rer du gé & la douleur du roi d'Angleterre alla jusqu'à déchifes habits & les jetter dans le feu. Alors les moines du chapitre de Vinchestre envoïez à Rome obtinrent pape une bulle, portant qu'ils ne pourroient élire pour leur évêque aucun étranger odieux au roïaume, par quelque recommandation ou juffion que ce fût; mais qu'ils éliroient librement & canoniquement celui qu'ils croiroient le plus digne. Dequoi le roi entra en une furieuse colere, comme s'il n'eût pû trouver d'Anglois capable de remplir ce fiege. La même année le dix-neuviéme de Juin nâquit à Londres un fils à ce prince qu'il fit nommer Edouard. L'évêque de Carlile le catechifa, c'est-à-dire, qu'il fit fur lui les exorcifmes, le légat Otton le baptifa quoiqu'il ne fut pas prêtre, & S. Edmond archevêque de Cantorberi le confirma. Il eft remarquable que l'on divifat les ceremonies du catecumenat, & que l'on donnât encore la confirmation tout de fuite. L'enfant eut neuf parains, trois évêques, Roger de Londres, Gautier de Carlile, Guillaume de Rele élû de Norvic: trois comtes & trois autres dont étoit Simon le Normand archidiacre de Norvic.. Cependant le pape envoya en qualité de légat Jac. ques évêque de Palestrine autrefois moine de Cîteaux, pour publier par toute la France la fentence d'excommunication contre l'empereur Frideric. Il étoit porteur d'une lettre du pape Gregoire au roi S. Louis, où après s'être étendu fur les louanges des rois de France, qu'il reconnoît avoir été de tout tems fermes dans la foi & zelés protecteurs de l'églife; il ajoûte; C'est pourquoi nous recourons à vous avec une gran de confiance pour vous découvrir les plaïes que Fri AN. 1239. deric fait à léglife, en s'ingerant aux divins mysteres dont il s'éloignoit comme un payen avant fa condan nation, & publiant contre nous des lettres remplies d'impoftures. Il recommanda enfuite au roi le légat; & dit qu'il y a plus de merite à combattre Frideric ennemi de la foi, qu'à retirer la Terre-fainte d'entre les mains des infideles. La lettre eft du vingtuniéme d'Octobre 1239. & le légat partit au même Ric S. Germ.Þ. mois; mais craignant de tomber entre les mains de Frideric, il fe déguifa en pelerin, & avec un feul compagnon il alla par terre jufques à Genes où il s'embarqua. 10337 Le pape écrivit auffi en Allemagne deux lettres Bullar. Grege contre Frideric adreffées à Albert archidiacre de Paf- Ix.. 13. fau & à Philippe d'Aflife fon nonce. Dans la premiere datée du vingt-quatrième de Septembre, il fe plaint que quelques-uns donnent du fecours à Fridericcontre Dieu & l'églife Romaine, & que ce prince voulant à tort retenir l'empire, maltraite les feigneurs qui refusent de confentir à fes crimes, fans avoir égard à leurs privileges: il les emprifonne, les prof. sup. xxi. crit, les fait tuer en trahifon & les expofe aux affaf- n.4. fins païens : chose inoüie d'un prince Chrétien. Il a chaffé du roïaume de Sicile, qui eft le patrimoine de S. Pierre, quelques évêques, après les avoir dépoüillez de leurs biens ecclefiaftiques & autres. Il a profané des églises, dépoüillé des pauvres, des veuves, des orfelins & des religieux; & en a même fait brûler un de l'ordre des freres Mineurs fans forme de procès. Au mépris de nôtre sentence d'excommunication,il a fait celebrer publiquement devant lui l'office divin; &dit que cette fentence ne doit point être observée:en quoi il fe déclare heretique. Le pape conclut en déAN. 1239. fendant à tous les prélats, les seigneurs & les fideles d'Allemagne de donner aucun fecours à Frideric; & ordonnant aux deux commiffaires de faire executer cette défense, en excommuniant les contrevenans. La feconde lettre datée du vingt-troifiéme de Novembre n'eft que la répetition de la même défense, & un ordre réïteré pour l'execution. Matth. Parif. 463. Alb. Stad. an. 1239.1240. 88. Mais les prélats d'Allemagne furent peu touchez de ces menaces: ils prierent le pape de ne les point contraindre à publier les cenfures contre l'empereur; & de fonger au contraire à faire la paix avec lui, pour appaifer le scandale excité dans l'églife. Bertold patriarche d'Aquilée eut si peu dégard aux cenfures du pape, qu'il communiqua avec l'empereur Frideric en toutes manieres, aux divins offices, au baifer & à ap. Ughel to.5-P la table. Le pape lui en fit de grands reproches par fa lettre du dix-neuviéme Décembre 1239. lui offrant toutefois l'abfolution de l'excommunication qu'il avoit encouruë, pourvû qu'il vint au plûtôt en fa préfence. Et je vous accorde, dit-il, cette grace en confideration de Bela roi de Hongrie & de Coloman fon frere vos neveux. Bertold étoit fils du duc de Moravie & frere de Gertrude reine de Hongrie mere du roi Bela IV. & de fainte Elifabeth. Sainte Heduige reine de Pologne étoit encore fœur de Bertold. XIIT. ep. 74: Les chevaliers Teutoniques prirent auffi le parti de Frideric; & le papeles menaça s'ils y persistoient, de revoquer tous leurs privileges. Il étoit revenu d'Anagni à Rome dès le mois de Novembre, & le dixhuitiéme du même mois jour de l'octave de S.Martin, il il confirma l'excommunication contre Frideric, & excommunia de nouveau Hents fon fils naturel, qui au mois de Septembre precedent s'étoit emparé de la Marche d'Ancone, car le pape prétendoit qu'elle appartenoit à l'églife. a AN. 1239. Ric. S. Germ. P. 1933. XXXIII. Fr. Elie déposé la feconde fois. Vita Greg. ap Ric. S. Germ. Rain. n. 34 n.1.2.3. &.c. n 63. L'empereur Frideric étant cependant en Toscane, celebra à Pife la fête de Noël avec grande folemnité, & assista aux divins offices dans la grande églife,fans avoir égard à l'interdit prononcé par le pape contre les lieux où il fe trouveroit. Là vint le trouver frere Elie dépofé depuis peu du generalat des freres Mineurs. Dès l'année 1236. il avoit été rétabli dans cette Vading. 1236. charge à la place de Jean Parent, qui ceda au parti le plus fort, & fe retira humblement après avoir gou- Sup. liu LXXIX; verné l'ordre pendant fix ans. Elie fuivant toûjours fon ancienne conduite travailloit à introduire le relâchement fous prétexte de prudence; & foûtenoit qu'il y avoit très-peu de perfonnes capables de suivre les traces de faint François. Il avoit un grand parti, & les puiffances ecclefiaftiques & feculieres le favorifoient à cause de fon habileté dans les affaires & de fa politeffe. Mais les zelateurs de l'observance lui refiftoient courageufement aïant à leur tête un Allemand nommé frere Cefaire de Spire, homme docte & vertueux. Ils s'adrefferent d'abord à Elie qui les écouta paifiblement & les païa de belles paroles, mais il alla cependant trouver le pape, & lui dit : Nous avons quelques freres fimples & ignorans, qui ne laissent pas d'être en grande eftime, même au dehors, parce qu'ils ont été difciples & compagnons de S. François, ils font attachez à leurs fentimens, & comme s'ils n'a Tome XVII Ff voient point de fuperieur, ils vont de côté & d'autre AN. 1239. enseignant des pratiques fingulieres au préjudice de la religion. J'ai crû être obligé en confcience d'en avertir votre fainteté. Le pape ainfi prévenu donna à frere Elie un ample pouvoir de reprimer ces féditieux. Elie qui ne demandoit autre chofe étant revenu à Affife commença à perfecuter les Cefariens; ain-finommoit-il ceux qui lui étoient oppofez. Il en exila plufieurs, il en mit plufieurs en prison, entre autres frere Cefaire avec les fers aux pieds & aux mains: Enfuite il lui ôta les fers, mais il demeura enfermé pendant les deux années entieres de 1237. & 1238. Au commencement de 1239. trouvant la porte de fa prifon ouverte, il fortit pour fe promener un peu par un grand froid. Celui qui le gardoit étoit un frere lai brutal, qui croïant qu'il vouloit s'enfuir, courut fur lui avec un bâton, & l'en frappa fi rudement à la tête qu'il en mourut fur la place. Sup liv. LXXX. n. 20. Ric. S. Germ. p. 1033. Le pape aïant appris cet accident, & voïant qu'E he l'avoit trompé, convoqua à Rome un chapitre general de tous les miniftres provinciaux, qui fut tenu le lendemain de là Pentecôte feiziéme de Mai. Le pape y dépofa Elie pour la feconde fois, & ordonna d'élire en fa préfence un autre general. On élut frere Albert de Pife provincial d'Angleterre, & le pape confirma l'élection; mais Albert mourut au bout de trois mois & demi, vers la N. Dame de Septembre. A la Touffaints on élut à fa place Haimon de Feversham Anglois, un des deux qui avoient été envoyez vers Germain patriarche Grec de C. P. Elie conçut un tel dépit de fe voir dépofé, qu'il alla trouver l'empereur Frideric & s'attacha à lui. Il décrioit |