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GRIMPS,

Opufc.

difparoît, & l'efprit lui-même perd fes idées & fon énergie. Alors une vieilleffe prématurée hâte ses ravages; & tous les maux qui affiègent l'homme, accourent, hideux & dégoûtans, lui rendre la vie un fupplice, & précéder fon inévitable deftruction.

S'il n'eft qu'un état de santé, il ne peut y avoir qu'un état de maladie, & on ne doit employer qu'un remède. C'eft dans la nature qu'on peut le trouver. L'art y ajoutera des combinaisons diverfes, il en variera les effets; mais fans pouvoir en changer le principe. La fimplicité, l'unité dans une méthode, feront toujours des préfages heureux qu'elle amène une vérité à sa suite; & la feule idée de ramener la Médecine à un feul agent, à un fluide univerfel & élémentaire, doit mériter l'attention des hommes de l'art.

Avant M. Mesmer, plufieurs Médecins avoient cherché à déduire tous nos maux d'une cause unique. Les uns les attribuoient à un virus vérolique, tranfmis d'âge en âge, dès le moment de la conception de chaque individu. D'autres, tels que Corneille de Bontékoë, au fcorbut qui prenoit tel ou tel caractère de malignité, fuivant les circonf

tances.

tances. Le Docteur Lang, aidé des obfervations de Pline, ayant vu de petits vers dans le fang fiévreux, prétendit que toutes les maladies naiffoient des vers; Hartzoeker de même, leur donnoit pour cause la métamorphofe des infectes qui pulluloient de toutes parts dans le corps humain. Avec plus de fondement Severinus, & fur-tout le célèbre Van-Helmont, ayant découvert les principes du magnétifme, & établiffant. leur théorie par l'expérience & les fuccès annoncèrent que tous les maux étoient produits par la feule abfence d'un fluide vital. qui laiffoit le temps à des fermens étrangers, à des levains pernicieux de fe fixer en nous, & de faire naître la douleur.

Offwald Grimps fuivant le même fyftême, n'attribua qu'à cette feule cause, les infirmités de l'homme; & il affura qu'on ne pouvoit l'en délivrer que par une méthode unique. » C'est vainement, disoit-il, que le » mal prend diverses formes, il faut le com» battre uniformément & fans relâche. La. » nature eft une, le principe de toute def>>truction eft un; on ne peut employer pour » en retarder l'influence cruelle, qu'un ef"prit, un fouffle unique, propre à agite

C

» le principe de vie, & à lui donner plus » d'activité; unitas Spiritûs fuper morbum » agitans confideranda. »

Si Séverin, Grimps & Van-Helmont leur Maître, croyant à une feule fource de nos maux, n'admirent, n'adoptèrent qu'un moyen de les guérir; on ne doit pas penfer qu'ils confeillèrent privativement tel ou tel remède, fans jamais en accroître, en diminuer l'intensité par des combinaisons diverfes. S'ils euffent employé les procédés magnétiques, dont on fe fert en ce moment, il eft à croire qu'ils ne l'auroient pas appliqué indistinctement à tous les malades, dans la perfuafion d'en obtenir toutes les guérifons. Ces Médecins célèbres ne se bornèrent pas à une pratique. S'ils agirent toujours conformément à une méthode unique, ils varièrent fes effets, fes moyens, fes applications. Ainfi que l'ordre de la nature doit être confidéré, ils virent en grand l'Art de guérir; ils le virent fimple dans fon principe, étendu dans fes procédés : ils usèrent donc, fuivant les circonftances, de tout ce qui peut donner à l'homme plus de vigueur, de tout ce qui peut la diminuer. Tantôt ils augmentèrent l'action du principe de vie;

tantôt ils la modérèrent. Ils exerçoient le magnétifme; ils croyoient à fon influence fouveraine, mais non pas circonfcrite dans tels fignes & dans tel genre. Le magnétifme agit généralement dans les alimens, les boiffons, l'exercice, le contact de l'air, & dans les diverfes compofitions pharmaceutiques propres à hâter ou à fufpendre fes effets. Sans doute en bien des cas les procédés qu'on emploie font falutaires & utiles; mais doivent-ils être univerfels? Voir tous les Médecins s'armer de baguettes, s'entourer de baquets, profcrire auffi-tôt la Médecine ufuelle & pratique, c'est peutêtre ne pas connoître la vraie puissance de l'agent qu'ils déïfient. Négliger, d'un autre côté, d'approfondir la théorie du magnétifme & les moyens de rendre les effets plus fenfibles, de faire paffer dans l'homme les émanations de ce principe; ne point chercher fi fon effluence, plus ou moins grande, peut déterminer le fiège des maux, c'eft reffembler aux barbares habitans d'Ephèse. «Si parmi nous, difoient-ils, » quelqu'un veut exceller, ou trouver un » nouvel art, qu'il foit banni; qu'il aille »porter ailleurs fa fupériorité ou fes lu

» mières». Le vif transport de l'enthou fiafme eft auffi dangereux que le repos apathique de l'habitude. L'enthousiasme ne voit ordinairement qu'un des côtés de l'objet récemment découvert; l'autre eft devenue aveugle, & elle ne permet pas qu'on l'éclaire.

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