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Au deffous d'Orche se trouve la montagne nommée le Marfin. Elle est isolée, & contient une carriere d'un très-beau marbre breche. On y trouve de plus un fuperbe albâtre ondulé, blanc & rouge, à grandes raies, ainsi qu'à grand ramage. Les fieurs Pitrement, Marbriers à Beaune, exploitent & emploient, avec beaucoup d'intelligence, ce marbre, ainfi que l'albâtre, dans les décorations des fanctuaires & des Chapelles des Eglifes. On peut citer hardiment à ce fujet le magnifique autel des PP. Minimes à Beaune. Il est isole, conftruit en forme d'un tombeau antique, fur lequel s'éleve un gradin qni porte pour tabernacle une petite rotonde élégante décorée de pilaftres. Les corps de cet autel font revêtus de ce fuperbe albâtre, dont les vuides font remplis par une breche riche en couleurs, qui fait des ifles au milieu des belles ondulations; & les arrêtes de l'autel font faites d'un beau marbre gris qui joue à merveille. avec l'albâtre. Cet autel eft fans contredit, non-feulement un des plus beaux de la Province, mais même du Royaume.

Le Village de Saint-Romain eft fitué un peu au nord-est d'Orche, toujours dans le revers de notre maffe calcaire. Il n'y a rien de particulier à cet endroit, fi ce n'est qu'il eft fitué au deffous de la partie élevée de la montagne, & fur un roc aride prefque ifolé. On y trouve les mêmes pétrifications qu'ailleurs & c'eft un vignoble très-intéreffant.

Je reviens à la Rochepot, parce que c'est

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à cet endroit que la grande route d'Ivry à Chalon defcend la montagne calcaire des chaumes d'Auvenay dont je viens de m'occuper. La route defcend encore de la Rochepot à Saint-Aubin, puis à Chaffagne, & enfuite au Bourg de Chagny fitué fur la Deheune. ce qui comprend deux lieues. Cet espace eft encore un terrein montueux & calcaire, mais fubordonné à la premiere maffe & d'une autre espèce c'est une portion du fuperbe vignoble de la côte de Beaune. La terre eft argilleufe & rougeâtre. La pierre est assez dure, compofée de grains inégaux qui font de petites pétrifications atténuées, qu'il est difficile de fpécifier. Mais comme les pierres de ce canton font, ainfi que les terres, de la même espèce que celles des côteaux de Beaune dont je vais parler, je ne m'y arrêterai point à préfent.

Aux environs de Chagny, l'on trouve un vafte terein marécageux arrofé par la riviere de Dheune. Au delà de Chagny jufqu'à Chalon, le terrein n'offre que de la glaife, & rien de plus particulier. C'eft ce que l'on appelle le Pays bas, par oppofition aux montagnes que je viens de décrire.

L'hiftoire naturelle de la célèbre & magnifique côte de Beaune, eft trop intéreffante pour ne pas trouver ici place à la fuite de ces obfervations.

Chaffagne, que je viens de nommer, eft le dernier Village au midi de cette côte, qui comprend encore du fud au nord, dans la

longueur d'environ cinq lieues, Puligny Murfaut, Auxey, Monthelie, Vollenay, Pomard, Beaune, Savigny & Aloffe.

Tout le monde fait que c'eft à Puligny que fe trouve le fameux vin de Morachet; que Murfaut eft renommé pour fes bons vins blancs; que Vollenay eft le vin le premier & le plus fin de toute la côte ; que le fecond eft celui de Pomard; que Beaune ne tient que le troifiéme rang, & Savigny, ainfi qu'Aloffe, le quatriéme & dernier. Ordinairement les prix de ces vins different fucceffivement d'une piftole, fauf certains cantons, dont les vins équivalent à ceux du premier rang, tel que celui des Feves à Beaune (1

Je ne vais point m'occuper de ce qui regarde le vin, mais feulement des terres & des pierres de cette côte. C'eft une feule maffe continue de montagnes, qui n'a d'autres interruptions que les finuofités & les enfoncemens des vallons, & dont les plateaux ne produisent qu'une herbe fort courte pour fervir de pâcage, Cette maffe n'eft prefque couverte de terre que dans fes pentes. Cette terre eft rouge & argilleuse, fur-tout dans le fond. Celle qui n'a pas ces deux qualités, ne peut produire

(1) Malgré cette diftinction de rang parmi les vins, les connoiffeurs avouent que celui de Beaune eft le plus franc, celui qui a plus de corps, & qui mérite la préférence. Mais en fixant ainfi les rangs, je ne prétends point prononcer fur le mérite relatif des vins de Nuits, Vofnes, Vougeot, &c. &c., & je me borne à fixer l'idée qu'on a des vins de la côte beaunoise.

du bon vin. Il eft affez commun de trouver, dans certaines cavités, des filons, ou plutôt des dépôts de cette terre rouge, qui eft d'une fineffe infinie, très-onctueufe, & affez exaltée en couleur pour fervir de crayon quand elle est defféchée. C'est une vraie terre bolaire argillo-calcaire qui a pénétré dans les cavités des roches avec les eaux pluviales qui l'ont déposée.

Les fommets, ainfi que les flancs de ces montagnes, montrent par-tout le roc tout à nu, & font voir que cette côte eft par-tout une maffe fecondaire encore calcaire, dépofée contre une maffe plus haute & plus reculée à l'ouest, dont le granit est le noyau le plus intime.

La pierre n'eft pas par-tout d'une même espèce en général elle eft affez dure, d'un grain affez ferré, contenant des cavités & des veines occupées par du fpath très-blanc. Elle eft fufceptible d'un affez bel appareil dans la taille. On l'exploite, dans les carrieres, felon les couches, tantôt en groffes maffes, & tantôt en tables peu épaiffes. En l'examinant depuis le pied de la côte jufqu'à fon plus haut fommet, on reconnoît aisément qu'elle eft compofée d'une pâte qui contient toutes les espèces poffibles de débris d'infectes marins. Auffi trouve-t-on fréquemment des pétrifications, telles que cornes d'ammon, huitres, cammes, peignes, poulettes, échinites ou ourfins, entroques, aftéries, pointes d'ourfin, petites étoiles, &

quelques bélemnites. On trouve encore quelques madrépores. C'est fur-tout fur le fommet des montagnes que ces pétrifications abondent davantage. Il n'eft prefque aucune pierre qui n'en contienne à fes deux furfaces, quoique fon intérieur paroiffe être d'une pâte homogene.

La pierre que je viens de décrire eft connue dans le pays fous le nom de boufard. Plus elle eft dure, meilleure elle eft; & on l'emploie alors dans la construction des fours, des forges, & dans les campagnes, pour les contrecœurs des cheminées, parce qu'elle réfifte long-temps à l'action du feu fans en être attaquée. Il eft affez ordinaire de trouver, vers la fuperficie de ces roches, des couches de fpath en maffe, en filets, ou en cryftaux quelconques il y en a du très-blanc, ainfi que du jaunâtre rouge.

Le cos eft très-commun vers le pied des côteaux dans certains endroits. C'est un dépôt poftérieur : on l'appelle dans le pays, Paliffe. İl eft fort blanc, & affez fréquemment rempli de dendrites qui l'ont pénétré, ou qui ne font quelquefois que fuperficielles. On n'en fait pas grand ufage, parce qu'on ne peut l'extraire qu'en fragmens irréguliers.

La fuperficie de la principale maffe pierreuse fe délite aifément en feuillets peu épais que l'on nomme laves, & que l'on emploie pour couvrir des maifons. Il y a certains cantons où l'on ne pourroit point avoir une maffe de pierres un peu groffe, parce qu'elle fe

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