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Faites donc cesser entre vous les factions, accordez- AN. 1242, vous pour donner un chef à l'églife, & un meilleur exemple à vos inferieurs. La vacance du fiége conti- bid. p. 276 nuant, l'empereur écrivit aux cardinaux une lettre plus véhémente, où entre beaucoup de reproches & d'injures, il dit: Tout le monde dit, que ce n'eft point J. C. auteur de la paix qui eft au milieu de vous; mais fatan pere du menfonge & de la division: que chacun afpirant à la chair, ne peut consentir qu'un autre y monte; ainfielle demeure vuide & méprifée, & on ne vous porte plus de préfens, quoique vous foyez toûjours prêts à les recevoir. On trou- p. 356 ve auffi une lettre du roi de France aux cardinaux où il leur fait des reproches femblables, & les exhorte à ne point craindre la violence de l'empereur,qui par une entreprise illicite femble vouloir joindre le facerdoce à l'empire.

LIII: Revolte d comte de Tou

louse.

Sup. liv. XX

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Raimond comte de Toulouse fe répentoit du traité qu'il avoit fait à Paris avec le roi faint Louis en 1229. & cherchoit à fe remarier, pour avoir un fils qui exclût fa fille Jeanne de fa fucceffion. Il avoit eu cette princeffe de fa premiere femme Sancie d'Arragon, qui vivoit encore; mais le comte l'avoit quittée depuis long-tems, & prétendoit faire déclarer nul fon mariage. Pour cet effet il avoit obtenu du pape Guill. Pod. des commissaires, fçavoir l'évêque d'Albi & le prevôt Laur. c. 44. de faint Salvi de la même ville, qui prononcerent la diffolution du mariage, attendu que le pere du comte étoit parrain de la princeffe, qui de fon côté ne fe dé fendit point. Mais Raimond évêque de Toulouse ne voulut point affifter à cette fentence, quoique le com te l'en eût beaucoup prié,parce que la déposition des

témoins que l'on avoit produits, lui étoit fufpecte. AN. 1242. Cette conduite de l'évêque fut très-agréable à faint Louis, à fon frere Alfonfe comte de Poitiers, & à la comteffe Jeanne fon époufe, dont la fentence des commiffaires attaquoit l'état.

Gall. Chr. to. I. 868892

Guill. P. Laur.

5.45.

Nang. Gefta. p.

332

Le comte de Toulouse fe prétendant ainfi libre, traita par le confeil du roi d'Arragon de fon mariage avec la troifiéme fille de RaimondBerenger comte de Provence,nommée auffi Sancie; & le roi comme procureur du comte de Toulouse, l'époufa fous le bon plaifir du pape, par acte paffé à Aix le onziéme d'Août 1241. où l'évêque de Toulouse intervint com me témoin. Le confentement du pape étoit nécessaire, parce qu'il falloit dispense de la parenté; & pour l'obtenir, on envoya des ambassadeurs au pape Gregoire, dont ils apprirent la mort étant arrivez à Pise. Ainfi ce traité de mariage n'eut point d'effet, & la princeffe époufa depuis le comte Richard, frere du Foi d'Angleterre. Le comte de Toulouse voyant ce mariage rompu, traita d'un autre avec Ifabelle, fille de Hugues de Lufignan comte de la Marche, & d'Ifabelle, veuve du roi Jean, & mere de Henry, qui regnoit alors en Angleterre; mais la parenté empêcha encore ce mariage.

Cependant le comte de Touloufe entra dans la ligue que fit le comte de la Marche avec le roi d'Angleterre contre le roi de France, pour recouvrer le Poitou; mais le roi faint Louis eut tout l'avantage en cette guerre; il fit paroître fa valeur au combat du Taillebourg, & à la bataille de Saintes, mit en fuitè le roi Henry, & pardonna généreusement au comte de la Marche, quoique la comteffe eût voulu le faire

empoifonner. C'étoit en 1242. & le comte de Touloufe étonné des fuccès du roi, lui fit des propofitions de paix, qui fut concluë l'année suivante à Lorris en Gâtinois.

AN. 1242

FLIV.

Martyrs d'A la vignonet.

La révolte du comte de Toulouse encourageoit les hérétiques du Languedoc ; & nous trouvons que même année 1242. le vingt-neuvième jour de Mai veille de l'Afcenfion; quelques-uns de leurs croyans tuerent des Inquifiteurs, à fçavoir trois freres Prêcheurs, Guillaume Arnaud, Bernard de Rochefort, & Garcias d'Auria: deux freres Mineurs, Etienne de Narbonne, & Raimond de Carbon: le prieur d'Avignonet moine de Clufe, Raimond, chanoine & archidiacre de Toulouse, Bernard son clerc, Pierre Arnaud notaire, Fortanier & Ademar clercs. Ces onze furent tuez la nuit dans la chambre du comte de Toulouse par ordre de fon bailli à Avignonet, petite ville du diocése de faint Papoul, alors de celui de Toulouse. Les cardinaux qui étoient à Rome pendant la vacance du faint fiége, ayant appris cet accident, en écrivirent au provincial des freres Prêcheurs de Provence, au nom de tous leurs confreres une lettre, où ils qualifient de martyrs ceux qui avoient perdu la vie en cette occafion, attendu la caufe & les circonftances de leur mort. L'atrocité de ce crime retira de la guerre contre le roi quelques-uns de ceux qui s'y étoient engagez avec le comte. Mais l'année fuivante après la paix de Lorris, le comte de Toulouse étant revenu chez lui, fit arréter quelques hommes, que l'on difoit avoir été préfens à ce meurtre, & les condamna à être pendus.

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E faint fiége étoit toûjours vacant; & l'empereur Frideric fçavoit que les cardinaux en réjettoient la faute fur lui, & lui demandoient instamment la liberté de leurs confreres & des autres prélats qu'il retenoit prisonniers. C'est ce qui l'obligea de les délivrer pour la plûpart en 1242. Mais voyant que l'élection du pape n'avançoit pas davantage, il réfolut de la preffer par la terreur de fes armes.. Il fe mit donc en campagne avec une grande armée au mois d'Avril 1243. & quittant la Poüille, il entra dans la terre de Labour; puis au mois de Mai il marcha à Rome, fit le dégât tout à l'entour, & affiégea même une grande partie de la ville. Les Romains s'en plaignirent, & repréfenterent à l'empereur qu'ils étoient innocens de la longue vacance du faint fiége, & qu'il ne devoit s'en prendre qu'aux cardinaux, qui nonfeulement étoient divifez d'interêts & de fentimens, mais encore difperfez en divers lieux,& cachez en plufieurs villes. L'empereur ayant égard à cette remontrance,retira fes troupes du fiége, & fit publier un ban par fon armée, portant ordre de ravager les terres dè l'église & des cardinaux,& non les autres. Suivant cet ordre les Sarrafins qu'il avoit à sa folde, & les mauvais Chrétiens de fon armée attaquerent la ville d'Albane, & la pillerent cruellement, fans épargner les églifes, qui étoient au nombre de cent cinquante. Ils emportoient les ornemens, les calices, les livres, & tout ce dont ils croyoient pouvoir profiter : ils réduisoient les habitans à la derniere mifere. Les cardinaux voyant

les autres terres de l'église ménacées d'une pareille défolation, prierent l'empereur de faire ceffer ces ravages, promettant d'élire un pape au plûtôt ; & l'empereur fit publier un ban pour cet effet. Il délivra même le cardinal Jacques évêque de Palestrine, & le ' renvoya à ses confreres avec honneur: enfin il retira fes troupes, & rétourna à fon royaume.

AN. 1243.

Les François prefsoient auffi l'élection du pape, & Matth. Parif. envoyerent à cette fin une ambaffade à la cour de Ps32. Rome, exhortant les cardinaux à l'élire au plûtôt; autrement, ajoûterent-ils, nous chercherons les moyens de fuppléer à votre négligence, & de nous donner un pape deça les Monts, à qui nous foyons tenus d'obéir. “Matthieu Paris qui rapporte ce fait ajoûte que les François faifoient hardiment cette menace, par la confiance qu'ils avoient en leur ancien privilege accordé par faint Clement à faint Denys,en lui donnant l'apoftolat fur les peuples d'Occident. Je n'ai point vû ailleurs ce prétendu privilege.

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Ric. S. Germ. p.

1040.

Enfin les cardinaux s'accorderent à élire un pape Id. p. 534le jour de la S.Jean vingt-quatriéme de Juin 1243.Ce fut Sinibale de Fiefque Genois, de la Maifon des comtes de Lavagne, cardinal prêtre du titre de S. Laurent in Lucina. Il fut élû à Anagni d'un commun confen- Rainal. 1247. tement, nommé Innocent IV. & facré au même lieu". s. 6. le lundi vingt-neuvième du même mois, fête de faint Pierre & de S. Paul. Le faint fiége avoit vacqué un an & près de huit mois, & Innocent le tint onze ans & demi. D'abord il donna part aux évêques de fon élection, fuivant la coûtume, fe recommandant à leurs prieres, comme il paroît par la lettre adreffée à l'ar- Id. epift. x, chevêque de Reims & à fes fuffragans, & datée du

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