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très-ordinaire des maladies du foie, & que Fallope prétendit que ces efpèces de calculs étoient en quelque maniere plus communs que ceux de la veffie. On les obferve néanmoins très-rarement dans l'enfance & dans la jeuneffe; car ils attaquent plus particuliérement les perfonnes avancées en âge; l'abus des liqueurs fpiritueufes chez les hommes, le temps critique chez les femmes, femblent favorifer leur formation: il eft même des Pays où ces concrétions paroiffent être plus fréquentes. Mais rien ne contribue davantage à les faire naître, que la vie fédentaire & les longs chagrins. L'homme d'étude furtout, s'il aime la bonne chere, s'il travaille d'abord après fes repas, s'il s'affied & fe courbe fur une table, de forte que tous les vifceres du bas-ventre, & particuliérement le foie, fe trouvent comprimés par l'eftomac trop rempli; l'homme miné par les chagrins, & qui refte dans l'inaction; font très-expofés à cette maladie. Haller rapporte qu'il a trouvé très fouvent des calculs dans la véficule de ceux qui avoient été long-temps retenus dans les prifons. Ces concrétions fe forment dans les différens canaux biliaires, & plus communément dans la véficule du fiel, où la bile eft plus épaiffe & féjourne plus long-temps, vû la foibleffe des tuniques de cette poche membraneufe; foibleffe qu'augmente encore la bile par fon féjour, de même que les urines retenues augmentent celle de la veffie. D'ailleurs, la bile ne fort

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de la véhicule du fiel que par un conduit oblique, de forte que la preffion de l'eftomac n'en exprime fouvent que la partie plus ténue, tandis que la plus épaiffe refte & forme aifément des concrétions.

Ces pierres peuvent refter long-temps dans la véhicule du fiel, & même dans le conduit cyftique, fans incommoder beaucoup. Ainfi, Malpighi (1) fait obferver qu'il faut que les conduits hépatiques ou colédoques foient obftrués, pour que la colique & la jauniffe furviennent. M. Petit (2) a trouvé des pierres dans la véhicule du fiel, & même dans la veffie de plufieurs cadavres, où on ne les foupçonnoit point, parce qu'elles n'avoient jamais caufé le moindre accident pendant la vie. M. Heberden (3) fait la même remarque. Je pourrois étayer l'opinion de ces Auteurs de plufieurs obfervations; mais la multiplicité de celles qui ont été publiées fur cet objet, les rendroit inutiles. La véficule du fiel paroît devoir être peu fufceptible d'irritation, vû la grande dilatation & l'accroiffement confidérable dont elle eft fufceptible; il femble également que la fenfibilité n'a lieu jufqu'à certain point dans les conduits, qu'autant qu'ils fe rapprochent du duodenum.

1) De fedibus & caufis morborum, lib. 111, epist. 37. (2) Mémoires de Chirurgie, tom. 1., tumeurs de la véhicule du fiel.

(3) Médical tranfactions, tom. II, of the diseases of the liver.

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Boerhaave a penfé que les calculs biliaires ne pouvoient produire, tant qu'ils féjournent dans la véficule, qu'un fentiment de pefanteur, une irritation caufée par leur maffe, ou par l'afpérité de leur furface (1) cette pefanteur peut néanmoins devenir très-fenfible, lorfque le volume des pierres eft confidérable, & que les malades fe couchent fur le côté oppofé. C'est ce qu'obferva Fabrice de Hilden (2), fur un homme auquel il trouva, après la mort, des pierres qui, étant féchées, pefoient vingt-deux gros & demi; mais il eft rare que les concrétions prennent un tel accroiffement, & que de tels indices puiffent fervir à les faire connoître.

On ne remarque pour l'ordinaire dans le début de la maladie, & probablement lorfque les pierres pénétrent plus profondément dans le conduit cyftique, que de fimples irritations, que des mouvemens fpafmodiques peu confidérables enfuite les malades fe plaignent d'oppreffions, d'une tenfion incommode, de pefanteur aux parties antérieures de la poitrine, de douleurs, de fatigues d'eftomac, de naufées habituelles, d'un fentiment de plénitude, de renvois acides ou nidoreux, de chaleurs paffageres, de conftipation, ou au contraire de cours de ventre, avec des déjections abondantes, crues &

(1) Protectiones ad inftitut. 790. (2) Centur. IV, obfervat. XLIV.

pâles. Ils reffentent une douleur à l'hypocondre droit, qui fe prolonge le long des fauffes côtes, jufqu'à la région épigastrique moyenne, ou autrement vers l'ombilic, & qui quelquefois fe répand dans tout le ventre; ils en font incommodés fur-tout après le repas, & c'eft l'effet de la preffion de l'eftomac qui porte dans la plus grande étendue fur le foie. Cette douleur que l'on prend affez ordinairement pour une fimple difficulté dans les digeftions, commence deux à trois heures après le temps où l'on a pris des nourritures folides, & ne dure guere plus d'une heure: elle fe fait auffi quelquefois reffentir après une longue abftinence, mais alors elle eft moins aigue: quelquefois elle fe prolonge dans le bras droit, que les malades fe plaignent d'avoir engourdi & douloureux; c'est une remarque qu'avoit fait Baglivi (1). Souvent après quelque temps de ces douleurs peu violentes, on obferve une légere teinte de jaune dans le grand angle de l'œil; les urines pâles & crues, tant que le malade reste dans l'inaction, ou qu'il ne fouffre point, deviennent plus colorées, pour peu qu'il fatigue, ou prenne de l'exercice; elles font alors trèsépaiffes, troubles, briquetées, jaunes, avec un fédiment très-lourd, & qui fe précipite aifément; les felles font bileufes. Quelquefois la douleur fe fait fentir fous le cartilage

(1) Opera omnia de naturâ bilis.

xyphoïde, où elle occupe une très-petite place que l'on pourroit couvrir avec le pouce. Wepfer crut que c'étoit le figne patognomonique de la présence des pierres biliaires; il en établit le fiége dans le ligament fufpenfeur du foie. Mais il s'en faut beaucoup que ce phénomene foit conftant; je ne l'ai obfervé que fur deux malades, où il a paru plutôt caufé par l'inflammation du foie que par la présence des calculs. Ainfi M. Petit parle d'une douleur dans toute la région épigastrique, mais plus particuliérement fous le cartilage xyphoide qui fe termina par la fuppuration.

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Après quelque temps, il furvient tout à coup des angoiffes inexprimables, des douleurs infupportables, avec tenfion vers l'orifice de l'eftomac, & même dans tout le bas-ventre, avec des naufées, des vomiffemens glaireux ou plus rarement bilieux, des renvois de vents, des urines fafranées ou couleur de leffive. Le pouls eft lent & concentré, au moins le plus ordinairement; car quelquefois la fiévre fe joint à ces accidens. Lorfque ces fymptômes ont duré dix à douze heures, ils ceffent, & l'on apperçoit dans les yeux, ou fur le vifage & la poitrine, ou même fur tout le corps, une jauniffe plus ou moins foncée. Les déjections des malades, qui quelquefois font d'abord bilieufes, devieñent enfuite blanches ou grifâtres & vifqueufes. D'autres fois la colique dure deux ou trois jours, & même plus; mais alors elle a des rémiffions; elle revient par intervalle,

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