Imágenes de páginas
PDF
EPUB

montrance au nom du concile : & qu'ils fe raffem

AN. 1235. bleroient enfuite à Compiegne pour traiter de la même affaire le dimanche après la faint Pierre aux liens.

Suivant cette résolution l'archevêque & les fix évêques vinrent à Melun trouver le roi S. Louis, le jour de l'Octave de fainte Magdeleine vingt-neuviéme de Juillet 1235. & lui firent leur remontrance fur tous les articles précedens. Le roi dit qu'il en prendroit confeil, & leur donna jour à la quinzaine après l'Affomption de la Vierge au même lieu de Melun. Les évêques en convinrent, mais dèflors ils firent au roi une monition fur deux articles, l'affaire de l'église de Reims & le banniffement de Thomas de Beaumez. Le concile fe raffembla à Compiegne le dimanche cinquième jour d'Août, & donna commifMarlot. p. 521. fion à trois abbez de faire au roi la troifiéme monition le lundi d'après l'Exaltation de la fainte Croix, c'est-à-dire, le dix-feptiéme Septembre. Et cependant le samedi avant la Nativité de la Vierge, c'eftà-dire, le premier jour de Septembre, les évêques allerent eux-mêmes à faint Denis trouver le roi & lui firent la feconde monition.

LIII. Plaintes des

les ecclefiafti

ques.

c. 7. n. 7.

Alors plufieurs feigneurs de France écrivirent au François contre pape pour se plaindre des prélats & des ecclesiastiques. La lettre porte les noms de plus de trente, dont Prev.lib. Gall. les premiers font Hugues duc de Bourgogne, Pierre comte de Bretagne, Hugues comte de la Marche & Amauri comte de Montfort, conneftable de France. Ils disent au pape: Quoique le roi, fes ancestres, & les nôtres ayent toûjours confervé fidélement les droits de l'églife, en quoi nous prenons soin de les

imiter: maintenant les prélats & les autres ecclefiaftiques s'élevant contre le roi par de nouvelles entreprises, lui refusent les devoirs qu'ils ont rendus depuis longtems à lui & à fes prédeceffeurs, & veulent extorquer de nouveaux droits de lui & de ses sujets. L'archevêque de Reims & l'évêque de Beauvais font fes vaffaux & fes hommes liges, & tiennent de lui leur temporel en pairie & en baronie; & toutefois ils ont l'audace de ne vouloir plus répondre en fa cour touchant leur temporel ; & ne permettent pas que l'archevêque de Tours, ni les abbez de fa province répondent en la cour du roi & des autres feigneurs, comme ils ont fait fous les rois précedens. Ces prélats & les autres ecclefiaftiques veulent nous charger nous & nos vaffaux de nouvelles coûtumes que nous ne pouvons fouffrir. C'est pourquoi nous vous fupplions de vouloir bien conferver en leur entier les droits du roïaume & les nôtres, comme ils ont été conservez du tems de nos prédeceffeurs: fachant qui ne le roi ni vous ne pourrions plus fuppor ter de telles entreprises. Fait à S. Denis l'an 1235. au mois de Septembre : la lettre est scellée de vingt-huit feaux.

AN. 1235.

Ce fut apparemment dans la même assemblée que Greg. ap. Rain. le roi fit une ordonnance, portant que fes vaffaux & 1236. n. 340 ceux des seigneurs, ne feroient point tenus de répon dre aux ecclefiaftiques ni à d'autres au tribunal ecclefiaftique: ce qu'il faut entendre en matiere profane; que fi le juge ecclefiaftique les excommunioit pour ce fujet, il feroit contraint par faisie de fon temporel à lever l'excommunication. Que les prélats, les autres ecclefiaftiques & leurs vaffaux feroient

tenus en toutes causes civiles de tenir le jugement du

AN. 1235. roi & des feigneurs. Telle fut l'ordonnance de faint

Gall. Chr. to. 3.p. 514.

Louis.

Les prélats de la province de Reims ne laifferent pas de continuer leur procedure. Ils fe raffemblerent à Senlis le mercredi d'après la S. Martin quatorziéme de Novembre 123 5. & l'archevêque de Reims de l'avis de fes fuffragans prononça ainfi: Puifque le roi n'a point obéï aux monitions qui lui ont été faites, nous interdisons tout fon domaine situé dans la próvince de Reims: enforte toutefois que l'on y donne le viatique & le baptême; & nous excommunions tous les êvêques qui n'obferveront pas cette cenfure, ou ne la feront pas obferver dans leurs diocèfes: ou qui ne la publieront pas dans le lendemain de la faint André.

Le roi ne fouffrit pas que cette affaire allât plus loin ; & en ayant pris connoiffance il rendit un jugement, par lequel il donna gain de cause à l'archevêque de Reims: ordonnant que les fortereffes élevées par les bourgeois feroient rafées, le château de la porte de Mars réparé, & que l'archevêque auroit fatisfaction fur plufieurs autres articles. Ce jugement fut rendu à Paris au mois de Janvier 1235. c'est-à-dire 1236. avant Pâques; & pour une plus ample difcuffion de l'affaire, le roi commit Eudes abbé de faint Denis, & Pierre de Colmieu alors prevôt de S. Omer, qui étant arrivez à Reims, voulurent proceder fuivant l'ordre judiciaire: mais l'archevêque & les bourgeois fe rapporterent de tout à leur difcretion, & promirent d'obferver ce qu'ils auroient reglé. Les deux commiffaires condamnerent les bourgeois à fe

faire abfoudre des cenfures, & à païer à l'archevêque une fomme considerable, & prirent toutes les précautions qu'ils purent pour ôter la matiere de la division. Leur jugement fut donné à Reims le huitiéme de Février 1236.

dit

nom

il

AN. 1234.

LIV.

Le pape font

tient les pretenfiaftiques. Rain. 1236..

tions des eccle

IX. ep. 384. ap.

n.

[ocr errors]

Gal. IV. 24.

Le pape Gregoire ayant appris l'ordonnance fait par le roi & les feigneurs de France en l'affemblée de faint Denis, écrivit au roi une grande lettre, où que Dieu a confié au pape tout enfemble, les droits de l'empire terreftre & du celefte : puis il infifte fur la prétenduë loi de Theodofe renouvellée par Charlemagne, & venant à l'ordonnance dont eft quef- 3. tion, il dit que le roi & les feigneurs veulent réduire en fervitude l'églife qui les a regenerez, comme voulant être les enfans de l'efclave & non de la femme libre. En quoi le pape détourne manifestement à un fens étranger les paroles de faint Paul : qui par le d'église n'entend pas feulement le corps du clergé, mais toute l'affemblée des fideles ; & la nomme libre par rapport à la fynagogue. Mais ces équivoques fur les mots d'églife & de liberté acquife par J. C. étoient ordinaires au treiziéme fiecle. Le pape conclut en exhortant le roi à revoquer cette ordonnance qu'il fuppofe lui avoir été fuggerée par de mauvais confeils : & il ajoûte qu'il doit craindre l'excommunication prononcée par le pape Honorius III. contre ceux qui feroient des ftatuts contre la liberté de Véglife: la lettre eft du quinziéme de Février 1236. Le faint roi toutefois ne revoqua point fon ordonnance, & fut toûjours attentif à reprimer les prifes du clergé de fon royaume.

entre

Peu de tems auparavant le pape avoit écrit à Bela

Jo.de Thuroex 6.73.74

1x. ep. 346. ap. Rain. n. 66.

AN. 1235.

IX. ep. 398. ap.

[ocr errors]

roi de Hongrie qui venoit de fucceder à André fon pere mort en 1235. Bela fut couronné le dimanche quatorziéme d'Octobre, & regna vingt-cinq ans. Il prenoit les biens des églifes, particulierement de l'ordre de Cifteaux, des Hofpitaliers & des Templiers, des religieux de S. Lazare & de S. Samfon. Le pape lui en fit de grand reproches, lui représentant que cet abus très-grand en foi, étoit encore plus criminel par le mauvais exemple, & lui ordonna la reftitution, le menaçant de proceder contre lui, fuivant le devoir de fa charge. La lettre eft du feiziéme de Janvier 1236.

En même tems le pape Gregoire faifoit des plainRain.236, n.14 tes femblables à l'empereur Frideric, fur l'oppreffion des églises de Sicile. En ce royaume, dit-il, elles sont privées de leur liberté par vos officiers, & dépoüillées de leurs biens,: leurs pafteurs & leurs miniftres font bannis, emprisonnez, chargez de tailles, & traduits au tribunal féculier. Quand elles perdent leurs prélats, on ne leur permet pas d'en élire d'autres, on leur en donne d'intrus contre les canons. Cependant l'herefie fe fortifie, faute de bons ecclefiaftiques qui prêchent la faine doctrine. Vous fouffrez même que les Sarrafins bâtissent leurs Mosquées de la ruine des églifes; & cet établiffement au milieu du royaume leur donne plus de facilité à pervertir les Chrétiens. Sup. I. LXXXIX. Il parle des Sarrafins de Nocera. Enfin au préjudice de la paix que vous avez faite avec nous, quelques nobles & autres dépoüillez de leurs biens font réduits. à quitter le païs, & il eft évident qu'ils ne font maltraitez que pour avoir pris le parti de l'églife. Lalettre eft du dernier jour de Février 1236. L'empereur

n.65.

« AnteriorContinuar »