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bateaux dépenfent quinze cent vingt-huit toites cubes; au lieu qu'ils n'en dépenferoient que trois cent quatre-vingt-cinq, fi toutes les éclufes étoient ifolées, qu'elles n'euffent que la chûte moyenne de celles de ce canal, qui eft de fept pieds dix pouces, & que leur fas fût rectangulaire; la forme ovale qu'on leur donne, eft, comme nous le verrons ciaprès, une des caufes principales de la grande quantité d'eau que dépenfent ces éclufes.

Je me fuis borné à calculer la dépenfe de l'eau fur les éclufes qui font proche du point de partage, quoiqu'il s'en trouve de plus élevées dans la même prife d'eau, telle que la neuvième après le point de partage du côté de Toulouse, qui a douze pieds de chûte, & la trente-uniéme du côté de Beziers, qui a douze pieds fept pouces mais celles-ci font un peu éloignées du point de partage, elles font placées à la fuite de biefs affez longs; & comme ces bateaux paffent des deux côtés, les éclufes contigues qui dépensent beaucoup d'eau en pure perte, compenfent celles qu'une plus grande hauteur exigeroit. Cependant fi une grande quantité de bateaux venoient à la fuite les uns des autres, il fau droit toujours, du côté de la defcente compter la plus haute des éclufes, ce qui augmenteroit encore la quantité d'eau trouvée.

L'on voit par ces exemples, que la diftribution des chûtes des éclufes fait perdre beaucoup d'eau dans ces deux canaux, puifque fi leurs éclufes étoient rectifiées, avec la

quantité d'eau actuelle on feroit paffer quatre fois plus de bateaux qu'il n'en paffe fur le canal de Languedoc, & environ le double par le canal de Briarre. Lorfqu'on fe fert dans celui-ci des éclufes à deux bateaux, qui joignent le point de partage, la différence eft bien plus confidérable; il eft vrai que l'on ne fe fert de ces éclufes, que lorfque les eaux font hautes, & qu'alors on eft moins intéreffé à les ménager que lorfqu'elles font baffes cependant, comme on diminue toujours par-là l'eau des réfervoirs, il n'en eft pas moins vrai que fi elle étoit bien ménagée, ces réfervoirs en fourniroient plus longtemps.

Enfin, on peut conclure que s'il n'y a actuellement de l'eau que pour faire paffer cinq mille bateaux aux canaux de Languedoc & de Briarre, & que l'on rectifiât leurs éclufes en leur donnant des chûtes uniformes, & les faifant toutes ifolées, la même eau feroit paffer dix-neuf mille huit cents bateaux au canal de Languedoc, & douze mille fix cents à celui de Briarrę.

Ces confidérations font d'autant plus importantes, que l'on fait qu'il n'y a pas plus d'eau qu'il n'en faut au canal de Languedoc, & que le canal de Briarre en manque fouvent. Il feroit affez difficile de remédier entiérement aux éclufes du canal de Languedoc, par rapport à leur forme qu'il faudroit changer; mais du moins on pourroit ifoler les éclufes contigues qui font près du point de partage, ce

qui ne feroit pas un objet de dépense bien confidérable.

On pourroit même, fans détruire ces éclufes, corriger ce défaut, en faifant à côté des fas des réfervoirs pour y faire paffer une partie de l'eau, & ce feroit probablement le remede le plus économique. On en pourroit ufer de même pour les éclufes qui ont une trop grande hauteur de chûte; il arriveroit affez fouvent que l'on n'auroit pas befoin de fe fervir de ces réservoirs pour les éclufes contigues en descendant, mais l'on en auroit toujours befoin pour les éclufes qui ont beaucoup de hauteur. Il y a pour ces fortes d'éclufes à réfervoirs, une perte de temps, mais elle n'est pas confidérable.

A l'égard du canal de Briarre, il n'y auroit qu'à changer les fept éclufes contigues de Rhofni, & les quatre du moulin Brûlé, en les plaçant fur le côteau environ à égale distance les unes des autres : ce côteau eft très-bien difpofé pour cet objet, & n'est point rapide. D'ailleurs les éclufes de Rhofni perdent encore une grande quantité d'eau par les filtrations qu'il eft extrêmement difficile d'empêcher dans des éclufes contigues, dont la chûte totale eft auffi élevée que celles-ci parce que la charge de l'eau eft fi confidérable, que la moindre filtration forme bientôt ce que l'on appelle un renard, par où paffe une très-grande quantité d'eau.

Quoique la quantité d'eau qui fournit au paffage des bateaux par les éclufes, ne foit

pas la feule qu'il foit néceffaire de tirer du point de partage, puifqu'il faut qu'il fournie auffi à la perte qui s'en fait par les filtrations, qui quelquefois font fort confidérables, & à celle des évaporations, qui dans certains temps de l'année font très-fortes ; cependant la quantité d'eau qu'il faut employer pour faire monter & defcendre les bateaux, eft toujours, fans contredit, celle qu'il faut principalement confidérer ; & il faudroit qu'un canal fût bien peu fréquenté, pour que la perte qui fe fait par les évaporations & les filtrations, fût la moitié de la quantité néceffaire au fervice des éclufes ; par conféquent, les calculs que j'ai donnés par rapport aux canaux de Briarre & de Languedoc, reftent dans toute leur force.

La feconde partie de ce Mémoire paroîtra dans le Cahier fuivant.

OBSERVATIONS

MINERALOGIQUES

E T

CHYMIQUES,

SUR le Spat pefant, & fur la maniere d'en retirer le Barote ou terre barotique.

PAR M. DE MORVEAU.

LE fpat pefant eft un matiere connue

depuis peu de temps (1), & d'autant plus intéreffante pour la Minéralogie, que la nature femble l'avoir deftinée à accompagner prefque tous les métaux dans leurs filons: la terre que l'on retire de ce minéral est

(1) La propriété phofphorique de la pierre de Bollogne, calcinée avec le charbon, a été connue de Montalbanus, de Poterius, de Lemery & de plufieurs autres. Le célèbre Margraff a fait voir que cette propriété étoit commune à plufieurs espèces de pierres d'Halsbruk, de Wisenthal, de Freyberg, de Clauftal, &c. qu'il appelle, Spat fufible pefant, & qui ne font en effet que du vrai fpat pefant. Dans l'ana→ lyfe qu'il a faite de ces pierres, il a bien découvert l'acide vitriolique par l'odeur du foufre; mais on ne peut s'empêcher d'être étonné qu'un Auteur auffi exact ait pris la terre du fpat pefant pour une vraie terre de chaux, & qu'il n'ait pas même obfervé l'indiffolubilité

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