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que le gaz contenu dans ce calce régénéré, eft de l'acide méphitique ou air fixe, ainfi qu'on l'a toujours cru. Secondement, que l'alkali dégagé par la Crême de Chaux, n'eft point cauftique.

Je vais rendre compte de ces expériences, & en mettre les réfultats fous les yeux de l'Académie : s'ils contredifent le fait annoncé par M. Bucquet, c'eft fans doute que ce favant Chymiste a été trompé, comme je l'ai été dans mes premieres expériences, par quelques circonftances qui ont échappé à fa fagacité.

J'ai pris deux gros de Crême de Chaux, j'ai verfé deffus de l'acide vitriolique. Il y a eu effervefcence peu vive & dégagement d'un gaz peu abondant, qui a été reçu dans un matras plein d'eau. J'ai agité le matras, & ce gaz a prefque été abforbé en entier. Cette eau avoit acquis le piquant de celle qui eft chargée d'acide méphitique, & versée dans de l'eau de chaux, elle l'a blanchie en régénérant le calce.

J'ai réitéré la même expérience avec pareille quantité de Crême de Chaux; mais en me fervant d'efprit de nitre affoibli par de l'eau diftillée, il y a eu vive effervescence & dégagement d'un gaz très-abondant, que l'eau a également abforbé : le mélange de cette eau ainfi chargée, avec de l'eau de chaux, a de même régénéré le calce.

Ces expériences prouvent d'une maniere évidente, que le gaz dégagé de la Crême dé

Chaux n'eft point un air déphlogistiqué, mais un véritable acide méphitique, un véritable air fixe. Quelque concluantes cependant qu'elles foient, j'ai cherché à les étayer par d'autres non moins décifives.

J'ai dégagé de nouveau, par l'acide nitreux affoibli, le gaz contenu dans la Crême de Chaux; j'ai fait paffer de ce gaz dans un bocal; j'y ai plongé une bougie allumée, elle s'y eft éteinte fur le champ.

J'ai rallumé la bougie, & je l'ai defcendue dans un autre bocal où il n'y avoit que l'air de l'athmosphere, elle y a brûlé tranquillement. J'ai alors verfé l'air de l'autre bocal dans celui-ci. Dès qu'il y en a eu une affez grande quantité pour s'élever à la hauteur du lumignon, la bougie s'eft éteinte. J'ai réitéré la même expérience par une nouvelle tranfvafation, & l'effet a toujours été le même. Enfin, j'ai verfé de l'eau de chaux dans ce bocal, & elle a blanchi fur le champ. Toutes ces expériences prouvent évidemment que le gaz dégagé de la Crême de Chaux n'eft point un air déphlogistiqué, mais un acide méphitique, un air fixe.

Le résultat de ces expériences rendoit encore plus néceffaire de répéter celle de M. Bucquet pour l'extraction de l'alkali volatil par le moyen de la Crême de Chaux, puifque fi réellement l'alkali obtenu par ce procédé, étoit fluor, ç'auroit été un nouveau problême à réfoudre, & qu'il auroit fallu chercher alors pourquoi dans cette opération

un acide méphitique ne fe feroit pas combiné avec l'alkali volatil, & ne l'auroit pas rendu concret & non cauftique.

J'ai pris en conféquence quinze gros de Crême de Chaux & cinq gros de muriate ammoniacal. J'ai procédé comme à l'ordinaire pour l'extraction de l'alkali volatil, en ajoutant au mélange quatre gros d'eau distillée. Il eft paffé dans le ballon de l'alkali volatil diffous dans l'eau qui s'eft élevée par la diftillation, & le cou de la cornue a été tapiffé d'un fel concret.

L'état fluide de l'alkali raffemblé dans le ballon, me fit d'abord préfumer que cet alkali étoit cauftique. Mais je verfai deffus quelques gouttes d'acide vitriolique, & l'effervefcence vive qui fuivit ce mélange, me démontra que cet alkali n'étoit point cauftique.

La théorie d'après laquelle nous avons expliqué la qualité cauftique de l'alkali volatil fluor, n'eft donc point affoiblie par l'objection prife de l'action de la Crême de Chaux dans le dégagement de cet alkali, & cette action ne fert qu'à la confirmer.

Mais il eft de fait que cet alkali extrait par le moyen du Minium, fans être auffi cauftique que celui que donne la Chaux, l'eft cependant très-fenfiblement. Il est de fait auffi que le Minium eft une terre de plomb faturée d'air, de même que la Crême de Chaux eft une terre calcaire combinée avec de l'air. Pourquoi celle-ci donne-t-elle un alkali non

cauftique, tandis que l'autre en donne un cauftique? Il m'a paru important de réfoudre ce nouveau problême, & j'en ai tenté la folution par le dégagement de l'air uni à la terre métallique du plomb.

Le fuccès de ces expériences me fit former le projet de chercher la folution d'une nouvelle objection que je m'étois fouvent faite, & qui pouvoit laiffer encore quelqu'incertitude fur la vérité de notre théorie.

Je favois qu'on fe procuroit un alkali volatil fluor, en diftillant du muriate ammoniacal avec du Minium, & j'en avois plufieurs fois retiré par ce procédé.

Le Minium eft une chaux de plomb, c'està-dire un fel terreux, compofé de la terre du plomb & de l'acide méphitique.

Comme le même acide fe trouve dans la Crême de Chaux & dans le calce, qu'en abandonnant fa bafe, il s'unit à l'alkali volatil & le méphitife; il fembloit que la même chofe devoit avoir lieu lorfqu'on employoit du Minium au dégagement de l'alkali volatil contenu dans le muriate ammoniacal, & je crus important de découvrir pourquoi dans l'opération, avec cette Chaux, on obtenoit un alkali volatil fluor.

Je penfai que tout confiftoit à apprécier le gaz qui fe dégageroit du Minium, & dans cette idée je foumis cette Chaux métallique à différentes expériences dont je vais rendre compte.

Je verfai de l'acide vitriolique fur deux

gros

d'effervescence,

gros de Minium; il y eut peu & il s'en dégagea très-lentement fi peu d'air que je ne pus apprécier le gaz que cette opération me donna.

Je tentai la même expérience avec de l'acide nitreux; & quoique dans celle-ci j'eus un peu plus de gaz, la quantité que j'en retirai, ne fuffit pas pour en faire des effais concluans.

Ce peu de fuccès me détermina à dégager cet air par l'action du feu. Je mis deux onces de Minium dans un petit matras auquel j'adaptai un appareil pneumatique ; je plaçai le matras dans un creufet rempli de fable, & je l'expofai à un feu affez grand pour faire rougir le creufet & le matras, il paffa dans le récipient un gaz fur lequel je fis les expériences fuivantes.

J'en paffai dans une bouteille pleine d'eau, j'agitai la bouteille, & il s'en abforba environ une fixième partie.

Je mis dans une jauge une mesure de gaz nitreux, & j'y fis paffer enfuite une mesure du gaz tiré du Minium, il y eut une absorption à peu près des cinq fixiémes & des vapeurs rouges, mais peu confidérables. Cette expérience répétée deux fois, me préfenta toujours le même phénomène.

J'approchai une bougie allumée du goulot d'une bouteille où j'avois mis de ce gaz, il n'y eut point d'inflammation.

Je plongeai dans un bocal plein du même gaz, une bougie allumée, elle continua à y brûler: fa flamme cependant n'y avoit guere

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