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ans; & chaffa Elisabeth du Château de Vartberg fa réfidence, dépouillée de tout; en forte qu'elle fut obligée de fe retirer à Lifenac qui eft la ville voisine dans une miferable hôtellerie; parce que perfonne n’osoit la recevoir, de peur d'irriter le prince. Pour furcroît d'accablement on lui envoya fes trois enfans, & elle vêcut ainsi quelque tems dans une extrême pauvreté, mais avec une merveilleuse patience. L'abbesse de Kitzingen au diocefe de Virsbourg, qui étoit fa tante l'ayant appris, la retira chez elle; puis elle en donna avis à l'évêque de Bamberg, dont Elifabeth étoit auffi niéce, & ce prélat la fit venir dans fa ville, où il l'entretint honorablement. Il voulut même la marier la voyant fi jeune, car elle étoit demeurée veuve à vingt ans : mais elle le refufa conftamment.

Cependant ceux qui avoient accompagné le Lantgrave Louis en fon voyage rapporterent fes os en Turinge, & l'un d'eux fit de tels reproches au Lantgrave Henri de fon inhumanité envers Elifabeth fa bellefœur, qu'il s'en repentit, la ramena au château de Vartberg, & la traita depuis avec beaucoup de refpect & d'amitié. Mais l'année fuivante 1229. Elifabeth ne pouvant fouffrir plus long-tems les honneurs qu'elle recevoit dans ce château, pria Henri de lui rendre sa dot & se retira à Marpourg auprès de Conrad fon directeur. Alors le pape Gregoire informé des vertus de cette princeffe, lui écrivit pour la confoler & l'encourager, la prenant fous la protection du faint fiege, & la recommanda à Conrad. Ce faint prêtre la traitoit avec la feverité convenable à une ame auffi avancée dans la perfection, jusques à lui ôter deux filles qui la fervoient, parce qu'elle les aimoit trop

AN. 123 I.

6.429

AN. 1231.

·Vita c. 24. Bonas.Serm. de

S. Elif.

n. 6.

tendrement. Il moderoit fon amour pour la pauvreté, qui la portoit à aller mandier fon pain de porte en porte, & ne pouvant fixer fes aumônes, il fut réduit à lui défendre abfolument de donner de l'argent, ne lui permettant de donner que du pain. Elle embraffa la regle du tiers ordre de faint François, & visitoiɛ Vading 1119, fouvent l'hôpital qu'elle avoit autrefois fait bâtir à Marpourg. Comme elle vivoit en cet état, arriva de Hongrie un comte envoyé par le roi fon pere, pour la prier d'y retourner, & y mener une vie plus convenable à sa naiffance: mais elle ne fut point touchée de cette offre, & répondit qu'elle continueroit de fervir Dieu comme elle avoit commencé. Enfin elle mourut le dix-neuvième de Novembre 1231. âgée seulement de vingt-quatre ans, & fut canonifée par une bulle du premier de Juin 1239. qui ordonne de celebrer fa fête le jour de fa mort.

Bullar. Greg.

IX. n. II.

Martyr. R. 19.

Νου.

ge

XIII.

duch. de Po

logne.

Vita ap. Sur. 23.

Heduige tante d'Elifabeth & ducheffe de Pologne, Sainte Hedui étoit auffi une princeffe d'une vertu finguliere. Son pere étoit Berthold duc de Carinthie, marquis de Moravie & comte de Tirol : fa mere Agnés fille du comte de Rotlechs. Ils eurent huit enfans, quatre fils & quatre filles deux des fils furent évêques, fçavoir Berthold patriarche d'Aquilée & Ekembert évêque de Bamberg: les deux autres Otton & Henri fuivirent Sup. L. LXXIV.A la profeffion des armes, & fuccederent au pere dans fes états. Les filles furent Heduige, Agnés fi fameuse par fon mariage avec Philippe Augufte roi de France, Gertrude reine de Hongrie mere de fainte Elifabeth : la quatrième fut abbesse de Lutzingen en Franconie de l'ordre de faint Benoît.

Heduige fut mife dès fon enfance dans ce monaf

:

treize ans,

tère, & y apprit les faintes lettres, qui furent toûjoursdepuis fa confolation. A l'âge de douze ans elle fut AN. 123 1. mariée à Henri duc de Silefie & de Pologne : & dans cet état elle garda la continence autant qu'il étoit poffible. Dès la premiere groffeffe n'ayant encore que elle convint avec le prince fon mari de fe separer de lui jusques à fes couches : ce qu'elle obferva toûjours depuis, outre l'abftinence de l'Avent & du Carême & des autres jours de dévotion. Après qu'ils eurent eu fix enfans, elle fit confentir le duc à garder la continence perpetuelle : ils s'y engagerent par vœu avec la bénédiction folemnelle de l'évêque, & ils vécurent ainfi environ trente ans. La chofe étant devenue publique, ils fe feparerent entierement d'habitation, & ne fe voyoient plus que très rarement & en presence de témoins, pour ne pas fcandalifer les foibles. Le duc vivoit en religieux fans en avoir fait profeffion, & laiffoit croître fa barbe, comme les freres convers des monafteres, d'où lui vint le nom d'Henri le Barbu.

c. 27

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La princeffe Heduige lui perfuada de fonder à Trebnits près de Breslau en Silefie un monaftere de filles de l'ordre de Cifteaux : dont la premiere abbesse fut Petriffe que la princeffe avoit euë pour gouvernante dans fon enfance. Elle la fit venir de Bamberg avec d'autres religieufes : la fondation fe fit l'an 1203. & la dédicace de l'église en 1219. Heduige y affembla un grand nombre de religieufes, & y offrit à Dieu fa c.1.20 fille Gertrude qui en fut depuis abbeffe. Heduige y élevoit plufieurs jeunes filles nobles & autres, dont quelques-unes embraffoient la vie monastique, & elle marioit les autres. Elle-même s'y retiroit fou

vent du vivant du duc fon mari & couchoit dans le AN. 1231. dortoir : puis elle fixa fa demeure au même lieu de Trebnits près du monaftere, mais dehors, & prit Phabit des religieufes fans faire profeffion, pour fe conferver la liberté d'affifter les pauvres de fes biens. Elle porta avec une merveilleufe patience la mort du duc Henri fon mari, qui arriva l'an 1238. & elle confoloit les religieufes de Trebnits désolées de cette perte.

C. 3.

XIV. Otton légat en

Allemagne,

Otton cardinal diacre du titre de faint Nicolas, légat du faint fiege en Allemagne, voulut tenir un conciAlbert. c. 519 le à Virsbourg: mais Albert duc de Saxe s'y opposa par une lettre qu'il écrivit au nom de toute la nobleffe du pays à tous les prélats d'Allemagne, où il difoit : Nous avons appris que le cardinal prétend donner des prebendes, tant en Saxe que dans les autres parties de l'empire, & introduire d'autres fervitudes pour opprimer nos églifes. C'eft pourquoi, fi vous voulez conferver les loix de vos peres & garantir le fanctuaire de la main des étrangers, vous devez imi❤ ter les Maccabées, dont l'églife celebre la fêté. La dignité du clergé eft aujourd'hui plus avilie, que du tems de Pharaon qui ne connoiffoit point la loi de Dieu, & toutefois faifoit donner aux prêtres du blé des greniers publics. Ne fçavez-vous pas que vous êtes diftinguez entre les évêques des autres pays, en ce que vout n'êtes pas feulement évêques, mais encore princes & feigneurs? pourquoi donc vous laiffez-vous traîner. à des lieux fi éloignez contre les conftitutions approuvées jusques à prefent. Ces dernieres paroles femblent regarder les appellations fondées fur les fauffes de

Martyr R. I.
Aug.

Gen, XLVII.22.

cretales.

Cette lettre fit fon effet, & les évêques ayant tenu confeil avec le jeune roi Henri, firent enforte que le concile ne se tint point. Quelque tems après comme le cardinal fortoit la porte de la ville de Liege, il fut attaqué par des gens qui le voulurent tuer, par ordre du roi, à ce que l'on disoit: mais le cardinal s'en prit à toute la ville, & elle demeura interdite pendant près

d'un an.

Le légat Otton envoya en Livonie Baudouïn de l'Aune, qui ayant converti à la foi une grande étenduë de pays, s'en revint & alla en cour de Rome, où il trouva des adversaires qui fe nommoient chevaliers de Dieu. Ils prétendoient suivre la regle des Templiers, & toutefois ne leur étoient point foumis : mais c'étoit de riches marchands, qui ayant autrefois été bannis de Saxe pour leurs crimes, s'étoient tellement accrus qu'ils croyoient pouvoir vivre fans loi & fans roi. Baudouin ayant fait connoître au pape ce qui en étoit & le fuccès de fes travaux, le pape le fit évêque de Semgalle petite province, dont Mittau eft la capitale & qui fait partie de la Livonie. Le pape le facra de sa main & le fit legat en ces quartiers, comme on voit

par

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la bulle du vingt-huitiéme de Janvier 1232. où il dit en fubftance: Votre zele pour le falut des ames vous a fait renoncer aux defirs du fiecle, & vous expofer à beaucoup de perils pour travailler à la converfion des infideles, fous les ordres du cardinal Otton': C'eft pourquoi nous vous avons facré évêque de Semgalle efperant de plus grands fruits de votre ferveur, & vous avons accordé le pouvoir de légat en Livonie, Gothlande, Finlande, Eftonie, Semgalle, Curlande, les autres provinces de Neophytes & de payens

AN. 1231.

XV.

Eglifes du

Nort. Albert. an.' 1.232. p. 548.

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