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LES INQUIETUDES

DE L'AMOUR.

CHARMANT ruisseau, c'est près de toi
Que je viens respirer la fraîcheur du feuillage:
Hélas! sais-tu pourquoi ?

O ruisseau! ton aspect me soulage.
J'étais assise sur tes bords,
Lorsque Tircis.... le barbare! il m'oublie,
Mais il m'aimait alors!

Jura de m'adorer durant toute sa vie.
Oui, disait-il, ce ruisseau que tu vois
Remontera plutôt aux lieux de sa naissance,
Oui, plutôt que Tircis se dérobe à tes lois.
O ruisseau! mon Tircis a manqué de constance,
Et moi, tendre toujours, j'ai gardé mon serment.
Tu peux, oui, tu peux maintenant

Remonter vers ta source.

Mais ton onde toujours fuit d'une égale course;
Infortunée ! et cependant,

Hélas! il est trop vrai, j'ai perdu mon amant;
Et je brûle pour lui? je le regrette encore?
Et rien ne peut calmer le feu qui me dévore?...

Peut-être une autre a su, mais moins belle

moi,

Le ranger sous sa loi :

que

Peut-être, en cet instant, sa bouche lui répète Les sermens qu'il me fit de m'aimer à jamais... Ruisseau! si quelquefois cette nymphe inquiète, Sur tes bords enchanteurs vient respirer le frais : Dis-lui que le berger qui l'aime,

Que ce berger jura de m'adorer de même.

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Un jour, pour dissiper l'ombre de ma

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tristesse, J'errais dans les détours de ces bois de lauriers) Immortels ornemens des côteaux du Permesse; Devant moi s'avançaient des poètes altiers, Leurs pinceaux à la main, le lierre sur la tête : Ce spectacle m'attire, et déjà je m'apprête A porter plus avant mes pas audacieux,

Quand un mortel frappe mes yeux
La douce volupté, mollement étendue,
Près de lui sur des fleurs reposait demi-nue;
Et tandis qu'à l'écorce il confiait ses chants,
L'Amour, au doux sourire, aux yeux vifs et
touchans,

La tête sur son corps indolemment penchée,
Lui soufilait tous les feux dont il brûle les cœurs.
Les Grâces à l'Amour enviant ces faveurs,
Et l'ame de dépit profondément touchée,

Autour de lui se rassemblaient en chœurs; Et voulant que leurs mains eussent part à l'ou

vrage,

S'approchaient en dansant, et le semaient de fleurs :

La jalousie, en vain versant des pleurs de rage D'un autre me criait : ces fleurs sont des pavots: Curieux, je m'approche, et ne vois que des roses, Brillantes par leurpourpre et fraichement écloses; Connais-tu ce mortel, vainqueur de cent rivaux, Me dit l'Amour, surpris de me voir sur ses traces, Toi, dont l'œil de sa gloire envisage l'éclat ? Qui, dis-je, quand on voit un mortel près des Grâces,

Craint-on de se tromper en disant : c'est Dorat,

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