Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pag. 160.

confacrés à ce héros. Ces deux ftatues font terminées en gaînes, & dans l'une Hercule paroît avec le caducée, ce que je n'ai remarqué fur aucun autre monument, & dont je vais me fervir pour expliquer un paffage de Cicéron que j'ai rapporté plus haut, & où l'Orateur Romain demande à fon ami Atticus des Hercules-Mercures. J'avois toûjours pensé que par cette expreffion il falloit entendre des ftatues d'Hercule fimplement terminées en gaînes; mais on voit par ce monument que ces ftatues réuniffoient de plus les fymboles de ces deux Divinités.

J'ai fuppofé jufqu'à préfent que ce monument ne repréfente qu'une action; cependant je ne fçai s'il n'a pas rapport à deux victoires remportées par le même athléte en différens endroits. Les deux couronnes & les deux ftatues d'Hercule chargées de différens attributs autorisent cette opinion. J'ajoûte que les deux figures couvertes d'un manteau ressemblent extrémement au vainqueur, & font dans l'attitude de gens qui voyagent. Suivant cette idée, le vase représenteroit un de ces athlétes qui alloient en plufieurs pays faire affaut de force & d'adreffe.

Il n'eft pas facile de déterminer l'ufage que l'on a pû Imp. Rom. num. faire de ce vafe. Patin qui en a publié un à-peu-près femblable, a pensé qu'il avoit fervi à renfermer les cendres. d'un athléte. J'ignore fi le fien avoit pour cela les dimenfions nécessaires; mais je puis bien affûrer que celui-ci ne les a pas. Ce n'étoit peut-être qu'un monument que le vainqueur s'étoit, pour ainfi dire, confacré à lui-même dans fon Laraire ; ou bien il faut le prendre pour un de ces préfens que les athlétes offroient aux Dieux dont ils avoient imploré le fecours avant le combat. Enfin, je croirois volontiers que ceci eft le modéle en petit d'un plus grand vafe. A l'égard du lieu où ce monument a été trouvé, l'athléte pouvoit être originaire de cette petite ville; ou bien le vafe, dont le volume eft médiocre, y a peut-être été transporté.

PLANCHE

LXXXIX.

CETTE urne fépulchrale d'albâtre étoit autrefois de la plus grande magnificence. Le pied & le couvercle font modernes, le refte compris entre les deux lignes que j'ai fait ponctuer eft certainement antique. La prévention n'a aucune part à mon jugement, quand j'affûre que le pied & le couvercle ne font pas dignes du corps auquel ils font unis; la forme en eft pefante, & le travail bien différent. Il faut cependant convenir que l'albâtre eft très-bien afsorti pour la couleur & la qualité ; & j'ajoûterai, pour l'excuse de l'ouvrier moderne, que le corps de cette urne eft d'un fi beau trait & d'une forme fi parfaite, qu'il falloit être trèshabile pour la reftaurer dans le même efprit. L'infcription, dont les lettres font en relief & ont cinq lignes de hauteur, nous apprend que cette urne renfermoit les cendres d'Emilia Mirine, fille de Marcus Æmilius, morte à l'âge de onze ans.

[blocks in formation]

On connoît trop la puiffance & l'étendue de la famille Emilia, pour que je doive en parler, & pour être étonné de toutes les idées de magnificence qu'offre ce monument. Les lettres en relief s'accordoient fans doute autrefois avec l'ornement que l'on voit courir dans une bande au-deffus de l'infcription, & dont l'ouvrage eft aujourd'hui en creux. Le travail en eft un peu éraillé, mais d'une bonne intention. Il en eft abfolument de même de celui des jeux funéraires représentés au-dessus de cette bande d'ornement. Ces jeux font exprimés par des enfans qui luttent & qui chaffent. Voyez Mercurial, J'ai eu foin de développer dans le bas de la Planche ce qui de Art, gymn n'a pû fe trouver dans le point de vue de l'urne. On voit

l'on

y

d'abord deux enfans qui luttent en présence du maître : & remarquera que ce fujet est traité de la même maniére Part. 4. Pl. 55. fur une pierre gravée du Chevalier Maffei. Ces enfans font fuivis par la figure de la Victoire qui tient la couronne prête pour le vainqueur. Un autre enfant précédé d'un chien pourfuit un cerf, comme on le peut voir en fuivant les renvois indiqués par les lettres qui font fur la Planche. L'état où se trouvent ces efpéces de gravûres, me perfuade que tous ces creux n'ont été faits que pour recevoir des incruftations de métaux que l'avarice a détruites. Pour s'en former une idée, il fuffira d'examiner un vase de marbre à-peu-près de même grandeur, poffédé autrefois par le Cardinal Mazarin, & confervé aujourd'hui dans le gardemeuble du Roi parmi un très-grand nombre de richesses en ce genre. Les incruftations qui y reftent encore, car il en a eu quelques-unes d'emportées, font d'or & d'argent. Elles repréfentent des Divinités de la mer. Les figures de l'urne dont il s'agit ici étant du double plus grandes que ces derniéres, doivent faire juger quelle étoit anciennement la beauté de ce morceau, & l'opulence du pere qui avoit confacré ce vase à la mémoire de fa fille. L'ornement courant dont j'ai parlé, & qui eft renfermé dans une bande, conferve encore des reftes de dorures appliquées dans le champ: ce qui me perfuade que ces incruftations pouvoient être d'or; nouvelle preuve du degré d'habileté que les Romains avoient pour la préparation de leur dorure & de leur couleur, qui parmi eux faifoient partie d'un luxe qui n'avoit point de bornes. On a vû plus haut, Planche LXXIX. ce que j'ai dit fur les mordans & fur l'or appliqué pour enrichir les corps liffes & polis; & il ne me refte qu'à donner toutes les dimenfions de cette urne funéraire. Elle a en tout un pied quatre pouces sept lignes de hauteur, fept pouces de diamètre. Le couvercle a trois pouces une ligne. Il eft mobile, & s'emboëte, comme devoit faire l'ancien, dans le corps du vafe qui eft

creux, & parfaitement évuidé. Le pied est élevé de quatre pouces une ligne : ce qui réduit à neuf pouces cinq lignes la partie antique, marquée, comme je l'ai déja dit, entre les deux lignes ponctuées; la bande de l'ornement courant a onze lignes. L'Ordonnateur des jeux ou le maître d'Efcrime eft la plus haute de ces figures: elle a deux pouces fept lignes, quoiqu'affife; enfin les plus petites, qui repréfentent des enfans, ont un peu moins de deux pouces.

[blocks in formation]

IL y a quelques années que l'on trouva dans la petite ville d'Apt, en Provence, un tombeau où étoient renfermés les trois morceaux fuivans, & quelques vafes de verre trèsfimples, accompagnés de deux ou trois urnes lacrymatoires. C'eft ce que m'a mandé M. l'Evêque de Carpentras, à qui une partie de ces antiques fut envoyée, & qui les conferve dans fon cabinet.

N. I.

UNE lampe fort légère, puisqu'elle eft faite d'une espéce de plâtre ou de gypfe couvert fimplement d'une couleur qui cache la blancheur naturelle de cette matiére, & qui lui fait imiter la terre cuite. Je ne dirai rien du fujet dont elle est ornée. Il est fi libre, que j'ai cru devoir le fupprimer. La lampe a trois pouces & demi de diamétre. Le bec qui portoit le lumignon, eft un peu endommagé : d'ailleurs la confervation en eft très-bonne. On lit au-deffous ces mots imprimés en creux avec un moule : C. OPPI. RIV. Ils peuvent être rendus par ceux-ci : CAII. OPPII. RIVALIS. C'eft, fuivant les apparences, le nom de celui qui a fait la lampe. Il eft peu important d'en être affûré : nous ne pouvons aujourd'hui donner la préférence à cet ouvrier.

No. II.

SUR quantité de tombeaux dont quelques-uns ont été découverts en Italie, mais dont la plupart se trouvent en France, & fur-tout à Lyon, on voit une formule composée de ces trois mots, SVB ASCIA DEDICAVIT, tantôt abbrégés, tantôt exprimés tout au long. Avec ces mots, eft gravé un inftrument, dont la forme eft prefque femblable à celui qui eft représenté dans cette Planche. D'autres fois il paroît seul, fans être accompagné de la formule.

Cette fingularité a frappé depuis long-temps les Antiquaires, & a donné lieu à plus de quinze opinions différentes, que je ne crois pas devoir rapporter ici. Il me fuffit d'obferver que l'inftrument dont il s'agit a été fucceffivement regardé comme une gâche ou truelle à détremper le mortier, comme une doloire pour polir le bois qu'on employoit au bûcher, & comme une houe pour remuer la terre & préparer le terrein. Mais il n'eft guère poffible d'en prendre une idée bien nette dans les Recueils des Antiquaires, ou même fur les tombeaux. Des ouvriers ignorans ont pû en altérer la reffemblance; & combien ceux qui les ont copiés d'après ces mêmes tombeaux, en ont-ils défiguré le trait! Il falloit donc, pour répandre quelques lumiéres fur ce point d'antiquité, trouver l'afcia elle-même, & c'eft ce que le hazard semble m'avoir procuré.

Le tombeau dont j'ai parlé au commencement de cet article, renfermoit entr'autres chofes l'inftrument gravé fous deux afpects différens dans cette Planche. Il eft de fer: l'extrémité de la branche la plus longue a été rompue; dans l'état où il eft encore il à cinq pouces trois lignes de longueur, & je ne crois pas qu'il ait eû un pouce de plus lorfqu'il étoit entier. L'ouverture pour recevoir le manche a neuf lignes de long fur fept de large. Il conferve encore fa forme, qui n'a point été altérée par la rouille dont l'inftrument a été attaqué.

« AnteriorContinuar »