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» d'autres, rendre la gorge à voir de la » crême; d'autres, enfin, à voir braffer un » lit. Il peut y avoir à cela quelque propriété >> occulte ».

Jean Pechmann, connu par fes ouvrages théologiques, redoutoit extrêmement le balayage, & la pouffière qui en provient. Dans fa jeuneffe, on le vit plusieurs fois s'élancer vers la fenêtre à l'aspect d'un domestique tenant un balai, & qui venoit dans l'appartement en faire ufage. Dans l'âge mûr, il fuyoit comme un infenfé s'il rencontroit des gen's occupés à balayer le pavé; & le feul bruit de cette occupation suffisoit pour répandre la pâleur fur fon visage & la crainte dans tous fes fens.

Le favant Médecin Danois, Olaüs Borrichius, mort en 1690, a rapporté une foule d'exemples d'antipathie naturelle ; & c'est lui qui nous fournit les fuivans. Il avoit connu à Copenhague un Gentilhomme Ecoffois qui fe trouvoit mal, en voyant de l'anguille rôtie; un Brasseur de bière qui ne pouvoit vanner ni voir vanner de l'orge fans reffentir pendant plufieurs jours de cruelles douleurs au visage; un Laboureur qui faifoit des cris involontaires, lorfqu'il voyoit un cheval ou

un chien, ou lorsqu'il entendoit ouvrir une porte; un Cabaretier qui prenoit la fièvre en appercevant du vinaigre, quoiqu'il pût très-bien en avaler, pourvu qu'il ne le vît pas; une demoiselle, enfin, qui fentoit une défaillance conftante à l'afpect d'une plume voltigeant en l'air, & qui s'évanouiffoit bientôt, fi on ne l'ôtoit promptement de fes regards.

CHAPITRE XI.

Epreuve, ou Jugement de Dieu par le

cercueil.

C'EST l'obfervation de l'antipathie naturelle, & de l'émotion terrible & profonde, imprimée par le meurtrier fanguinaire à celui qui périt fous fes coups, qui fit établir fa condamnation, lorsque le fang fortoit à son approche des plaies de fa victime. L'extenfion de cette épreuve, dans une foule de cas, devint cruelle; mais fa cause, dérivée du magnétisme, fut peut-être plus naturelle qu'on ne l'a pensé.

La réputation des âges, comme celle des individus, eft fouvent le fruit du hafard: on juge fuivant les perceptions & les lumières qu'on a acquifes. L'amour-propre voit-il une coutume, une méthode dont il ignore l'efprit ou l'utilité? Il les croit infenfées, & flétrit du nom de barbare le temps où elles furent en ufage. La poftérité doit nous rendre un jour le mépris que nous avons fi fouvent voué à nos pères. Si les fléaux de la nature, & ceux que l'homme a créés, en

gloutiffent l'imprimerie, ou du moins les écrits qui contiennent les procédés de nos fciences & de nos arts, une nation ignorante & foible, abandonnant le fil des expériences, nous donnera des idées fauffes, nous croira plus crédule qu'elle, & regardera comme des fables nos découvertes & nos fuccès.

L'homme infortuné qui défend fes jours contre un affaffin féroce, rempli d'effroi & du défir de fe venger, eft dans une anxiété douloureuse & extraordinaire. Ses nerfs font tendus; fes mufcles fe foulèvent avec effort; fon fang, échauffé, acquiert le mouvement le plus rapide: de toutes parts s'échappent des courans d'émanations qui s'attachent aux vêtemens & au corps du meurtrier. Si, quelques temps après, ce dernier approche de celui à qui il a donné la mort, ces corpufcules, lancés dans la plaie, peuvent y attirer encore ceux qui leur font analogues, & y réchauffér le fang que le trépas a glacé. Gaffendi, dans fon Traité de Phyfique, ne doute point de ce phénomène. C'est ainsi que s'exprime cet Auteur célèbre : Poteft Part.1, L. 6, aliqua ad huc fieri colluctatio inter occifi Spiritus in fanguine fuperftites, & appellantia ab occifore corpufcula iis confimilia, quæ

Cap. 14.

Antiq. Lect.

occifionis tempore horrorem fummum incur L. 3, Cap. ferunt. Cælius Rhodiginus eft du même fentiment, pourvu qu'on limite le temps de l'épreuve.

12.

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En France, en Allemagne & en Angleterre, pendant le 13e, le 14° & le 15° fiècle, lorfqu'un meurtre avoit été commis, on cherchoit à découvrir l'affaffin, en ordonnant l'épreuve par le cercueil. En effet, l'homme affaffiné étoit placé dans un cercueil; & tous ceux qui étoient foupçonnés du crime, étoient forcés de le toucher. Le moindre mouvement dans les nerfs, les yeux & le fang, étoit un indice frappant, que l'aveu du coupable confirma fouvent.

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Thomas Campanella raconte qu'un cadavre inhumé depuis quelques jours, & enfuite déterré par un orage, laiffa échapper quelques gouttes de fang à la présence du

meurtrier.

Le noble Izenhoff affaffiné, fut trouvé avec une main féparée du corps. Cette main, dit Siméon Gaulantius, fut fufpendue dans la prison, & on plaça au-deffous tous ceux qui furent accufés de cet homicide. Après un temps affez confidérable, un criminel est arrêté; la main déjà féchée femble fe rani

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