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mandé à Paris. On fait que fes effais n'y furent pas auffi heureux, & ne répondirent pas à la réputation qu'il s'étoit acquife.

Bléton vient de renouveller publiquement le crédit de la baguette. Il reffent des friffons, des mouvemens fébriles, des fpafmes, des étourdiffemens, lorsqu'il fe trouve fur des mines ou fur des fources fouterraines. M. de Montjoye veut que les émanations métalliques & les courans aqueux interrompent en lui le cours du fluide magnétique, ce qui lui donne des défaillances & un état de langueur & de maladie avec plus d'apparence. M. Thouvenel, qui s'eft occupé particulièrement de cet objet, prétend que les impreffions éprouvées par Bléton, font produites par les courans de matière magnétique, dont les métaux & les caux font les conducteurs les plus puiffans. Leurs émiffions pénétrant abondamment en lui, y opèrent les effets que reffentent les perfonnes magnétifées, dans lesquelles le genre nerveux eft irritable & très-fenfible.

CHAPITRE X V.

Effets de l'attraction & de la répulfion dans les végétaux.

LA

A plante qui, comme l'homme, a fa transpiration & fes émanations caufées par la preffion du fluide magnétique qui la pénètre, & porte dans tous fes fibres l'efprit de vie, a auffi sa sphère particulière d'attraction & de répulfion. De-là, cet attrait que certains végétaux paroiffent avoir pour s'approcher, croître, & périr ensemble. De-là, cette haine qu'on a cru appercevoir entre eux, & ces efforts pour fe repouffer, & s'éloigner mutuellement. Ainfi la vigne paroît fe plaire avec l'ormeau, l'olivier avec l'aloës, le platane avec le figuier, l'agaric avec le cèdre, & l'afperge avec le pouliot & les rofeaux. Ainfi le cacao croit avec vigueur fous l'ombrage de l'ébénier; celui des arbres réfineux eft favorable à la férule & au cotyledon ; & celui des ifs aux diverfes efpèces d'aconit & de solanum.

Par une fympathie femblable, le pavot colore les moiffons; le nénuphar aime la

renoncule, & la ruë aime le nénuphar. Le lys s'élève orgueilleufement près de la rofe; & celle-ci à côté de l'ail, dont l'odeur eft fi forte, femble plus brillante & plus parfumée.

Cette fleur, par un effet contraire, mais qui provient de la même cause, ne fe plaît pas près de l'oignon; le bafilic féche près de la rue; & le chou se flétrit près du cyclamen & de l'origan. Le chêne n'aime pas l'olivier; la vigne fuit le laurier ; & la ciguë périt près de la vigne. Cette plante me rappelle que le Rabbin Ben-Hannas attribuoit, déjà dans le quatorzième siècle, la couleur du vin à la fermentation des particules ferrugineufes du raisin, & à leur union par le magnétisme.

Ce font les effluences de la main de l'homme & de tous les corps qui font fermer les feuilles des fenfitives; & M. Duhamel a obfervé que tous les irritans qui excitent des mouvemens de contraction dans les animaux, font contracter de même, avec plus de force, les feuilles de ces plantes vivaces & fenfibles. La dionæa mufcipula, ou attrape - mouche, les plantés du genre des mimofa, l'oxalis, la fleur de la

martinia annua, celles de la dent de lion & de la pimprenelle, les étamines des fleurs du ciftus helianthemum, de l'épine-vinette, du cactus opuntia, acquièrent des mouvemens d'irritabilité très - marqués. On en pourroit observer de femblables dans une foule d'autres plantes. Il n'en eft point d'infenfibles aux émanations des corps environnans toutes font mues dans des fphères d'attraction & de répulfion réciproques.

Le foleil, dont la chaleur élabore, & rend plus fubtil le fluide magnétique, dilate ou contracte à fon gré les plantes. Le tragopogon, ou barbe de bouc, l'héliotrope, le chamæleon, le chrysanthemum, ou marguerite des prés, la grenadille qui défigne I heure dans les jours fereins, les tulipes, le lys de Perfe, l'anemone, le fouci, indiquent par leurs mouvemens le cours de l'aftre brûlant, dont l'influence attire dans leurs ramifications diverfes le principe qui les vivific. Le foleil colore-t-il de fes rayons la plaine émaillée de fleurs? la régliffe, l'acacia, offrent leurs feuilles étendues, & leurs calices entr'ouverts. Abandonne-t-il l'horifon? les fleurs fe ferment, & les feuilles retombent languiffantes & flétries, Ainfi, une espèce

efpèce de trèfle, fuivant les divers degrés du fluide moteur, mis en action par la chaleur folaire, paroît blanchâtre le matin, fe revêt à midi de pourpre, & redevient le foir jaune & pâle.

C'est l'abondance de ce fluide dans certaines plantes qui les rend propres à émouvoir l'homme, à faire naître en lui les défirs de l'amour. C'eft fon abfence dans d'autres qui appaise l'ardeur des fens, & arrête les projets de la licence & des paffions. Chez les Grecs, on formoit des couronnes d'agnus caftus, pour ceux qui vouloient conferver leur chafteté: tandis que ceux qui vouloient multiplier leurs jouiffances portoient fur eux du fatyrion, nommé auffi orchis, parce qu'il étoit confacré à Orcus ou Pluton, époux ardent de Proferpine, maître du feu, & des régions fouterraines (1). L'orchis a deux bulbes, dont l'une, trèsattractive fuivant les Anciens, faifoit naître des défirs, tandis que l'autre, répulfive, avoit la propriété de les éteindre. Les Theffaliennes, au rapport de Diofcoride, ne négli

(1) Voyez l'Enfer des Peuples anciens, par M. Delandine, 2 vol. in-12. Paris, CUCHET, 1785.

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