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Richard y confentit, de l'avis du duc de Bourgogne, AN. 1240. du comte Gautier, du maître de l'Hôpital, & du refte de la nobleffe. La tréve fut donc concluë, à condition de rendre aux Chrétiens plufieurs places,avec liberté de les fortifier pendant la tréve. On devoit auffi-leur rendre les feigneurs pris à la défaite de Gaze. Le traité fut arrêté à la fin de Novembre 1240. & Richard paffa l'hyver fur les lieux, attendant la réponse du fultan d'Egypte, à qui il avoit envoyé le traité pour le jurer.

X L.

de Vitri.

Sup. 1. LXXVII.

n. 28.

Boll. tom. 22.p.

672. vita per And. Heium.

Après la mort de Gerold, patriarche Latin de JeFin de Jacques rufalem arrivée en 1239. ce titre vaqua quelque tems, Alberic. P.574. puis le chapitre élut Jacque de Vitri évêque de Tuf2.1.3.1XXVIII. culum & cardinal. Il avoit été fait évêque d'Acre vers l'an 1218. & après avoir paffé plufieurs années en Paleftine, il vint à Rome, où il fut très-bien reçu par le pape Honorius III. & par les cardinaux, entr'autres Hugues ou Hugolin évêque d'Oftie. Ce cardinal fe lia d'une amitié particuliere avec Jacques de Vitri, qui délivra de violentes tentations contre la foi, par le moyen d'une relique de la B. Marie d'Oignies. Après être retourné en Palestine il revint à Rome, & obtint du pape Honorius d'être déchargé de son évêché. Alors il revint à Oignies,& y vêcut avec les chanoines réguliers comme auparavant, prêchant fouvent dans le pays. Mais quand il apprit que fon ami le cardinal Hugolin avoit été élu pape fous le nom de Gregoire IX. il crut ne pouvoir fe dispenser de l'aller voir, & n'écouta point le prieur d'Oignies, qui lui prédifoit que le nouveau pape ne lui permettroit pas de revenir. Jacques de Vitri rétourna donc à Rome en 1129. & fut fait la même année cardinal, évêque de Tufculum,

Bell. p. 669.

Albert. p. 56si

$79.

Il étoit en cet état quand il fut élû patriarche de AN. 1240. Jerufalem: mais le pape Gregoire jugeant fa préfence néceffaire en cour de Rome pour le fervice de l'église universelle, n'admit pas la postulation; & le cardinal mourut peu de tems après, fçavoir le dernier jour P. 678 d'Avril 1240. Son corps fut rapporté l'année suivante à fon monaftere d'Oignies comme il l'avoit ordonné. Cave p. 492. Il reste de lui grand nombre d'écrits. L'histoire Orientale, où il décrit la fituation des pays, les mœurs des peuples, & la fuite depuis Mahomet jufques à l'an 1229. L'histoire Occidentale, où il dépeint l'état de l'églife Latine de fon tems, particulierement les divers ordres religieux. En parlant des 34• P• 365; prêtres féculiers, il marque l'obligation de réciter l'office, quelque occupez qu'ils foient; & exhorte à dire chaque heure au tems marqué, mais en cas de befoin les avancer plûtôt que les reculer. Nous avons encore de lui la vie de la B. Marie d'Oignies, & plufieurs fermons. Après fa mort le pape prétendit que la provifion du fiége de Jerufalem lui étoit dévoluë, & il y transfera Robert évêque de Nantes, qui avoit déja gouverné dignement deux églifes cathédrales. C'est ce qu'on voit par la bulle donnée à Rome le quatorziéme de Mai 1240. Enfuite le pape lui donna p. Rain. 1240. la legation dans la province de Jerufalem, & dans l'armée Chrétienne.

Comme les progrès de Frideric en Italie augmentoient de jour en jour, quelques cardinaux des plus confiderables, & quelques religieux s'entremirent de procurer une tréve entre le pape & lui, pour parvenir à la paix. Le pape vouloit y comprendre les Lombards, mais l'empereur le refufoit: ainfi on ne con

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1.3.

Alberic p. 575°

Id. p. $77.

n. 47..

Le

XLI.

pape convoque un concile.

Petr. de Vin. In ep. 36.

AN. 1240.

P. 684.

clut ien pour lors, comme il paroît par la lettre de l'empereur du dix-huitiéme de Juillet 1240. Enfuite le pape envoya à l'empereur l'évêque de Bresse lui Matth." Parif. dire, que pour procurer la paix, il vouloit convoquer un concile à Pâques prochain; & qu'afin que les fei gneurs & les prélats y puffent venir en fûreté,il falloit faire une tréve au moins jufques à ce terme, où les Lombards même fuffent compris. L'empereur persista dans fon refus; mais le pape ne laiffa de faire pas expedier les lettres pour la convocation du concile. Nous avons celle qu'il adreffa à l'archevêque de Sens, par laquelle fans specifier autre chose que les grandes affaires du faint fiége, il lui enjoint de se rendre auprès de lui à la prochaine fête de Pâques,& d'ordonner aux chapitres de fa province, aux abbez & autres qui n'étoient pas appellez nommément,d'y envoyer des députez. İl écrivit en même tems au roi faint Louis d'envoyer au concile fes ambassadeurs;& ces deux lettres font datées du neuvième d'Août. Il en envoya de semblables aux autres prélats, & aux autres princes.

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L'empereur les ayant vûës,écrivit au roi de France & au roi d'Angleterre une lettre datée du treiziéme de Septembre, où après avoir reconnu qu'il a demandé un concile univerfel, il rapporte ce qui s'étoit passé l'efté précedent touchant la négociation de la tréve: puis il fe plaint que dans la convocation du concile le pape ne fait aucune mention de la paix qui s'y devoit traiter, mais seulement des grandes affaires de l'église Romaine. Voyez, ajoûte-t-il, comme il prend fon tems. Après nous avoir refufé le concile, il veut le convoquer, lorfque nous avons attaqué nos fujets re

AN. 1240.

belles. Confiderez les perfonnes qu'il appelle nommément. Ce ne font pas vos ambaffadeurs qui lui ont fait fi fouvent de votre part des propofitions de paix: c'eft le comte de Provence, le duc de Venife, le marquis d'Eft, & d'autres, manifeftement revoltez contre nous, & qu'il a gagnez par argent, comme on le dit publiquement. Enfuite parlant du pape : Tant que cette divifion durera entre'nous & lui, nous ne permettrons point qu'il affemble un concile : lui qui eft ennemi déclaré de l'empire. Vû principalement que nous jugeons très-indécent pour nous, pour l'empire & pour tous les princes, de foûmettre au tribunal de l'églife, ou au jugement d'un concile une cause où il s'agit de notre puissance féculiere. Nous ne donnerons donc aucune fûreté dans les terres de notre obéiffance à ceux qui font appellez à ce concile, ni pour leur personne, ni pour leurs biens; & nous vous prions de faire publier dans votre royaume, Ric. S. Germ. [qu'aucun prélat ne s'achemine à ce concile, dans la 1035. confiance d'avoir feureté de notre part. La lettre eft datée au camp devant Faïence le treiziéme de Septembre,indiction quatorziéme,c'est-à-dire,l'an 1240. L'empereur affiégeoit cette ville dès le mois d'Août.

Or voici les raifons qu'on alleguoit de fa part pour Matth. Parif. refufer le concile, après l'avoir demandé lui-même, 2. 483. outre celles qui viennent d'être rapportées. Le terme, difoit-il, eft trop court, & je n'y ai jamais consenti. Le cardinal Otton légat en Angleterre, & le roi m'ont fait excommunier dans le royaume pour me couvrir d'infamie, & l'ont épuifé d'argent pour contribuer à ma perte. C'est pourquoi j'ai fujet de regarder tous les prélats d'Angleterre comme mes ennemis : & de

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les récuser pour juges: d'autant plus que ces prélats & leur roi même ont prêté ferment de fidelité au pape, & non à moi ni à l'empire. Le pape attend l'argent qu'il prétend tirer de France, & principalement d'Angleterre, & il a promis de le donner à mes ennemis, ce qui les rend plus fiers. Enfin ils auront le tems de refpirer pendant la durée du concile,qui fera peut-être longue, & de fe fortifier par la protection du pape.

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En même tems Frideric fit publier une lettre fans nom par forme d'avis charitable pour détourner les prélats d'aller au concile. Vous devez, dit-il, confiderer les périls dont vous êtes menacez fur terre & fur mer, & à Rome même quand vous y feriez arrivez. Je ne parle point des périls de terre, où la mort eft comme certaine & le paffage impoffible:mais confiderez ceux de la mer. Là-deffus l'auteur de la lettre s'étend fur un grand lieu commun, qui prouvant trop ne prouve rien, puisqu'il tend à détourner en général de toute navigation. Puis il ajoûte, parlant de Frideric: Ce cruel tyran puiffant fur la terre & fur mer, a fait publier un édit, portant que fi quelqu'un fe met en chemin contre fa défense, il ne fera en feureté ni de sa vie ni de ses biens. Qui ofera donc s'exposer à la fureur de cet homme fans mifericorde & fans foi, ce fecond Herode en cruauté, cet autre Neron en impieté: maître de tous les ports d'Italie,hormis de Genes, prêt à rassembler quantité de galeres montées d'une multitude de pyrates ? Et s'il vous prend une fois, comment vous épargneroit il, lui qui retient fon propre fils en prifon? L'auteur reprefente enfuite les périls du féjour de Rome, la divifion des citoïens

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