Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Paris propofa pour fujet de fon Prix, d'expliquer la nature & les propriétés de l'aiguille aimantée. Deux ans après, quatre Savans diftingués partagèrent entre eux la couronne; c'étoient Euler, Dutour, Daniel & Jean Bernouilli. Leurs ouvrages, fi utiles à connoître pour les progrès de la navigation, ne peuvent fournir des moyens à la pratique du nouvel Art. Il eft inutile encore de rechercher avec foin pourquoi le flux magnétique fe replie fur lui-même dans un aimant, & eft toujours porté des pôles à la circonférence; des Phyficiens renommés en ont donné des explications fuffifantes, & dont le détail m'écarteroit de mon objet.

B

CHAPITRE I V.

L'Electricité & le Magnétisme ont-ils le même principe?

TOUT paroît agir dans la nature par des moyens fimples & uniformes. La loi d'unité eft celle qui convient davantage à la majefté de fon plan, & dont elle femble s'écarter le moins. Dès qu'on trouve plufieurs effets femblables dans deux agens qui ont des noms diftincts, & dont le principe n'est pas encore bien déterminé, on peut croire que ce principe eft le même dans l'un & dans l'autre, & qu'ils naiffent tous deux d'une cause semblable. Ainfi, le magnétifme & l'électricité doivent avoir la même origine; du moins tout l'annonce; car fi ces deux fluides varient quelquefois dans leurs produits, ils fe reffemblent dans le plus grand nombre.

Le magnétifme paroît l'agent général : il cft moins chargé de parties hétérogènes : fes effets font plus doux & moins déchirans.

L'électricité femble une combinaifon formée du fluide magnétique, mais uni à

[ocr errors]

des particules inflammables & détonantes. Son action est plus rapide & plus tran

chante.

L'un & l'autre different en un point. Dans l'électricité, on diftingue les corps en idioélectriques & en anélectriques. Les premiers ne font fufceptibles d'électricité que par le frottement; les feconds la reçoivent par communication. Ceux-ci portent le fluide dans tout ce qui les environne; mais les premiers, tels que le verre & toutes les matières vitrifiées, la foie & les réfines, interrompent le cours des émiffions, & fervent, par leur interpofition, à ifoler les autres corps, c'est-à-dire, à les empêcher d'être électrifés. Dans le magnétifme, au contraire, nulle diftinction entre les corps foumis à fon influence; point de différence entr'eux. Le fluide règne fur tous. Les gommes, les réfines, les pierres, le plâtre, les bélemnites, les fels, les feuilles des arbres, les bois defféchés, le papier, les fils de foie & de coton, le foufre, l'arfenic & les cristaux qui bornent l'empire de l'électricité, cèdent au fluide magnétique. Ce dernier, plus fubtilifé, moins imprégné de parties groffières & trop matérielles, pénètre par-tout.

Le verre même, qui a paru le corps le plus idioélectrique, placé entre deux aimants laiffe paffer leurs effluences. S'il eft fcellé hermétiquement, il n'interrompt point la tranfmiffion du fluide, comme le démontrent les favantes expériences de Boyle; & le diamant, que Pline avoit regardé comme affez compacte pour intercepter le cours magnétique, en eft traversé, & n'arrête · point fon pouvoir.

Ainfi que l'électricité, le magnétifme fe communique entre les végétaux, les minéraux & l'homme. Comme elle, il tend à fe mettre en équilibre, & à fe diftribuer également dans tous les corps contigus ; & on voit un aimant fort, communiquer à un aimant foible une partie de fon activité & de fa vigueur. Comme elle, il peut être appliqué par la médecine à délivrer de la paralyfie, à débarraffer des obftructions, &c. L'un & l'autre ont les mêmes conducteurs, les mêmes moyens de fe propager, de conferver, de recouvrer, d'augmenter & de diminuer l'intensité de leur puiffance & de leur force.

Ainfi que le magnétifme, l'électricité donne au fer une fphère d'attraction ; &

le frottement ne fert, fans doute, qu'à développer dans tous les corps le principe commun aux deux agens. Comme le magnétifme, l'électricité communique une répulfion qu'Otto de Guérike a remarquée & très-bien décrite. Comme lui, l'électricité accorde à l'aiguille non- aimantée une direction vers le fud & le nord, & peut changer cette direction par une commotion en fens contraire. Comme le magnétifine, elle a une émanation fenfible. L'un & l'autre préfentent enfin, & des observations, & des phénomènes analogues.

[ocr errors]

Le tonnerre ce météore étonnant & redoutable, dont l'attente plonge la nature dans un filence profond & craintif, qui s'élance vers le ciel ou en tombe; le tonnerre porte en lui-même la vertu magnétique, principe de l'électricité qui l'a formé." Il la communique aux métaux, qu'il ne détruit pas, & qu'il fe contente d'effleurer. C'eft alnfi qu'il fuit par attraction le fer, & particulièrement toutes les verges de métal; c'eft ainfi que, tombant dans un vaisseau, fur une caiffe de couteaux & d'inftrumens métalliques, il les aimanta fi fortement, qu'ils levoient des poids très-confidérables.

« AnteriorContinuar »