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à l'eau lorfqu'elle paffe fous l'arcade d'un pont plus étroit que le lit de la riviere, ou à travers un pertuis, & lorfque, dans fon cours, elle rencontre un obftacle qu'elle ne peut furmonter.

Dans le premier cas, il fe forme au deffus du pont ou du pertuis, un courant dont les rayons convergent au centre de l'arcade, & divergent au delà de ce centre fous un angle d'autant plus évafé, qu'ils trouvent moins d'obstacles à leur épanouiffement, & que l'ouverture de l'arcade eft plus petite, eu égard à la largeur de la maffe d'eau affluente.

Dans le fecond, les colonnes d'eau qui frappent l'obftacle, fe réflêchiffent fous des angles proportionnés à l'obliquité du plan contre lequel la pente de ce fluide les porte.

On peut fuppofer que les lignes, dont l'écartement forme les angles obfervés, font réunies par la fous-tendente de l'arc qui feroit la mesure de ces angles; & d'après cette fuppofition, on peut, dans l'un & l'autre cas, affimiler les courans à des triangles.

Mais l'eau coule avec rapidité dans l'aire de ces triangles; elle eft prefque stagnante, dans tout & n'a qu'un mouvement inf l'efpace du lit qui fe trouv qui forment les côtés de ces celle qui eft oppofée que le courant chaff

La même chofe s'

très rapides; l'eau du
che avec célérité, tandis 4

les petites ances formées fur leurs bords, paroît immobile, & eft très-lentement, & même très-rarement renouvellée.

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XIV. Il feroit impoffible de trouver une image plus reffemblante & plus fenfible de ce qui fe paffe dans la formation des courans d'air la feule différence eft que les colonnes d'eau ayant toutes une direction plus ou moins horizontale, les courans qui font le produit de leur mouvement font des triangles, tandis que celles de l'air dirigées en tout fens, prennent, en se précipitant dans un endroit fermé, la forme de cônes. Mais de même que les courans d'eau n'agiffent que fur la portion opposée à la base de leur triangle, ceux d'air ne portent leurs efforts que fur la portion d'air que rencontre celle de leurs cônes.

Lorfqu'on introduit l'air extérieur dans les infirmeries, pour en chaffer l'air infect qui y eft renfermé, on ne doit donc compter d'opérer l'expulfion complette de cet air, qu'autant que la maffe totale de ce fluide fera oppofée à la base du courant; & c'est ce qui ne peut pas arriver dans toutes les infirmeries, dont la forme intérieure est celle d'un parallelograme plus ou moins allongé. Quel que foit le nombre & la direction des faudroit, pour qu'il produifît l'ouverture par laquelle on

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l'air extérieur, & l'iffue gée à celui qui doit être la largeur & la hauteur

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l'air fera raréfié, moins le délaiement & la diffolution feront faciles; & que la raréfaction diminuant à raifon de l'éloignement du foyer qui la produit, & étant d'autant moindre, s'étendant d'autant moins loin que le foyer eft moins actif, le délaiement & la diffolution fe feront dans un volume d'air proportionné au degré de la raréfaction des différentes couches de cet air.

III. Qu'ainfi, lorfque la chaleur du foyer qui fournit les émanations, & qui eft en même temps l'agent de la raréfaction, eft peu confidérable, les couches qui avoifinent ce foyer étant prefque les feules dont la raréfaction puiffe favorifer le délaiement & la diffo= lution des émanations, cette diffolution & ce délaiement n'ont principalement lieu que dans celles - là; les autres délayant & diffolvant très-peu de ces émanations, & en quantité d'autant plus petite, qu'elles font plus éloignées du foyer qu'ainfi, une maffe d'air expofée à des émanations quelconques, dans un endroit fermé, en eft inégalement pénétrée, & en raifon inverfe de la diftance de fes couches au foyer des émanations. Enfin, que fi celles-ci font capables d'infecter l'air & d'en diminuer l'élasticité, l'infection eft plus confidérable dans les couches les plus rapprochées du foyer, que dans toutes les autres, & prefque nulle dans les dernieres, fur-tout fi leur éloignement du foyer est trèsgrand. Or, voilà ce qui arrive à l'air renfermé dans les infirmeries.

IV. C'eft du corps des malades, de leurs excrémens & de leurs alimens, que partent, dans ces falles, les émanations que l'air diffout. Les malades font auffi les foyers d'où s'élance le feu qui y raréfie l'air, & fert d'intermede pour la diffolution; & comme leur chaleur eft évidemment infuffifante pour produire cet effet fur la maffe entiere de celui qui y eft renfermé, fur-tout fi, par les dimensions des falles, cette maffe d'air fe trouve être confidérable, il eft également évident que la diffolution des émanations ne peut fe faire facilement que dans les couches inférieures de cet air; n'a que difficilement lieu dans les autres, & très-peu dans les fupérieures ; qu'ainfi, l'infection qui en eft l'effet, doit être très-peu confidérable dans celles-ci, tandis qu'elle l'eft beaucoup dans les premieres enfin, que cette différence doit être d'autant plus fenfible, que le volume d'air exposé à l'infection eft plus confidérable; que même plus les plafonds des falles font élevés, plus cette différence doit être frappante, parce qu'alors la condensation des couches fupérieures s'oppofe encore à la diffolution des émanations infectes.

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V. Cette vérité, dont la démonftration me paroît fans replique, heurte de front un préjugé d'après lequel on s'eft conduit dans la conftruction de plufieurs Hôpitaux.

On a cru que l'air infect s'élevoit de même

que l'huile à travers l'eau (1); & telle eft Fidée qui a fait donner beaucoup d'élévation à la plupart des infirmeries, & qui a engagé à bâtir à grands frais des dômes fur celles de l'Hôpital de Lyon.

L'infection conftante de l'air renfermé dans ces infirmeries, auroit dû, depuis long-temps, diffiper l'illufion qu'on s'étoit faite. Elle fubfifte cependant encore, & à engagé à conftruire fur le même plan l'Hôpital de Mâcon.

En partant de cette fuppofition, on a prétendu que les couches fupérieures de l'air renfermé dans les infirmeries, s'infectoient au point qu'il feroit dangereux de le refpirer.

On a affuré que les dômes de l'Hôtel-Dieu de Lyon font remplis d'un air fi infect, qu'un oifeau ne pourroit y vivre un feul inftant & que de la viande s'y corromproit en trèspeu de temps (1).

(1) Cette opinion a pour partisans des Savans dont je refpecte les lumieres, & qui ont eu la bonté de me faire à ce fujet des objections qui n'ont pu me faire changer d'avis. Mais me défiant de ma préoccupation, j'ai laiffé écouler fix ans avant de tenter de l'appuyer par la conciliation des faits que ces Savans refpectables m'ont oppofés, avec la théorie que j'ai adoptée. Et comme l'exécution de ce projet m'a forcé d'entrer dans de grandes difcuffions fur la formation des vapeurs aériennes, j'ai cru devoir en faire le fujet d'un fupplément à ce Mémoire que je donne à fa fuite. Note ajoutée.

(1) On trouvera cette fable rappellée par M. Souflot, dans une lettre que ce célèbre Architecte m'écrivit le 21 Avril 1780, & dont je donnerai un extrait à la

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