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tenoit, fait venir ce chien qui paroît tranquille jufqu'au moment qu'appercevant Macaire au milieu d'une vingtaine d'autres courtisans, il tourne, abboie, & cherche à fe jeter fur lui. Dans ces temps là, on ordonnoit le combat entre l'accufateur & l'accufé, lorfque les preuves du crime n'étoient pas convaincantes: on nommoit ces fortes de combats jugemens de Dieu, parce qu'on étoit perfuadé que le Ciel auroit plutôt fait un miracle, que de laiffer fuccomber l'innocence. Le Roi, frappé de tous les indices qui fe réuniffoient contre Macaire, jugea qu'il échéoit gage de bataille, c'eft-à-dire, qu'il ordonna le duel entre ce Chevalier & le chien. Le champ-clos fut marqué dans l'ifle Notre-Dame à Paris, qui n'étoit alors qu'un terrein vague & inhabité. Macaire étoit armé d'un gros bâton; le chien avoit un tonneau percé pour fa retraite & fes relancemens. On le lâche; auffi-tôt il court, tourne autour de fon adversaire, évite fes coups, le menace tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, le fatigue, & enfin s'élance, le faifit à la gorge, le renverfe & l'oblige de faire l'aveu de fon crime, en présence du Roi & de toute la Cour ».

Un autre exemple, enfin, qui prouve, dans le même animal, la force des émanations, a été configné dans plufieurs Journaux. Un étranger entra au Waux-Hall de la foire Saint-Germain, en 1777, mais la Garde qui fe trouvoit à la porte, retint fon chien. A peine l'étranger avoit fait quelques tours, que fa montre lui fut volée. Il def cendit auffi-tôt au Corps-de-Garde pour demander fon chien, affurant que fi on le laiffoit rentrer avec lui, il découvriroit le voleur. On y confentit. Le chien, en fuivant son maître, fe mit bientôt à la pourfuite d'un homme inconnu, qui fut arrêté, fouillé, & qui avoit fix montres dans fes poches. Elles furent étalées; le chien diftingua à l'instant celle de fon maître, & la lui rapporta.

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CHAPITRE XVI I.

La torpille.

C'EST la doctrine des émiffions & du magnétisme qui peut répandre quelque clarté fur l'étonnante propriété qu'a la torpille d'engourdir douloureusement la main & le bras qui la touchent. Ce phénomène femble produit par l'abfence prefque totale du fluide magnétique dans ce poiffon, dont il n'eft pas poffible même de tirer la moindre étincelle d'électricité. Sitôt que la main de l'homme s'en approche, elle lui communique le fluide qui abonde en elle. Ce fluide tendant à se mettre en équilibre, se répand dans le corps de l'animal, & s'échappant avec abondance, laiffe la partie dont il efflue, dans une ftupeur & un engourdiffement très-fenfibles.

Godefroy Wilh-Schilling fit, en 1764, des expériences curieufes fur l'attraction de l'aimant & de la torpille; & en 1772, M. Walhs, en fit d'autres à la Rochelle fur la communication de l'engourdiffement qu'elle produit. Les unes & les autres prouvent trop

bien le fyftême des émissions, la puissance attractive de l'aimant, le paffage rapide du fluide magnétique d'un corps dans un autre, pour les oublier ici. M. Sigaud de la Fond les a réunies; & on ne peut mieux faire Phyf. Tome que de les rapporter d'après lui.

« Je plaçai, dit M. Wilh-Schilling, dans une Differtation qu'il publia fur une maladie particulière à quelques peuples d'Amérique; je plaçai, dit-il, une torpille de fix pouces de longueur & d'un pouce d'épaiffeur dans un baquet affez grand pour qu'elle pût nager commodément. Elle excitoit des commotions fi violentes, que tous ceux qui la touchèrent, perdirent pour quelques momens la faculté de mouvoir leurs bras & le fentiment dans cette partie ».

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J'approchai, continue-t-il, de ce poiffon un aimant, & je vis l'animal auffitôt se mouvoir dans toutes fes parties, quoiqu'il ne fut touché par aucun corps. Ayant approché l'aimant de plus près, je vis avec étonnement le poiffon faire des efforts pour s'enfuir; mais dès que j'eus approché mon aimant fur l'eau, la torpille s'agita pendant près d'une heure de différentes manières. Elle s'approcha enfin de plus en plus de l'ai

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Dist. de

mant, & s'y attacha de la même manière que le fer s'y attache. Plusieurs perfonnes, parmi lesquelles étoit le Docteur Stok, furent témoins de ce phénomène ».

« Nous féparâmes le poiffon d'avec l'aimant par le moyen d'un inftrument de bois, & avec beaucoup de précautions, parce que perfonne n'ofoit le toucher. Il paroiffoit d'abord fe féparer de lui-même, mais à contre-cœur. Il étoit languiffant; mais lorfqu'il fut à une certaine diftance, il reprit fa première vigueur. Alors un des affiftans le toucha, & il ne reffentit aucune commotion. Peu de jours après, il s'approcha de nouveau de l'aimant, comme s'il en étoit attiré il y demeura attaché pendant près d'une demi-heure; après quoi il quitta l'aimant de lui-même, & alors on pouvoit le toucher impunément. L'aimant n'empêcha pas le poiffon de prendre fa nourriture, quoique fufpendu dans l'eau «.

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Après avoir retiré cette pierre de l'eau, nous la trouvâmes couverte de petites particules ferrugineufes, comme lorfqu'on approche l'aimant de la limaille de fer. Je jettai la torpille dans un baquet, où j'avois fait mettre de petits poiffons, des vers & des

morceaux

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