de cette Secte, le Phénicien Mofchus, le pre

mier

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