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CHAPITRE VII I.

Emanations corporelles.

HALES, Sta

gétaux.

Τουτ
TOUT corps a fon atmosphère, & fes
émanations particulières. Le minéral laisse
échapper des fragmens imperceptibles de fa
furface; & la plante répand autour d'elle
une nuée de vapeurs fenfibles. Les fleurs, tiq. des vé-
les fruits, les racines, les tiges des végétaux,
laiffent exhaler une multitude de corpuf-
cules odorans ou fans odeur, dont les effets
ne font pas nuls fur l'économie animale.
De-là, ces évanouiffemens & ces trépas
fubits de perfonnes affectées par l'émanation
des plantes. Le Médecin Levinus Lemnius
sent ses yeux appéfantis, & un fommeil
profond s'emparer de fes fens : jetant alors
des pommes de mandragore renfermées
dans son cabinet, il reprend fon état ordi-
naire. Ainfi, Martin Cromer parle d'un De reb. pos
Evêque de Breslau, fuffoqué par des roses;
& Triller, d'une jeune fille & d'une Com-
teffe de Salm, à qui des bouquets de
violette causèrent des effets finguliers,
fuivis de la mort.

lonic. L.I.

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C'est des débris particuliers de chaque corps que fe forme cette mer immenfe de molécules qui flottent dans les airs, compofent l'atmosphère terreftre, s'attachent aux objets environnans ou qui les attirent, font emportés par les vents dans les régions lointaines, tournent, s'élèvent & s'abaiffent dans le trajet des rayons folaires.

Les animaux & l'homme, foumis à un flux & reflux continuels, abforbent le fluide élémentaire en eux-mêmes, & le lancent au dehors. La peau lâche & peu ferrée le laiffe entrer & fortir par une infinité, par une multitude de pores toujours ouverts. A l'aide du microscope, Lewvenhoeck en compta cent vingt fur la furface d'une ligne quarrée. C'eft la fource de la transpiration infenfible, fi abondante, fi falutaire, & dont les molécules font fi divifées, que Jeur émiffion échappe à la vue la plus perçante.

Sanctorius, après s'être pefé trente ans avant & après chaque repas, prouva que, par la transpiration, l'homme restituoit à l'atmosphère plus de la moitié du poids des alimens folides & liquides qu'il avoit pris. Semblable à une étuve brûlante,'il est donc fans ceffe environné d'une fumée qui s'éva

pore avec abondance, & une expérience de Winflow l'a rendue visible. C'est par l'effet de cette émanation continue, qu'une fille ayant la jauniffe imprimoit,fuivant M. Borel, Médecin à Caftres, une couleur jaune à tous, fes vêtemens, & même à l'argent M. SIGAUD qu'elle portoit fur elle. Un habitant de DELAFOND. Plymouth, qui prenoit tous les matins un peu d'efprit de vitriol dans fa boisson, trouva les clefs qu'il avoit dans fa poche extrêmement rouillées, quoiqu'il ne touchât jamais à cette liqueur, & que n'en ayant point fur lui, elle n'avoit pu s'évaporer.

Ce que le corps perd par la transpiration, lui eft rendu par les alimens & par le fluide vital ou magnétique foutiré de l'atmofphère, & qui lui eft communiqué par les pores que les Anatomistes nomment inhalans. Par l'intermède de ces pores, agissent tous les remèdes externes tels que les frictions, les applications & les bains. De même que l'électricité rend continu l'écou lement d'un fluide dont le cours étoit interrompu, le magnétisme aërien preffe & fait effort par une infinité de conduits, pour faire échapper par d'autres les émiffions corporelles qui entraînent les humeurs

Difc. 5.

rebelles & trop engourdies. Les jets de cer agent utile en procurent d'autres, & renverfent tout ce qui fait obftacle à une circulation libre & falutaire.

Dans fes recherches fur l'électricité Nollet a prouvé qu'un corps long-temps électrifé diminuoit de poids : il en doit être de même de celui qui eft magnétifé. Le fluide ou les principes vitaux que le magnétifme introduit font moins matériels & plus fubtils que les corpufcules qu'il pouffe au dehors l'homme magnétifé doit donc fentir une foibleffe involontaire, qui doit s'accroître à chaque instant. Si on n'a pas cherché encore à déterminer la diminution de fa pefanteur, cette diminution probablement exifte; & ce qui le prouve, c'eft que ceux qui fortent du traitement magnétique ont, pour l'ordinaire, appétit, & cherchent à réparer par la nourriture les déperditions qu'ils ont faites.

Si la certitude des émanations corporelles eft établie, tous les effets de la fympathie & de l'antipathie s'expliquent. Sans porter le flambeau d'une critique trop exacte fur des faits que plufieurs Auteurs ont cités, qu'on me permette d'en choisir quelquesuns & de les rapporter.

CHAPITRE IX.

Il eft des nœuds fecrets, il eft des sympathies,
Dont par les doux rapports les ames afforties
S'attachent l'une à l'autre.

Effets de la fympathie dans l'homme. CETTE attraction des ames dont parle Corneille dans ces vers, eft appelée avec affez de jufteffe par l'Espagnol Balthazar Gracian, la parenté naturelle des efprits & des cœurs. Ce flux, ce reflux permanent du principe vital & des humeurs corporelles dans l'homme, fans lequel le mouvement & la vie s'arrêtent, produit des effets de la fympathie & de l'antipathic, qui deviennent plus naturels & moins merveilleux. L'atmosphère particulier à chaque individu retient du fluide général l'attraction & la répulfion qui lui font propres. Dans les croisemens divers de ces atmosphères individuels, telles émanations font plus attractives entre deux êtres, & telles autres plus répulfives. Il faut donc en revenir alors à la doctrine de l'ancien Rabbin Abraham BenHannas. « L'aimant, disoit-il, attire le fer;

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