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Son régime étoit délayant & exact; il s'interdit toute espèce de liqueurs, & buvoit à fes repas fon vin trempé avec les trois quarts d'eau.

Il avoit à peine ufé deux onces du diffolvant, que la jauniffe avoit difparu en grande partie, que la demangeaifon avoit ceffé que les urines & les matieres ftercorales avoient repris prefqu'entiérement leur couleur & leur confiftance naturelles. Il n'y eut plus de retour de coliques, la douleur du dos s'évanouit peu à peu, & avant la fin des trois onces du diffolvant que je lui avois fait préparer, la fanté paroiffoit parfaitement rétablie.

On n'avoit point trouvé de calculs biliaires dans les felles; on y avoit feulement obfervé de temps à autre une matiere poiffeufe & d'un jaune très-brun. Cela me parut fuffifant pour prouver l'heureux effet du diffolvant & j'aurois pu me borner à la dofe que j'en avois fait prendre mais pour affurer davantage la guérifon, & prévenir de nouvel épaiffiffement de la bile, je confeillai au malade une feconde dofe du remede, dont il fit ufage avec constance, mais à une feule prife par jour.

L'appétit étant revenu, & toutes les fonctions s'étant rétablies, je ne crus pas devoir employer de purgatifs. Les lavemens d'eanfroide furent les feuls évacuans que je prefcrivis. Le malade s'en est si bien trouvé, qu'il a recours au même remede dès qu'il éprouve un mal-aife. Sa fanté eft parfaite; & quoiqu'il ait perdu peu de temps après fa femme,

morte

morte des fuites d'une cachexie fcorbutique, le chagrin n'a point gêné le cours de la bile, & il n'a eu ni jauniffe, ni coliques. Il y a fix mois que fa guérifon eft complette.

J'ai eu encore plufieurs autres preuves de l'efficacité du diffolvant des pierres biliaires, notamment dans M. . . . demeurant à Montbelliard, auquel je le confeillai dans une confultation faite fur un mémoire qu'il m'avoit envoyé. Mais je ne pourrois préfenter cette obfervation avec tous les détails néceffaires. Il fuffit que je puiffe affurer que l'expérience m'a convaincu de la bonté de ce remede donné fuivant la méthode que j'ai expofée.

MÉMOIRE

SUR LES E CLUSE S.

I PAR M. GAUTHEY.

SECONDE PARTIE DE la forme que l'on doit donner aux Eclufes, & des dimenfions de toutes leurs parties.

$. Ier.

FORME DES SAS D'ECLUSE.

LA forme la plus naturelle à donner à la

chambre des éclufes, eft un quarré long qui K

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ACADÉMIE

doit avoir un peu plus de largeur que celle des bateaux qui doivent y paffer, & une longueur fuffifante pour que ces bateaux ne gênent pas la manoeuvre des portes.

On a donné aux fas des éclufes du Canal de Languedoc, une forme ovale, par la raifon fans doute que les murs des bas-joyers étant en ligne courbe, dont la partie convexe eft oppofée à la pouffée des terres, ils en ont plus de force pour résister à cette pouffée; mais comme, d'un autre côté, il en résulte une augmentation dans la dépense des conftructions, & fur-tout dans la quantité d'eau néceffaire pour chaque éclufée il est important d'examiner, fi en voulant éviter un inconvénient, l'on n'en fait pas naître de plus grands.

Les chambres ovales des éclufes du Canal de Languedoc ont quatre-vingt-neuf toifes quarréesde fuperficie, tandis que fi les murs des basjoyers étoient paralleles, elles n'en auroient que 55; ainfi la quantité d'eau que dépenfent les fas ovales, excéde de plus d'un tiers celle qui eft néceffaire pour les fas rectangulaires. Cet inconvénient eft des plus confidérables lorsque l'on n'a pas beaucoup d'eau, & l'on fait que l'on eft très-fouvent dans le cas de la ménager à ce canal. Il réfulte encore de cette forme ovale, que le paffage des éclufes eft plus long que fi elles étoient rectangulaires, & cela dans la proportion de la superficie de leur radier, puifque le temps

A

qu'il faut pour emplir & défemplir les fas, eft proportionné à cette fuperficie.

Il est néanmoins vrai qu'un mur en ligne courbe eft plus propre à foutenir la pouffée des terres à épaiffeurs égales, qu'un mur droit: mais s'il en coûte un peu plus de maçonnerie pour donner aux murs droits la même force qu'aux murs en ligne courbe, cette dépense eft bien compenféé par la diminution de celle du radier, qui eft de plus forte.

Ce qu'il y a de plus important à confidérer ici, c'eft que fi la convexité de ces murs, oppofée à la pouffée des terres, leur donne une plus grande force de ce côté, la concavité de ces mêmes murs, qui eft oppofée à la pouffée de l'eau, diminue leur force dans l'autre fens, & quoique l'eau foit plus légere que la terre, la pouffée est néanmoins beau coup plus forte.

Il eft vrai que lorsque l'éclufe eft pleine, la pouffée des terres eft oppofée à la pouffée de l'eau, & que lorsqu'elle eft vuide, la pouffée des terres agit feule, ce qui femble exiger que l'on ait plus d'égard à la derniere qu'à la premiere. Cependant les éclufes étant rarement entiérement vuides, & les terres n'étant pas incompreffibles, il n'eft pas douteux qu'il ne faille faire pour le moins, autant d'attention à la pouffée de l'eau qu'à celle des terres ; & le meilleur parti eft fans doute de régler l'épaiffeur des murs, de forte qu'ils puiffent réfifter à celle des deux actions qui eft la plus forte

Le calcul démontre, ainfi que l'expérience, que les murs droits & à plomb qui foutiennent des terres, doivent avoir pour épaiffeur environ le tiers de leur hauteur, tandis que ceux qui réfiftent à la pouffée de l'eau, en doivent avoir près de la moitié; d'où il suit que fi l'on ne donnoit aux murs des baffins d'éclufe, que l'épaiffeur relative à la pouffée des terres, ils pourroient le rompre d'autant plus aifément, que les terres peuvent fléchir fous la preffion, & ne plus pouffer lorsqu'elles font une fois affiégées. Par conféquent les côtés concaves des baffins d'éclufe, loin de remplir leur destination, qui eft de réfifter avec plus d'avantage que des murs droits à la pouffée, lui donnent ordinairement plus de prife dans le fens oppofé à celui que l'on a eu en vue, quoique ce fût celui-là auquel on eût du porter le plus d'attention: d'ail, leurs, l'inconvénient de dépenser trois cinquiémes d'eau de plus que dans les autres éclufes, & d'obliger à être près d'un tiers plus de temps à les traverfer que celles qui font rectangulaires, eft fi confidérable, qu'il devroit feul faire totalement proferire ces fortes de fas. On ne voit même aucun motif qui puiffe les autorifer, puifqu'ils coûtent plus que les autres.

Les longueurs & largeurs des fas des éclufes doivent être néceffairement réglées fur la forme des bateaux qui doivent paffer fur le canal il est d'ufage de faire ces fortes de bateaux plus longs & moins larges que ceux

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