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& les ifles voifines: Pour y prêcher librement la foi, AN. 1231. corriger les perfonnes ecclefiaftiques & réformer les églifes. Vous y inftituerez & deftituerez lorsqu'il fera befoin, des abbez, des prieurs & d'autres fuperieurs, vous ordonnerez des clercs, confirmerez les élections des évêques, les facrerez, & benirez les abbez. Nous vous donnons auffi le pouvoir de réprimer les rebelles par les cenfures ecclefiaftiques, promettant de ratifier & faire executer vos fentences.

3.

Entre les peuples qui fe convertirent alors, furent les Curons ou Curlandois avec leur roi Lammechin; & ils firent un traité avec le penitencier du légat OtRain. 1131. n. ton où il dit: Les payens se font offerts à recevoir la foi chrétienne, nous ont donné des oftages & ont promit d'obeïr en tout aux ordres du pape, & nous agiffant de fa part par le confeil commun de l'églife de Riga, de l'abbé de Dunemonde, des marchands, des chevaliers de Chrift, des pelerins & des bourgeois de Riga, nous fommes convenus des conditions fuivantes. Ils recevront inceffamment des prêtres que nous leur envoyerons : ils leur donneront honnêtement les chofes néceffaires, écouteront leurs inftructions avec foumiffions, & les défendront des ennemis comme leurs propres perfonnes. Tous hommes, femmes & enfans recevront inceffamment le baptême, & observeront les autres cérémonies des Chrétiens. Cette claufe est bien éloignée de l'ancienne difcipline qui ne permettoit de baptifer qu'après de fi longues épreuves les catecumenes de la même nation & des mêmes mœurs, à plus forte raifon des étrangers & des barbareș. Letraité continuë: Ils recevront l'évêque qui leur fera donné par le pape avec refpect & dévotion, comme leur

pere

&

&leurseigneur ; lui obéïront en tout comme les autres AN. 12 3 2. Chrétiens. Ils lui payeront tous les ans les droits dont font tenus les peuples de Gothlande. Mais ils ne seront foûmis ni au Dannemarc ni à la Suede: car nous leur avons accordé une liberté perpetuelle, tant qu'ils n'apoftafieront point. Ils marcheront aux entreprises quife feront contre les païens, tant pour la défense de la chrétienté que pour la propagation de la foi. Ils fe prefenteront au pape dans deux ans, & fe foûmettront en tout à fes ordres. Ce traité fut fait le jour des Innocens vingt-huitiéme Décembre 1230. & confirmé l'onziéme Février 1232.

par

Rain. n. 6.

le pape Cependant le pape apprit par les lettres des évê- v. p. 168: ques de Mafovie & de Breflau que les Pruffiens, tant anciens païens qu'apoftats, avoient brûlé plus de dix mille villages de leur frontiere, avec quantité de cloîtres & d'églifes: en forte que les fideles n'avoient plus d'autres lieux où celebrer l'office divin, que les bois où ils étoient retirez. Ces letres ajoûtoient: Les Pruffiens ont tué plus de vingt mille Chrétiens & en tiennent encore efclaves plus de cinq mille: ils font perir les jeunes hommes qu'ils prennent par les travaux continuels & exceflifs : ils facrifient les filles au demon par le feu après les avoir couronné de fleurs par dérifion. Ils font mourir les vieillards & tuent auffi les enfans, les uns en les embrochant, d'autres en les écrafant contre des arbres. Or quoique les chevaliers Teutoniques ayent entrepris en Pruffe l'affaire de la foi, toutefois ils ne fuffifent pas pour la foûtenir feuls. Sur ces avis le pape écrivit en ces termes aux prélats du voisinage : Nous vous prions & vous enjoignons de commuer les Tome XVII.

E

AN. 1232.

XVI. Differend de

l'archevêque de

roi

1. bibl. Lab. p.

375.

vœux des croifez du roïaume de Boheme que nous avons difpenfez d'aller outre-mer pour pauvreté ou infirmité; & de les envoyer contre ces infideles, afin qu'ils ne puiffent fe vanter d'avoir impunément attaqué le nom de J. C. La lettre eft du vingt-troifiéme de Janvier 1232..

En France le roi avoit un differend avec l'achevêRouen avec le que de Roüen, qui duroit depuis cinq ans. Dès l'année 1227. l'archevêque Thibaud d'Amiens voulut faire amener à Rouen du merrein ou bois à bâtir, qu'ik avoit fait couper dans fa forêt de Louviers: mais le bailli de Vau-de-Reüil arrêta le bois; & le fait ayant été dénoncé à l'évêque diocesain, il excommunia le bailli. Pour ce sujet. Farchevêque fut cité à la cour du roi, comme ayant fait excommunier fon bailli fans lui en demander la permiffion. On ajoûtoit que l'archevêque ne devoit faire du merrein dans cette forêt que pour fa maifon de Louviers, & non pour les autres. Il y avoit encore quelques autres plaintes : & on demandoit pourquoi ce prélat ne venoit pas répon dre à l'Eschiquier, comme les autres évêques, & les autres barons de Normandie. Cet Efchiquier étoit la cour fouveraine de Normandie fous les rois d'Angleterre, d'où eft venu depuis le parlement de Rouen :: Surtout ces chefs l'archevêque Thibaud étant cité devant le roi à Vernon, comparut & dit, qu'il n'étoit point tenu d'en repondre en la cour du roi : parce que quelques-uns de ces articles étoient fpirituels, & qu'il ne tenoit rien en fief du roi qui l'obligeât d'y répon-dre. Le roi & la reine fa mere furent fort irritez de cette réponse, & l'archevêque fe retira fans les avoir appaisez. Surquoi le roi après avoir plufieurs fois

confulté ses barons fit faifir le temporel de l'achevêque; qui de l'avis de fes fuffragans mit en interdit tous les domaines & les châteaux que le roi avoit dans fon archevêche, excepté les citez, c'est-à-dire, les bonnes villes. Enfuite l'archevêque fortit de la province, réfolu d'aller en cour de Rome, mais étant demeuré malade à Reims, il fe contenta d'y envoyer; & obtint que le cardinal Romain de S. Ange qui venoit alors légat en France, prendroit connoiffance de fon affaire. Le légat fit d'abord reftituer à l'archevêque fuivant la rigueur du droit tout ce qui avoit été faifi: les meubles, les immeubles & les fruits qui en avoient été perçûs, même reporter à Rouen le bois apporté de Louviers. Ainfi l'affaire fut terminée à la fatisfaction de l'archevêque Tibaud, qui mourut le vingt-cinquième de Septembre 1229. après fept ans de pontificat.

A fa place Thomas de Freaville doyen de Roüen fut élû par la plus grande partie du chapitre: mais l'autre s'y oppofa fortement, & le procès dura plus d'un an en cour de Rome. Enfin au mois de Mai 1231. le doyen Thomas renonça à son droit entre les mains du pape, qui transfera au siege de Roüen Maurice évêque du Mans; & il fut reçû dans sa nouvelle églife le dimanche avant la Magdelaine, c'est-à-dire, le vingtiéme de Juillet: il tint le fiege de Roüen deux ans & demi. Thomas de Frçaville fut élû évêque de Baïeux, & facré par Maucice le dimanche de sa pasfion vingt-huitième Mars 1232. La même année l'ab-. beffe de Montivilliers au diocefe de Rouen étant morte, il y eut partage dans l'élection, & l'archevêque Maurice trouvant que la forme du concile de

AN. 1232.

Latran n'y avoit pas été gardée, rejetta les deux élûës, AN. 1232. priva les religieufes du droit d'élire pour cette fois, & leur donna une autre abbeffe: mais le roi s'y oppofa, & empêcha que cette abeffe ne fût reçûë. Alors l'archevêque excommunia toutes les religieuses qui adheroient à l'oppofition du roi.

Au commencement du carême de la même année, l'archevêque excommunia quelques moines de faint Vandrille, dont le roi prit auffi la défenfe; & pour ces deux affaires & quelques autres, il cita l'archevêque à comparoître devant lui. L'archevêque le refusa comme avoit fait fon prédeceffeur: foûtenant qu'a-près Dieu il n'avoit autre juge que le pape, tant au temporel qu'au fpirituel, fuivant l'ancienne liberté de l'églife de Rouen & la coûtume obfervée jufques alors. Sur ce refus le roi fit faifir l'onziéme de Juillet tous les domaines de l'église de Roüen ; & l'archevêque après l'avoir averti plusieurs fois, & prié de lui 20. 2. Spicil. donner main levée, mit en interdit premierement toutes les chapelles du domaine du roi dans le diocese de Rouen, excepté quand le roi ou la reine y feroient prefens: de plus tous les baillifs & sous-baillifs du roi avec leurs familles ; tous les cimetieres de fon domaine. L'interdit s'étendoit à toutes les églifes du domaine foûmise à la jurifdiction de l'archevêque, mais feulement pour y défendre de fonner les cloches, & de chanter l'office en note: de peur que fi l'interdit étoit plus rigoureux, il ne caufât des herefies, & l'endurciffement du peuple.

5220 ep. 4.

L'archevêque voyant qu'il n'obtenoit rien de la . 524. p. 5. part du roi, paffa plus avant ; & étendit l'interdit fur toutes les églises de fon diocefe; défendant d'y cele

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