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& leurs vices, la chaleur, le mauvais air, les maladies:

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la difficulté du retour auffi grande que celle du AN. 1240. mier voyage, au lieu que le pape qui les appelle demeure toûjours chez lui fans courir aucun danger.

Puis il vient à la caufe de la convocation. Le pape dit, que c'eft pour les affaires importantes de l'églife, & perfonne n'ignore que c'est pour fon differend avec l'empereur : mais comme il a excité cette tempête fans vous confulter, il peut l'appaifer de même, ou s'il a p. 466 besoin de votre confeil, il peut le demander par lettre ou par un légat, fans vous expofer à tant de périls. On voit bien que voulant pouffer à bout ce prince, le dépofer, & mettre un autre empereur à fa place, il veut que vous foïez les inftrumens de fa vengeance, & que vous entriez en part des grandes dépenfes néceffaires pour l'exécution. Or c'eft ce qui n'eft pas raifonnable, puifque vous n'avez point eu de part au commencement de l'entreprise, & ce feroit fous prétexte d'obéïffance vous engager à une perpetuelle fervitude.

to. XI. conc. §.

350.

Le pape Gregoire craignant l'effet de cette oppo- ap. Rain. n. 47. fition de Frideric, écrivit une lettre circulaire à tous les évêques, par laquelle il leur ordonne de ne point avoir égard à ces menaces, de préferer Dieu à l'homme, & fe rendre à Rome au terme prescrit malgré toutes les difficultez: promettant de pourvoir à tout ce qui feroit néceffaire pour l'exécution de cette grande affaire. La lettre eft datée de Rome le quinziéme Nang. Gefta, P. d'Octobre. Les prélats de France obéirent au pape,& fe mirent en chemin avec le légat Jacques cardinal évêque de Palestrine: mais étant arrivez à Vienne en Dauphiné, ils n'y trouverent ni barque pour les

335.

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transporter,ni escorte pour les garantir des gens de l'empereur, qui gardoient tous les paffages parterre & par mer. C'eft pourquoi plufieurs s'en revinrent; fçavoir l'archevêque de Tours, celui de Bourges, l'évêque de Chartres, & grand nombre de députez : les aurres plus hardis s'embarquerent.

En Angleterre Gautier de Chanteloup évêque de Vorcheftre, tint fon fynode diocéfain le lendemain de la faint Jacques, c'eft-à-dire, le vingt-fixiéme de Juillet 1240. où il publia des conftitutions contenant quelques articles remarquables. En défendant aux laïques de fe tenir dans le chœur des églises, on excepte les patrons & les perfonnes relevées. On ordonne de baptifer fous condition en cas de doute, mais toûjours avec les trois immersions ; & qu'il y ait au moins deux parrains pour les garçons, & deux marraines pour les filles. Les parrains préfenteront leurs enfans à l'évêque pour être confirmez l'an de leur naiffance, fous peine d'être fufpendus de l'entrée de l'églife. On n'attendoit donc pas encore l'âge de raifon; mais on gardoit l'ancien ufage de confirmer le plûtôt qu'il fe pouvoit après le baptême. Défense de dire la meffe qu'après avoir dit prime. Les fiançailles ne fe feront qu'à jeûn, & on n'observera pour les mariages, ni les jours ni les mois. Si quelqu'un veut fe confeffer à un autre qu'à fon propre prêtre, il lui en demandera la permiffion, qui étant demandée modeftement, ne fera pas refufée.

Défense aux clercs de porter des armes, fi ce n'eft pour la néceffité de fe défendre. Je ne vois pas que cette exception fût admise dans la bonne antiquité. Défenfe aux archidiacres de rien exiger dans leurs vifites.

Ni

pro

c. 291

c. 3401

C. 44.

Ni de recevoir de l'argent pour diffimuler les crimes
ou adoucir les peines. Défense aux prêtres de célébrer AN. 1240.
deux messes en un jour, finon à Noël, à Pâques, ou c. 26,
pour un enterrement, ou pour une grande néceffité.
On le pouvoit donc encore en ce cas. Défense aux
curez d'obliger leurs paroiffiens d'aller à l'offrande
quand ils communient, par où ils femblent rendre
la communion venale. Défense aux clercs de tenir
cabaret. On ne donnera à leurs concubines publiques
ni pain beni, ni eau benite, ni la paix à baiser. Les «. 37,
beneficiers qui par mépris négligent de se faire
mouvoir aux ordres convenables, feront privez des
fruits jufques à ce qu'ils le faffent. Il femble qu'il fal-
loit plûtôt les déclarer indignes des ordres & des be-
nefices vacans. Défense à aucun Chrétien d'exercer
l'ufure fous le nom d'un Juif à qui il confie son ar-
gent.
Saint Edmond archevêque de Cantorbery étoit
sensiblement touché des maux dont il voyoit l'églife
d'Angleterre affligée de jour en jour. Sa condefcen-
dance pour confentir à la levée des deniers demandée. p.
par le pape, n'avoit produit aucun bon effet : au con-
traire,l'église n'en étoit que plus opprimée & dépoüil-
lée de fes libertez & de fes biens temporels. Il fit des
reproches au roi d'avoir permis cette levée, & n'en
reçut pour réponse que des remises. Le faint prélat
accablé de douleur, & trouvant la vie à charge, se
condamna à un exil volontaire, & paffa en France,
où ayant retranché fon train, il fe retira dans l'ab-
bays de Pontigny, à l'exemple de faint Thomas fon
prédéceffeur.

Il y fut reçu avec un grand refpect, & s'y étant-
Tome XVII.

Ii

XLIV.
Fin de faint

Edmond de
Cantorbery.

Matth. Parif.

476.

Sup. n. 37.

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AN. 1240.

. 21. ap. Sur. 19. Nov

Vita,
Matth. Parif.

P. 486.

établi il s'appliqua à la lecture, à la priere continuelle & aux jeunes : il écrivoit des livres de fa main; & quelquefois il alloit prêcher dans les lieux voisins. Après avoir demeuré quelques jours à Pontigni,épuifé d'abftinence & confumé d'affliction, il tomba griévement malade pendant les chaleurs de l'esté;& par le confeil des medecins, pour être en meilleur air, il fe fit transporter à Soiffy, monaftere de chanoines réguliers près de Provins. Pour confoler les moines de Pontigni, affligez de fon départ, il leur promit de revenir chez eux à la fête de faint Edmond roi d'Angleterre & martyr, c'est-à-dire,le vingtiéme de Novembre. Cependant il apprenoit toûjours de mauvaifes nouvelles d'Angleterre, entr'autres, que tous ceux qu'il avoit excommuniez avoient été absous par le légat.

Sa maladie, qui étoit une dyffenterie, continua à Soiffy, & augmenta de telle forte, qu'il connut que fon dernier jour étoit proche. Alors s'étant fait apporter le corps de N. S. il étendit les mains, & lui dit avec une grande confiance: C'est vous, Seigneur en qui j'ai crû, que j'ai prêché,que j'ai veritablement enfeigné, & vous m'êtes témoin que je n'ai cherché que vous feul fur la terre. Les affiftans croyoient que fon efprit s'égaroit: car il parloit comme s'il eût vû devant lui J. C. crucifié. Après avoir reçû le viatique, il fut tout le jour dans une telle joye,qu'il ne sembloit

malade, & il parut de même quand il eut reçû l'Extrême-onction. Enfin il mourut le feizième de Novembre 1240. On ouvrit fon corps, & on laissa à Soiffy fon cœur & fes entrailles : puis on porta le corps à Pontigni, où il arriva le jour de S. Edmond,

fuivant sa promesse. Il y fut enterré, & il fe fit plu- AN. 1240. fieurs miracles à fon tombeau. Il eft connu dans le Bibl. PP. Parif, fous le nom de faint Eme, & fa memoire y eft to. s. p. 983. pays en finguliere vénération. Il refte de lui un traité de pieté, intitulé le memoire de l'église, qu'il composa pour l'édification des moines de Pontigni.

XLV.

Frideric pouffe

Ric. S. Germ

P. 1035.

1238. n. I.

L'empereur Frideric pouffoit toûjours la guerre en Italie, où il affiégeoit Faïence; & au mois de Novem- la guerre. bre 1240. il chassa de fon royaume de Sicile tous les freres Prêcheurs & les freres Mineurs, n'en laiffant à chacune de leurs maifons que deux pour la garder, encore falloit-il qu'ils fuffent natifs du royaume. Deux freres Mineurs Siciliens étant venus fe plaindre à frere Gilles d'Affife, que Frideric les avoit chaffez MS. ap. Vading: de leur pays, il leur dit: Vous avez tort de parler ainfi. Des freres Mineurs ne peuvent être chaffez de leur patrie, puifqu'ils n'en ont point fur la terre,étant hors du monde, ils ne fe mettent pas en peine où ils demeurent dans le monde, n'ayant aucun lieu qu'ils puiffent appeller le leur : leur patrie eft par tout. Vous avez donc péché contre Frederic, quoiqu'il foit grand pécheur, vous l'avez calomnié, il vous a plus fait de bien que de mal; vous donnant occafion de merite, fans vous ôter votre patrie. Ainfi parloit ce vrai difciple de faint François.

Dès l'année 1239. le pape avoit envoyé le cardinal Jean de Colomne en qualité de légat dans la Marche Ricard. p. 1035 d'Ancone, pour s'oppofer à Hents, qui y étoit entré avec une armée au nom de l'empereur fon pere; mais ce cardinal mal fatisfait du pape le quitta, prit le parti de l'empereur au mois de Janvier 1241. & fix mois après quitta Rome, & prit plufieurs places fur p. 1935. 1036.

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