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délite toute, ainfi que je viens de le dire; mais auffi dans, les bonnes carrieres les lits font fort épais; & en général lorsque la carriere eft fuffisamment profonde, la pierre eft de bonne qualité, tandis qu'à l'extérieur elle fe délite toute en laves. Il eft aifé de voir que cela provient d'une defficcation qui a été plus prompte & plus confidérable à l'extérieur qu'à l'intérieur, où la páte de la pierre a pris beaucoup plus de confiftance.

Dans les endroits couverts de terre, & en culture depuis long-temps, les premiers lits de ces pierres fe réduifent en une terre blanchâtre ou jaunâtre, très-friable, & avide de l'humidité on la nomme dans le pays, terre de marne. On a raison, c'est une vraie marne. Elle eft tellement tapée & conglomérée, que les racines des végétaux ne peuvent y pénétrer. Les Vignerons l'appellent terre froide, & n'en font point de cas. Cependant on T'emploie avec fuccès pour faire fond dans des endroits où il y auroit trop peu d'autre terre. Elle entretient alors la racine des végétaux dans une fraîcheur qui empêche que la chaleur brûlante des rochers ne les defféche.

Une obfervation finguliere, au fujet des couches extérieures de ces maffes pierreufes, c'eft qu'elles font prefque par-tout inclinées du fud au nord. On peut examiner cette inclinaifon à la carriere des Feves près Beaune, aux cantons des Greves & de Couchereau, près la ferme de Luleune, dans d'autres endroits

encore, & fur le bord de la grande route d'Autun entre Vollenay & Monthelie.

D'après toutes ces obfervations, il est aisé de préfumer que le quartz ne peut être que très-rare dans tout ce calcaire. Cependant il s'en trouve fur un des plus hauts fommets (entre Monderonde & Pierre-Blanche) Il eft cryftallifé irréguliérement, en fort petits cryftaux, & très-embarraffé dans quelques-unes de ces pierres calcaires. En le voyant, je le pris pour un fpath: mais quand il eut donné des étincelles au briquet, je fus convaincu que cette efpèce de pierre peut exifter au milieu

d'une maffe toute calcaire. Pour du filex on n'en voit aucunement.

La Ville de Beaune eft fituée au pied de la côte, à l'aspect du levant. Elle a pour fol un gros gravier calcaire, compofé de pierres inégales, parmi lesquelles il y en a beaucoup qui font fort plates. Ce gravier, nommé le cret, occupe toute la longueur du pied de la côte, & s'étend jufqu'à près d'une demi - lieue en large au delà de la Ville. Il eft aifé de reconnoître qu'il n'a été ainfi dépofé au pied de la côte, que par les eaux de la Saone, qui l'y ont amené dans des temps très-reculés. Quoique prefque toutes les pierres qui compofent ce gravier, foient calcaires, cependant j'y ai trouvé quelques petites pierres étrangeres au fol & de nature granitique; j'y ai trouvé, entr'autres, un affez gros fragment de roche talqueufe verte, qui contient du fchorl, & que j'ai dépofée à Beaune dans la

collection d'hiftoire naturelle de feu M. le Docteur Ganiare, poffédée aujourd'hui par Mr. Ganiare de Beffey fon neveu.

J'ai commencé à trouver ce gravier depuis Dijon, fur le bord de l'Ouche. Je l'ai vu, fans interruption, jufqu'au delà de Beaune fuivant tous les contours du giffement du pied des côteaux, & s'enfonçant dans les vallons jufqu'à une certaine profondeur. A une lieue au midi de Beaune, il fe trouve enfoncé fous de la terre argilleufe qui le couvre; il en eft de même à l'orient de la Ville, en tirant à la Saone; & depuis les points où il difparoît, ce n'eft plus qu'un terrein très-argilleux jusqu'à cette riviere, dont le dernier dépôt est cette argille qui recouvre le gravier. On ne trouve point de pierres à bâtir dans tout ce terrein argilleux, nommé le pays bas, comme je l'ai déjà dit ci-deffus.

Beaune a des eaux fuperbes & abondantes, qui prennent leurs fources au pied du côteau, au deffus du Crét, & qui viennent arrofer la Ville; l'une par la riviere qui la traverse, & l'autre en fourniffant un ruiffeau qui fe diftribue dans différentes rues, & qui contribue beaucoup à la propreté de la Ville & à la falubrité de l'air.

La riviere fe nomme la Bculeoife ou Bourgeoife. Les eaux abondantes de fa fource font contenues dans un baffin profond, qui a été autrefois affez vafte pour avoir eu l'air d'un petit lac fort profond. Les joncs & les autres plantes ou arbriffeaux qui ont cru fur fes bords, fe font tellement propagés, en s'avan

çant vers le milieu, qu'il eft réfulté de l'entrelacement de leurs racines & de leur deftruction, un terrein limonneux comme celui des tourbieres de Picardie & de Flandres. Ce terrein s'accroît encore chaque jour, de forte que le baffin que l'on ne nettoie point, fe refferre de plus en plus, en fe comblant d'une vafe qui provient de la deftruction du creffon, du bécabunga, & des autres plantes aquatiques qui y prennent une telle croiffance, que leurs tiges, ainfi que leurs racines, ont quelquefois, dans l'eau, plus d'un pouce de dia

metre.

La fource qui fournit le ruiffeau de la Ville, n'a d'autre nom que celui de l'Aigue, c'est-àdire eau par excellence. Cette fontaine mérite d'être chantée par quelques bons Poëtes, à caufe de fon fite agréable, de fa décoration, d'une ifle dans laquelle elle environne une antique Chapelle au milieu d'un fort beau jardin; à caufe de la charmante promenade qu'elle procure; de fes deux baffins, le premier femi-circulaire & le fecond triangulaire; à caufe de l'ombrage que procurent les arbres que l'on a foin d'y entretenir; enfin, à cause de l'attention que les anciens ont eue d'y conftruire, en pierre, des tables & des bancs, & fur-tout de placer, dans un joli canal par lequel les deux baffins communiquent, des pierres de taille façonnées pour y faire rafraîchir les bouteilles. Les eaux de cette belle fource, ainfi que celles de la Boufeoife, font d'une limpidité que rien n'égale, & très-lé

geres. Elles font bien fupérieures en qualité à celles des puits de la Ville, qui, filtrées à travers du crêt, font crues & dures au point de ne diffoudre le favon qu'avec peine, à force de frottemens, ou lorfqu'elles ont été chauffées.

On est étonné de voir qu'une très-grande partie du pavé de la Ville de Beaune foit d'une efpèce de marbre. Mais cet étonnement ceffe quand on fait qu'au village de Savigny il y a des carrieres de ce marbre, qu'il y en a au village de la Doix, & qu'en remontant jufqu'à Dijon, on en trouve encore à Corgoloin, à Premeaux, à Fixin, &c. &c.

On trouve à Savigny du fpath, ainfi que toutes les espèces de pétrifications dont j'ai fait mention, & qu'il feroit inutile de nommer encore. M. le Marquis de Migieux, Sg'. du lieu, en a fait une collection qui trouve à merveille fa place dans fon riche & curieux cabinet d'histoire naturelle, & d'antiquités tant nationales qu'étrangeres. Tous les différens objets que ce Seigneur raffemble à grands frais, font également honneur à fon difcernement & à fon bon goût. Ce qui en réhauffe encore le mérite, c'est l'affabilité & l'aménité avec lefquelles M. de Migieux fe plaît à faire voir fes riches collections. Son château eft un mufée très-curieux, qui raffemble peinture, fculpture, antiquités, hiftoire naturelle, gravure, & une fort belle bibliothèque.

C'eft fur le territoire de Savigny que Dom Rérol, Coadjuteur des Chartreux de Beau

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