Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ravane, & arriver à la Mecque. Il y resteroit fous le prétexte de la religion & du commerce, examineroit la bibliothèque commencée, bien avant Mahomet, acheteroit, ou feroit copier les manufcrits les plus intéreffans, & après avoir obfervé le culte, le négoce, & les monumers ce cette ville, dont l'antiquité remonte à Ifmaël, il partiroit avec la caravane de Damas, & fe repoferoit de fes fatigues dans cette belle capitale de la Syrie, où il fe procureroit encore un grand nombre de livres rares, &c. &c.

Le favant qui réuffiroit dans ce voyage, dont les peines & les périls font innombrables, donneroit à l'Europe une histoire absolument neuve des peuples de l'Arabie, car l'intérieur de ce pays n'eft pas plus connu que les forêts de la nouvelle Zélande. Il procureroit à l'histoire naturelle & à la géographie une foule de découvertes intéreffantes, & peut-être auroit-il le bonheur de rendre à Tacite, à Tite-Live, à Diodore de Sicile le complément de leurs ouvrages immortels, car ils ont été traduits par les Arabes.

Lorfque j'eus donné au Public la traduction du Coran, & la vie de Mahomet, plein d'enthousiasme pour les fciences, je propofai ce plan de voyage. Il rencontra des obftacles qui en empêcherent l'exécution, & qui me cauferent beaucoup de chagrin. Il fallut céder à la loi de la néceffité. J'ai depuis ce temps entièrement abandonné ce pro

courage

jet, & j'avoue qu'actuellement je n'aurois pas le de l'entreprendre, ', parce que j'en connois par expérience les périls, & qu'après cinq années de féjour dans ma patrie où je fuis acclimaté de nouveau, ma santé ne foutiendroit peut-être pas une feconde fois les chaleurs dévorantes de l'Afrique & de l'Arabie; mais j'espère que quelqu'Européen enflammé d'amour pour la gloire, & plus riche ou plus favorifé que moi, s'immortalifera en recueillant les connoiffances & les manufcrits dont j'ai parlé, & fur-tout en procurant aux nations éclairées l'hiftoire inconnue des peuples de l'Iemen, de la Mecque, de Médine, & de l'intérieur de l'Arabie.

1

[ocr errors]

Telles font les connoiffances que cinq années de voyages dans les contrées orientales, & l'étude des anciens, m'ont procurées. Vous, Monfieur, qui dans la retraite charmante que vos travaux & vos lumieres ont enrichie de toutes les plantes rares du monde, & d'une foule de livres précieux, m'avez fourni le loifir néceffaire pour rédiger çes lettres, publiées fous les aufpices d'un Prince auguste, dont l'estime vous honore, puiffiez-vous trouver du plaifir à les lire, & les regarder comme un témoignage de ma reconnoissance! J'ai l'honneur d'être avec refpect, Monfieur,

Votre très-humble & très-obéiffant Serviteur SAVARY. Fin des Lettres fur l'Egypte

287

TABLE

DES MATIÈRES

Contenues dans le troifième Volume.

LETTRE PREMIERE.

Détails fur la Température du 'climat.
LES CHALEURS font exceffives dans la Haute-
Egypte, & modérées dans la Baffe. Maladies
peu nombreuses auxquelles les Egyptiens font
fujets. Moyens qu'ils emploient pour se guérir
de la fièvre, & conferver leur fanté. Pendant
une partie de l'hiver & du printemps, le vent
de fud fe fait sentir, & fon fouffle eft pernicieux.
Le refte de l'année les vents du nord entre-
tiennent la falubrité. La lèpre eft inconnue
dans ce pays. La pefte n'en paroît point origi-
naire. Les Européens en s'enfermant se mettent
à l'abri de ce fléau.

LETTRE II, page 19.

Obfervations fur les divers habitans de l'Egypte.
Les Cophtes, defcendans des Egyptiens

>

ont

perdu le génie & les connoiffances de leurs
pères. Les Arabes font après eux les plus an-

[ocr errors]

ciens habitans du pays. Ils y ont regné deux feis. Ceux qui, foumis à la domination des Beys, cultivent les terres, ont perdu la bonne foi naturelle à leur nation; ceux qui vivent fous l'empire de leurs Scheiks, ont conservé leur droiture & leurs vertus. Les Bedouins habitent les déferts, & déclarent la guerre à toutes les caravanes; mais ils font généreux hofpitaliers, & fidèles à leurs fermens. Les Chrétiens de Syrie, les Grecs & les Juifs exercent les arts méchaniques. Les vrais Turcs fe trouvent en petit nombre dans l'Egypte.

LETTRE III, page 45.

[ocr errors]

Obfervations fur le Mariage parmi les Egyptiens. Le mariage élevé à la dignité du facrement parmi les Chrétiens eft indiffoluble. Le légiflateur de l'Arabie fondé fur l'autorité des Patriarches, & entraîné par l'empire de l'ufage, a permis la répudiation ; mais en même-temps il s'eft efforcé de fixer un terme à la fantaisie des hommes. Cérémonies qu'obfervent les Mahometans & les Cophtes lorsqu'ils se marient.

LETTRE IV, page 54.

Révolutions que le commerce d'Egypte à éprouvées depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours.

Etat du commerce d'Egypte fous les Pharaons, les

Perfes

Perfes & les Ptolemées, qui créerent une ma-
rine puifiante fous l'empire des Romains, qui,
guidés par les Egyptiens, pénétrerent jufques.
dans le Bengale. Ce commerce étendu s'affoi-
blit fous les monarques du Bas-Empire. Il fut
prefque anéanti pendant la domination des Ara-
bes. Les Vénitiens s'étant ouvert les ports de
l'Egypte, le rétablirent. Les Portugais le leur
enleverent, & Venife fans négoce, perdit fa
marine & fes provinces éloignées. Tableau du
commerce actuel de ce pays.

LETTRE V, page 91.

Sur l'ancien Culte des Egyptiens, & particuliè
rement fur Athor, une de leurs divinités.
Athor ou la nuit, repréfentoit dans l'opinion des
Prêtres Egyptiens, ces ténèbres répandus fur le
cahos avant la création, que l'Esprit créateur
anima de fon fouffle, & dont il forma l'univers.
Ils regarderent enfuite la lune comme le fym-
bole de ces ténèbres, & la proposerent à la
vénération des peuples; enfin ils étendirent
cette idée jufqu'au temps où le foleil demeu-
rant dans les fignes de l'hémisphère austral, rend
les jours plus courts, & les nuits plus longues.

Tome III.

T

« AnteriorContinuar »