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de fer qu'elle tient ordinairement, & qui auroit infailliblement un peu jauni fa terre: j'y étois parvenu même fans faire paffer cette chaux à l'état de régule, ce qui auroit été trèsdifpendieux & peu praticable en grand, Jè me bornois à faire fubir une longue calcination à la mine noire de manganèfe, pour rendre fon fer infoluble; je l'attaquois enfuite par le vinaigre, à l'exemple de M. de la Peyroufe (1); & en précipitant la diffolution par l'alkali effervefcent j'obtenois affez facilement un beau précipité blanc.

Mais je reconnus bientôt que la facilité avec laquelle un corps colorant perd fon phlogistique, n'eft pas un moindre inconvénient que celui de l'attirer, & produit exactement les mêmes altérations. Le blanc de manganèfe jaunit très-promptement à l'air, & dans mes effais cet effet ne pouvoit être attribué à la terre martiale, puifque ni la noix de galle, ni l'alkali pruffique n'en avoient point fait découvrir dans la diffolution.

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On ne réuffit pas à rendre cette couleur plus fixe, en précipitant la manganèfe par la liqueur pruffique; la fécule d'abord trèsblanche paffe au pourpre ou au gris de lin, même en féchant fur le filtre. Ainfi, cette fubftance ne peut être d'aucune utilité en Peinture pour les blancs.

(1) Journal phyf. tom. xvi, pag. 157.

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J'ai annoncé que je réunirois les divers êchantillons qui ont promis plus de fixité, pour leur faire fubir, fous les yeux de l'affemblée, la même épreuve qui lui a démontré le vice des blancs de plomb. Pour cela, je vais placer, dans le même appareil, des morceaux de toile qui ont reçu la peinture d'impreffion du blanc de tartre calcaire à la détrempe, des diverfes préparations de blanc d'étain & de blanc de zinc, à l'huile & à la détrempe je laifferai ces morceaux expofés à la vapeur phlogistique jufqu'à la fin de la féance; s'ils ne reçoivent aucune altération, leur fupériorité fur les blancs en ufage fera fans doute affez bien établie (1).

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Je puis donc offrir à la Peinture ces trois blancs nouveaux, & particuliérement celui de zinc, dont la préparation eft fujette à moins de variations, dont la nuance eft plus vive & plus uniforme, qui fera propre à tous les ufages, & qui fera probablement auffi le plus économique.

Je voudrois pouvoir annoncer encore qu'il

(1) La féance à laquelle préfidoit S.A. S. Monfeigneur le Prince de Condé, Protecteur, dura encore près d'une heure ; & le bocal ayant été ouvert, tous les échantillons furent reconnus de la même nuance qu'ils avoient auparavint.

le fera affez pour remplacer la cérufe dans tous les Arts, & jufques dans la peinture des appartemens : je le voudrois, moins pour ajouter un nouveau luxe à ce genre d'ornement, que pour le falut des Ouvriers que l'on y emploie, & peut-être de ceux qui habitent trop tôt des maisons ainfi ornées. Mais on ne doit pas s'en flatter; & quoique les procédés de fabrication fe fimplifient communément à mefure que la confommation il augmente, y a tout lieu de croire que le bas prix de la cérufe la fera toujours préférer dans ces fortes d'ouvrages.

Pour ceux qui font un plus noble usage des couleurs, ils n'hésiteront pas d'adopter le blanc de zinc : on m'a affuré qu'ils payoient actuellement quatre francs la livre de blanc de Crems; je crois que l'on peut leur donner à fix francs la livre (1) de blanc de zinc, fuivant la préparation que j'ai indiquée comme la plus avantageufe: comme le premier eft beaucoup plus pefant, l'augmentation fera à peu près compenfée par le volume. Au reste, qu'est-ce qu'une demi-piftole ou une piftole de plus dans le prix de la matiere premiere d'un tableau?

&

(1) Le fieur Courtois attaché au Laboratoire de l'Académie, & qui en a entrepris la fabrication, a déjà fait annoncer qu'il le donnoit au prix de 4 l. 10 f., même de 4 liv. pour la feconde qualité ; auffi commencet-on à en faire ufage, même ponr les appartemens moins encore par rapport à fon inaltérabilité, qu'à fa falubrité. Pour juger combien cette confiance eft fondée,' il fuffit de rappeller que les pharmacopées donnent des

Les Peintres qui favent eftimer leur Art, ne regrettent que de ne pouvoir tirer de l'or même des couleurs auffi fixes que ce métal (1) on ne marchande pas l'immortalité.

formules de remedes intérieurs, dans lefquels il entre jufqu'à un demi-gros de fleurs de zinc.

Le fieur Courtois eft parvenu depuis peu, non-feulement à donner plus de corps à ce blanc, ce que les Peintres avoient paru defirer, mais encore à porter l'intensité de fa nuance, au point de foutenir la comparaifon du blanc de plomb à l'huile & à la détrempe.

Le feul défaut qu'on lui ait trouvé, eft de fécher un peu lentement lorsqu'on l'emploie à l'huile; ce qui n'a pas empêché nombre d'Artiftes & d'Amateurs de lui donner jufqu'à ce jour la préférence. Quelques effais m'ont fait jugerque ce défaut feroit corrigé,ou du moins confidérablement diminué par la préparation qui lui donnera plus de corps Au refte,j'avois précédemment indiqué un moyen de le rendre ficcatif à volonté, en y ajoutant un peu de vitriol de zinc (ou couperofe) légèrement calciné. Les Peintres connoiffoient déjà la propriété de ce fel; mais ce qu'ils ne favoient pas, c'eft qu'il fe mêle avec le blanc de zinc mieux qu'avec toute autre couleur : la raifon en eft fenfible, puifqu'il a chymiquement la même bafe; il importe feulement de purger la couperofe blanche d'une petite portion de fer qui la jaunit toujours; & on y parvient facilement en faifant digérer, même à froid, fa diffolution fur de la limaille de zinc. Le mêlange de ce fel ainfi préparé, fe fait alors fur la palette, fans aucune altération; il n'en faut qu'une trèspetite quantité pour produire un grand effet. Note ajoutée.

(1) On a annoncé dans la feuille de M. de la Blancherie, du 10 Juillet 1779, un tableau peint par M. Noté, avec des couleurs que M. le Comte de Milly lui avoit fournies, & qu'il avoit tirées de la platine. Le haut prix de cette fubftance métallique n'a pas empêché de regarder ces couleurs comme précieufes à la Peinture, fi elles étoient auffi folides qu'elles le paroiffoient.

MÉMOIRE

SUR la conftruction d'un Hôpital, dans lequel on détermine quel est le meilleur moyen à employer pour entretenir dans les infirmeries un air pur & falubre.

PAR M. MARET.

LE nombre des malades que la charité

engage à recevoir dans les Hôpitaux, porte l'air des infirmeries à un degré de corruption fouvent funefte, & toujours dangereux.

Cette terrible vérité a fait imaginer différens moyens de prévenir cette altération de l'air & de la corriger. Mais jufqu'à présent le fuccès n'a pas parfaitement répondu aux efpérances qu'on en avoit conçues.

Les réflexions que j'ai faites fur les effets que ces différens moyens étoient capables de produire, en m'éclairant fur la caufe de leur inefficacité, m'ont fait penfer qu'il étoit poffible de conferver l'air des infirmeries dans un état de puretét qui éloignâ l'infection & les dangers qui en font inféparables, & que tout confiftoit à construire les falles des infirmeries, de maniere que la maffe de l'air

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