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Duboulai. to. 3.

p. 138.

89.

1229. no. 52.

leur eût donné fatisfaction. Les freres Prêcheurs fiterent de l'occasion, & du confentement de l'évêque Guillaume & du Chancelier de l'Eglife de Paris, ils établirent chez eux une chaire de theologie: à qui ne fervoit pas peu l'eftime que s'étoit attiré leur general Jourdain, & le grand nombre de docteurs & d'étudians qui étoient entrez dans cet ordre: car ces docteurs après avoir changé d'habit ne laiffoient pas de continuer leurs leçons. Si-tôt que le pape Gregoire fut informé du défordre arrivé à Paris, & de la re- 111. epift. 88 traite des étudians, il voulut y mettre remede; & pour 85. ap. Rain. cet effet il écrivit aux deux évêques du Mans & de Dubulai p. 135 Senlis & à l'archidiacre de Châlons, leur donnant 136. commiffion d'interpofer leurs bons offices entre le roi & l'université : enforte qu'elle reçût fatisfaction pour les torts & les infultes qu'elle avoit foufferts, qu'on la fit jouir de la liberté accordée par Philippe Augufte, & qu'on la rapellât à Paris. La lettre eft du vingtquatriéme de Novembre 1229. L'évêque du Mans étoit Maurice, que , que le pape transfera à l'archevêché de Roüen en 123 1. l'évêque de Senlis étoit encore Guerin confident de Philippe Auguste, qui mourut le dix-neuvième d'Avril 1250.

En même tems le pape écrivit au roi Loüis & à la reine Blanche fa mere une lettre qui commence ainfi : Le roïaume de France se diftingue depuis long-tems par les trois vertus que l'on attribue par appropriation aux perfonnes de la fainte Trinité, fçavoir la puiffance, la fageffe, & la bonté. Il eft puiffant par la valeur de la noblesse, fage par la science du clergé & bon par la clemence des princes. Mais fi les deux extrêmes de ces trois qualitez font deftituez de celle du

Duboulai.p.136.

AN. 1230. milieu, elles dégenererent en vices: car fans la sagesse; la puiffance devient infolente, & la bonté imbecile, Le pape conclut en exhortant le roi & la reine à écouter favorablement les trois commiffaires qu'il a nommez, & executer promptement leurs confeils. De peur, ajoûte-t'il, que vous ne fembliez avoir rejetté la fageffe & la bonté, fans lefquelles la puissance ne peut fubfifter; & ne pouvant fouffrir que votre roïau me perde cette gloire, nous ferions obligez d'y pour voir autrement. Le pape écrivit auffi a Guillaume d'Auvergne évêque de Paris,le reprenant vivement de ce qu'il fomentoit la difcorde: Car c'étoit de lui principalement que les docteurs de Paris s'étoient plaints au pape : difant qu'au lieu de les proteger comme il devoit, il les avoit abandonnez. En effet, l'é vêque, le chancelier & le chapitre de Paris, souffroient avec peine les bornes que l'université vouloit mettre à leur jurifdiction, & auroit mieux aimé qu'elle fut transferée ailleurs: auffi s'oppoferent-ils long-tems à fon rétablissement.

Rain.1229.n.55.

Le pape voïant que l'affaire n'avançoit point, écrivit Ke l'année fuivante 1230. aux docteurs de Paris de lui envoïer quelques-uns des leurs pour y travailler efficacement. Cependant le cardinal Romain légat & l'évêque de Paris publioient des cenfures contre les absens; & l'archevêque de Sens dans un concile provincial ordonna, que ceux qui s'étoient retirez en confequence de leur ferment feroient privez pendant deux ans des fruits de leurs benefices; & ceux qui n'en avoient point, déclarez indignes d'en obtenir, s'ils ne revenoient dans le tems prefcrit. Le roi donnoit auffi des ordonnances contre eux. Les docteurs que l'uni

verfité

verfité envoya fuivant l'ordre du pape, furent Geofroi de Poitiers & Guillaume d'Auxerre ; qui lui demanderent un règlement pour leur fervir de loi après leur rétablissement, & de prefervatif contre de pareils inconveniens. Ils négocierent si bien, qu'ils obtinrent du pape Gregoire une bulle adreffée aux maîtres & aux écoliers de Paris, & datée du treiziéme d'Avril 1231. qui commence ainsi.

Paris la mere des fciences eft un autre Cariath-fepher la ville des lettres : c'est le laboratoire où la fageffe met en œuvre les métaux tirez de fes mines : For & l'argent dont elle compofe les ornemens de l'églife, le fer dont elle fabrique fes armes. Venant au fujet, le pape donne ces reglemens. Le chancelier de l'églife de Paris entrant en charge jurera devant l'évêque en prefence de deux docteurs pour l'univerfité, qu'il ne donnera la licence de regenter en theologie ou en decret qu'à des hommes dignes, fans acception de personnes ni de nations, & avant que de donner la licence il s'informera foigneufement des mœurs, de la doctrine & du talent de celui qui la demande. Les docteurs en théologie ou en decret, avant que de commencer leurs leçons, jureront de rendre fidele témoignage de ce que deffus. Le chancelier jurera d'examiner de même les phyficiens & les artistes. Nous vous donnons pouvoir, ajoûte-t-il, de faire des reglemens touchant la maniere & l'heure des leçons des bacheliers, la taxe des logemens, la correction des rebelles. Que fi on vous faifoit quelque infulte notable, & que dans quinze jours on ne vous donnât pas fatisfaction, il vous fera permis de suspendre vos leçons, jusques à ce que vous l'ayez reçuë.

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AN. 1231.

L'évêque de Paris en réprimant les défordres, aura AN. 1231 égard à l'honneur des écoliers: enforte que les fautes ne demeurent pas impunies, & qu'on ne prenne pas les innocens à l'occafion des coupables. Les écoliers ne feront point emprifonnez pour dettes, & l'évêque n'exigera point d'amende pour lever les cenfures. Le chancelier n'exigera rien non plus pour accorder la licence. Les vacances d'efté ne feront pas de plus d'un mois, & pendant ces vacances les bacheliers pourront continuer leurs leçons. Nous défendons expreffément aux écoliers de marcher armez par la vil le; & à l'université de foûtenir ceux qui troublent la paix & l'étude. Ceux qui feignent d'être écoliers fans frequenter les études ni être attachez à aucun maître, ne jouiront point de la franchise des écoliers. Les maîtres ès arts feront des leçons de Prifcien, c'étoit pour la grammaire : mais ils ne se serviront point à Paris de ces livres de physique, qui ont été défendus pour caufe au concile provincial, jufqu'à ce qu'ils ayent été examinez & purgez de tout foupçon d'erreur. C'est la phyfique d'Ariftote défendue generalement par le reglement que fit en 1215. le légat RoSap. 7.LXXXII. bert de Courçon; & nous apprenons ici qu'il le fit en Launei Arif un concile. Or le pape adoucit par cette bulle la défen fe du légat.

n. 30.

fort.c.9.

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20.

Toutefois trois ans auparavant, le pape Gregoire avoit écrit aux profeffeurs de Paris, pour leur faire

Rain. 2118. n. des reproches de ce que quelques-uns d'entre-eux enflez de vanité & introduifant une nouveauté profane, détournoient l'écriture fainte à la doctrine phyfique des philofophes, au lieu de l'expliquer suivant la tradition des peres. Il leur ordonne de rejetter cette

science mondaine, & d'enseigner la theologie dans fa pureté, fans alterer la parole de Dieu par les inventions des philofophes. La lettre eft du septiéme de Juil let 1228. Conformément à cette défenfe le reglement de l'an 1231. continuë ainfi : Les maîtres & les écoliers de theologie ne se piqueront point d'être philofophes; & ne traiteront dans les écoles que les quef tions qui peuvent être décidées par les livres theologiques, & par les traitez des peres. Il régle ensuite la difpofition des biens des écoliers décedez à Paris, fans avoir fait de teftament; & marque les précautions necessaires pour les conferver & les rendre à leurs heritiers. S'il n'en paroît point, les biens feront employez en œuvres pies. Enfin le pape dispense les docteurs & les écoliers du ferment qu'ils avoient fait de ne point retourner à Paris.

AN. 1231.

143.

Duboulai p.

En confequence de cette bulle, il écrivit au jeune roi Louis une lettre où il dit : il importe à votre honneur & à votre falut, que les études foient rétablies à Paris comme auparavant, & que vous favorifiez l'exécution de notre reglement. C'eft pourquoi nous vous prions de proteger les étudians à l'exemple de vos anceftres, & de faire obferver le privilege qui leur a été accordé par le roi Philippe votre ayeul de glorieufe memoire. Ordonnez que les logemens foient taxez par deux docteurs & deux bourgeois : afin que les écoliers ne foient point contraints à les louer trop cher. La lettre eft du quatorziéme d'Avril, P. 143; & fut fuivie d'une autre, par laquelle le pape recommande au roi les deux docteurs Geofroi de Poitiers & Guillaume d'Auxerre; qui avoient follicité à Rome la cause de l'université"; & craignoient qu'à leur

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