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Mes réflexions fur l'état de l'air dans les infirmeries m'ayant rendu cette affertion fufpecte, j'ai voulu vérifier le fait, & l'expérience la plus décifive a juftifié mes foupçons. Elle a été faite fur ma demande à l'Hôpital de Lyon, par Mr. Mievre puîné, un des Recteurs de cette Maison. Il a fait placer dans un des dômes, plufieurs oifeaux renfermés dans des cages; au bout de quinze jours ces ́ oiseaux fe portoient à merveille. Il y a fait mettre de la viande fraiche, & en a fait fufpendre en même temps dans la falle à la hauteur du lit des malades; celle-ci a été corrompue en moins de vingt-quatre heures, tandis que l'autre ne l'étoit pas après cinq jours d'expofition.

Cette expérience montre donc évidemment que l'air n'eft point auffi infect qu'on l'avoit cru dans les dômes de cet Hôpital, & qu'il l'eft infiniment plus dans les falles; & venant à l'appui des raifonnemens que j'ai faits fur la maniere dont l'air s'infectoit dans les infirmeries, elle m'autorife à donner pour certain, que dans ces falles les couches les plus rapprochées des malades font feules infectes,

fin de ce Mémoire on y verra que ce grand homme, fur les deffins duquel a été conftruit un des domes de l'Hôtel-Dieu de Lyon, avoit goûté mon projet; & d'après la notice fuccincte que j'en avois donnée dans le Journal de Paris, du 10 Avril, avoit tracé le plan d'un Hôpital conformément à mes idées, & me l'avoit envoyé. Un fuffrage d'un auffi grand poids eft trop flatteur pour que je ne le cite pas avec fatisfaction.

ou tout au moins le font infiniment plus que toutes les autres, quelque confidérable que foit le volume d'air renfermé dans ces falles; qu'ainfi l'on s'eft évidemment trompé quand cn a cru s'opposer à cette infection en donnant beaucoup de hauteur aux plafonds, en cherchant à fuppléer à leur élévation par la conftruction des Dômes.

VI. L'air condenfé des couches fupérieures fera cependant effort fur celui des inférieures dont le reffort eft affoibli; il tendra à le déplacer, & le forcera même fucceffivement à Îui céder la place qu'il occupe. Mais cet air, en s'élevant, n'entrainera pas toutes les émanations qu'il a diffoutes; celui qui lui fuccéde étant beaucoup plus froid, lui enlevera une partie du feu qu'il contient, & les émanations qui n'étoient tenues en diffolution qu'à l'aide de ce feu, fe précipiteront. Il arrivera que ce nouvel air fera, à raifon de fa denfité, l'office d'un filtre qui en dépouillera en grande partie celui qui s'éleverà. Ce dépouillement fera d'autant plus complet, que le volume d'air à traverser sera plus confidérable, & les émanations, retenues & repouffées fur les premieres couches, entretiendront l'altération de l'air dans les infirmeries, au lieu de la corriger. L'infection fubfiftera donc malgré les efforts de l'air supérieur; elle augmentera même si cet air est très-condensé, fur-tout fi une impulfion ajoute à la réfiftance que cet air oppofera à l'afcenfion des

vapeurs

vapeurs. Ce qui se paffe fous nos yeux dans l'athmosphere, me paroît bien favorable à cette explication. L'air fupérieur y pefe continuellement fur l'inférieur; les vapeurs cependant ne s'élevent jamais qu'à très-peu de hauteur, eû égard à celle de l'athmosphere, & leur élévation est toujours proportionnée à la raréfaction de l'air (1).

VII. On doit donc regarder comme indubitable, non-feulement que l'air s'altere inégalement dans les infirmeries, mais encore que plus le volume d'air y eft confidérable, moins les couches fupérieures participent à la corruption. Le meilleur moyen de prévenir ou de corriger les mauvaises qualités que l'air acquiert dans ces falles, eft d'y en introduire du dehors, en même temps qu'on ouvre une iffue à celui qui a été altéré par fon féjour. Mais la maniere de produire cet effet defirable, la direction à donner aux courans d'air, n'eft point indifférente; on en fera aifément convaincu quand on fe fera rendu compte des loix fuivant lefquelles fe fait la circula

(1) Mr. Darcet a remarqué fur le pic du midi des Pyrénées, que l'alkali fixe y reftoit fec & pulvérulent pendant très-long-temps; qu'un flacon d'efprit de fel trèsfumeux s'évaporoit infiniment moins qu'au bas de la montagne, & fur-tout ne formoit point de vapeurs vifibles, mais que fon baleine approchée du flacon en avoit rendu une fenfible. Journal de Phyfique, de M. l'Abbé Rozier, VIII. vol. p. 403, année 1776.

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'éprouve qu'une foible réfiftance: cet axe levient oblique, la bafe des cônes s'allonge, forme une ellipfe, lorfque la résistance eft plus confidérable; & le point où la résistance eft moindre, eft celui où tend l'axe du cône.

XI. Il fuit de cette tendance de l'axe du cône, que la direction des courans varie relativement à la pofition des iffues ouvertes à l'air; qu'elle eft horizontale & droite, quand ces iffues font paralleles & à la même hauteur; horizontale & oblique, quand, fans être paralleles, elles ont un égal degré d'élévation; enfin, plus ou moins verticale & directe, ou oblique, lorfque ces iffues font plus ou moins élevées, & dans une fituation refpective plus ou moins oblique.

XII. Si le courant eft dirigé fur un corps folide, le cône dont il eft formé fe décompofe, fes rayons fe réflêchiffent fous différens angles, & contribuent à la formation de quelques nouveaux cônes ou de faisceaux plus ou moins épanouis. La direction de ces faifceaux, de même que celle des cônes, varie fuivant la pofition, & encore fuivant la forme des obftacles. Mais dans toutes ces circonftances, les côtés des courans comme ceux des faisceaux, font toujours des lignes droites.

XIII. Pour fentir la vérité de ce que j'avance fur la forme & la marche des courans, on a qu'à faire attention à ce qui arrive

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