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imaginées en fit construire pour joindre enfemble les canaux de Milan, & ce font celles-ci qui ont fervi de modele à toutes les autres; mais depuis qu'on les a pratiquées pour la premiere fois, il ne paroît pas que l'on ait encore beaucoup cherché à les perfectionner.

La feule différence que l'on trouve entre toutes les éclufes que l'on a conftruites jufqu'à ce jour, confifte dans l'objet de leur faire contenir un ou plufieurs bateaux, de joindre ensemble plufieurs fas, ou de les faire tous ifolés, de faire leurs bas joyers en ligne droite ou en ligne courbe, & dans la maniere de faire paffer l'eau du canal fupérieur dans le fas, & dans certains cas d'en ménager la quantité. Mais l'on a peu recherché quels étoient les avantages & les inconvéniens de ces diférentes méthodes; & à l'exception de M. Belldor qui a rapporté la plupart des ouvrages qui fe font faits en ce genre, & quia cherché a determiner la faillie la plus avantageuse oue l'on pouvoit donner aux bufqs, il ne paroit pas que l'on ait fuivi des principestonces pour régler les mes ye nérales de ces fortes d'ouvrage mentions que l'on doit donner leurs partic

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de la folution de cette queftion que dépendent toutes les autres.

Je ferai voir enfuite quels font les avantages & les inconvéniens des différentes manieres dont nous nous fervons des éclufes (1), foit en en joignant plufieurs enfemble, les unes à la fuite des autres, foit en les employant féparément.

Je remarquerai dans quel cas on peut employer des éclufes qui contiennent plufieurs bateaux; & quelles font les occafions où l'on peut leur donner différentes chûtes pour un même canal.

J'examinerai dans la feconde partie quelle eft la forme que l'on doit donner aux éclufes, & quelles font les dimenfiors que doivent avoir chacune de leurs parties: je chercherai enfin les moyens de ménager davantage qu'on ne le fait, la quantité d'eau qu'elles dépenfent, & ceux de donner à ces édifices plus de durée, & de les rendre fujets à moins d'entretien.

Je ferai obligé, pour appliquer les principes à des exemples, de citer quelques inconvéniens des canaux exécutés jufqu'à préfent, & qui ont eu une approbation prefque générale; mais en y faifant appercevoir des défauts néceffaires à remarquer, pour parvenir à leur perfection, je fuis loin de porter

(1) Par le mot d'écluse j'entendrai toujours le fas ou la chambre dans laquelle monte & defcend le bateau, les portes d'amont & d'aval & les épaulemens avant & après ces portes, ainfi que les ailes acceffoires.

un efprit de critique fur les Auteurs de ces fameux ouvrages, à qui nous avons toute l'obligation d'un art fi utile aux befoins des hommes.

PREMIERE PARTIE.

Quoique la premiere queftion qui fe préfente, concernant les canaux de navigation avec point de partage, foit de connoître la quantité d'eau qu'il faudra tirer de ce point de partage, pour faire paffer chaque bateau: il y a cependant apparence que l'on ne fait pas encore à quoi s'en tenir fur cet objet.

L'opinion commune eft que les bateaux dépenfent toujours deux éclufées dans leur traverfée; il eft cependant certain qu'il y a beaucoup de circonstances où ils n'en dépenfent qu'une feule, & d'autres où ils en dépenfent beaucoup plus de deux.

Lorfque les éclufes font affez éloignées pour qu'une éclufée prife dans les biefs qui fe trouvent entre deux éclufes, ne faffe pas baiffer l'eau affez confidérablement pour empêcher un bateau de naviger, alors les éclufes inférieures fe rempliffent avec l'eau de ces biefs, & l'on n'eft obligé d'en tirer du point de partage, que pour remplacer la premiere éclufée, & la même eau remplit enfuite fucceffivement toutes les autres éclufes: mais lorfque l'on a plufieurs éclufes qui fe fuivent de très-près, ou lorfqu'elles font contigues, & qu'un bateau en defcendant, les a laiffé toutes vuides, il faut néceffairement, pour faire

monter un autre bateau, les remplir toutes, & tirer toute l'eau néceffaire du bief qui eft au-deffus des éclufes fi elles font contigues, ou en tirer la plus grande partie, fi ces éclufes font très-proches les unes des autres.

L'on voit par ce feul exemple, qu'il y a des cas où une éclufée ne fuffit pas à beaucoup près pour faire monter un bateau.

Mais avant que de déterminer la quantité d'eau que dépenfent moyennement les bateaux dans leur traversée, il est néceffaire de favoir à quelle distance l'on doit placer les éclufes entr'elles, afin que l'on puiffe tirer une éclufée du bief fupérieur à chaque éclufe, fans faire baiffer l'eau dans ce bief affez confidérablement pour gêner la navigation.

S. Ier. Quelle eft la moindre longueur à laquelle on doit fixer la distance entre les éclufes

On donne ordinairement aux canaux un pied de profondeur d'eau de plus que celle que prennent les bateaux chargés, ainfi l'on peut aifément en faire baiffer l'eau de fix pouces, fans que la navigation foit interceptée; & fi l'on veut tirer chaque éclufée du bief qui lui eft fupérieur, l'on doit régler la moindre distance entre les éclufes, de telle forte que la quantité d'eau que dépenfe l'une d'elles, ne faffe baiffer celle du bief fupérieur que de fix pouces au plus;

ainfi cette distance doit être d'autant plus grande, que les fas des éclufes contiennent plus d'eau, & que les canaux foient plus étroits.

L'on verra par la note ci-deffous (1), que les fas de cent pieds de longueur entre les portes, fur feize pieds de largeur & huit pieds de hauteur de chûte, doivent être placés à quatre-vingt-quinze toifes les uns des autres, dans des canaux de quarante-cinq pieds de largeur; & comme ces dimentions font celles qui font les plus ordinaires pour les canaux & pour les éclufes, lorsque je parlerai d'éclufes éloignées, j'entendrai toujours qu'il y aura environ cent toifes d'intervalle entre les portes d'aval de l'une, & les portes d'amont de l'autre.

(1) Les fas de cent pieds de longueur entre les portes, fur feize pieds de largeur, tels à peu près que ceux du canal de Briarre, contiennent quarante-cing toifes de fuperficie, par conféquent quarante-cinq toifes cube lorfque la chûte eft de fix pieds; foixante toifes lorfqu'elle eft de huit pieds, & foixante & quinze toifes lorfqu'elle eft de dix pieds.

Si le canal a quarante-cinq pieds de largeur, à trois pouces au deffous du niveau ordinaire de l'eau, on trouve que la longueur des biefs doit être de foixante & dix toifes, pour que la dépense des éclufes de fix pieds de chûte ne falle baiffer l'eau que de fix pouces; cette longueur doit être de quatre-vingt-quinze toifes, lorfque les éclufes auront huit pieds de chûte, & de cent dix-huit toifes pour celles de dix pieds. L'on a eu égard, dans le calcul, à la fuperficie de l'eau dans les parties des éclufes au delà des fas, qui contiennent vingt-neuf toiles.

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