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CHAPITRE PREMIER.

ES

Qu'est-ce que le Magnétisme?

LE's Auteurs anciens & nombreux qui ont admis les émanations corporelles, les ont attribuées à la preffion d'un fluide subtil, léger, attractif& répandu dans l'atmosphère. C'est le Magnétifme. Lien général des molécules qui conftituent tous les corps, il les preffe, les traverfe & les foumet à fes directions. Moteur des globes céleftes, il forme. la chaîne qui les unit, & devient la caufe de cette tendance mutuelle, qui les fixe invariablement au lieu qu'ils occupent dans l'efpace. Agent fenfible & puiffant, porté avec l'air, mêlé à l'eau, il s'infinue même où l'air & l'eau ne peuvent pénétrer. Principe actif du mouvement, il circule dans la Nature pour y entretenir la chaleur & la vie; & fon abondance plus ou moins grande femble y établir la férie des êtres. Il paffe de la pierre infenfible aux métaux dont il détermine le mêlange & l'union, de ceux-ci aux végétaux qui ont des formes & des

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fenfations vitales, des végétaux aux animaux, & des animaux à l'homme. Par lui tout s'accroît, tout fe conferve, & peutêtre tout fe détruit. Feu rapide & pur, les peuples l'adorèrent fous l'emblême de cet élément bienfaifant & redoutable: ils en firent avec raifon le defpote de l'univers.

Le Magnétifme a femblé un fils de la Terre; on a cru qu'il prenoit naissance dans fon fein. Il paffe du moins dans toutes fes couches, comme la sève dans les plantes, & le fang dans l'homme. Il combat fon inertic, il l'échauffe; & père de la fécondité, il varie fes productions.

On a fait dériver le nom de Magnétifme de celui de l'aimant, appelé Magnès. Pline rapporte qu'un Berger Grec de ce nom, s'appercevant que le fer de fa houlette étoit violemment attiré vers une pierre, en fit reconnoître la propriété. D'autres Auteurs ont penfé que l'aimant fut nommé Magnès, du nom de la ville de Magnéfie, fituée au pied du mont Sypile dans l'Afie mineure, où ce foffile fut trouvé dans les premiers temps. Laiffons à leur obfcurité ces étymologies. Les Latins prirent des Grecs le nom

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de Magnès; & il eft paffé dans la langue allemande, qui appelle encore l'aimant Magnet (1).

Le fluide magnétique élaboré s'échappe

des pores de la terre & vient entourer les corps qui restent immobiles, ou qui fe meuvent fur fa surface: il a une direction fuivie & des courans déterminés & femblables à ceux de l'aimant. Ce minéral lui-même ne femble être formé que de fes parties les plus matérielles & les plus groffières. Le fer, que les uns ont regardé comme le produit du fouffre, & d'autres avec plus de raison, comme celui d'un fluide condensé avec le limon terreftre, eft le conducteur le plus puiffant de l'agent univerfel, il en propage, il en porte par-tout l'empire. Ce métal en effet eft fi généralement répandu, que quelques Chymiftes l'ont nommé une troisième espèce de terre, en n'en comptant que deux autres, la terre proprement dite & les rochers.

Dans toutes les parties de notre fphère, l'aimant abonde fans doute, mais la foibleffe

(1) Les Espagnols nomment l'aimant Piedramant, les Anglois Adamanstone, & les Italiens Calamita,

attachée aux travaux de l'homme ne permet pas de découvrir les maffes premières, étendues près du centre du globe. Tout annonce cependant qu'elles y exiftent; l'aimant par fa nature cherche les plus grandes profondeurs; & ce qui le prouve, c'eft que le meilleur eft extrait des cavités les plus fouterraines.

CHAPITRE II.

Systême d'Halley.

EDMOND DMOND Halley, que l'Angleterre s'eft fait gloire d'avoir vu naître, digne d'apprécier le génie de Newton, & d'être l'ami de ce grand homme, qui fuccéda à Wallis dans la Géométrie, à Flamftéed dans la connoiffance des mouvemens céleftes, & qui furpaffa & fit oublier ces hommes fameux, Halley ne put expliquer que par les courans magnétiques plufieurs effets de la nature. Il crut que le centre de la térre contenoit un globe énorme d'aimant, dont la rotation particulière produifoit divers phénomènes, Dans fa théorie fur les variations de la bouffole, inférée dans les mémoires de la Société royale de Londres, & qui fe trouve encore dans l'Effai de Physique de Mufchembroëck, publié à Leyde en 1739, Halley démontra, par cette rotation, la déclinaison de l'aiguille aimantée. D'après le mouvement qu'il ofa affigner à ce globe intérieur, il dreffa même une carte des variations de la bouffole; carte qui dirige

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