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brer aucun office divin ni d'y administrer aucun sacrement, finon le Baptême aux enfans, & la penitence aux mourans. Nous permettons toutefois, ajoûtet-il, qu'en chaque paroiffe une fois la femaine à huis clos, & les interdits exclus, le prêtre life au peuple l'introite, l'épître & l'évangile, donne le pain beni & explique les commandemens de l'église : déclarant avec quelle douleur nous mettons cet interdit. L'archevêque y ajoûta une autre circonftance. Il ordon

AN. 1232.

Iv. ep. 175. ap.

26.

na que dans toutes les églifes du diocefe, les images p. 52. q. 2 de la fainte Vierge patrone de l'églife de Rouen, feroient ôtées de leurs places, couchées dans la nef fur quelque fiege, & environnées d'épines. Cependant il porta fes plaintes au pape, qui écrivit au roi, l'exhortant à réparer le tort fait à l'archevêque, & offrant de lui rendre justice, s'il avoit quelque prétention Rain. 1232. n° contre ce prélat. Le pape donnoit en même tems-commiffion aux évêques de Paris & de Senlis de contraindre par cenfures les officiers du roi à rendre à l'archevêque de Rouen les biens faifis. La lettre au roi eft du vingt-neuviéme de Novembre 1232. mais elle n'eut pas fi-tôt fon effet ; & l'interdit fur le diocefe de Roüen dura treize mois, depuis la veille de la S. Michel vingt-huitiéme de Septembre 1232. jusques à la faint Crefpin, vingt-cinquième d'Octobre 1233. Chr. Rotomag. Alors on rendit à l'archevêque fes biens, avec les fruits qui en avoient été reçûs depuis la faifie.

XVII.

Differend de l'évêque de

Le roi Louis n'avoit encore que dix- fept ans, c'eft pourquoi on doit attribuer à fon confeil, plûtôt qu'à Beauvais. lui la conduite de la cour de France. Or elle avoit en même tems une affaire femblable avec l'évêque de Beauvais. C'étoit Milon de Nanteüil de la maifon

AN. 1232.

Alberic. an.

1230.

Germ. eod.

de Châtillon, plus guerrier qu'évêque. Se trouvant accablé de dettes, il alla trouver le pape Gregoire,pour R. S. le fervir en fa guerre contre l'empereur Frederic; & le pape ayant fait la paix donna à Milon le duché de Spolete & la Marche à gouverner. Ce prélat après avoir demeuré trois ans en Italie reprit le chemin de France chargé de richeffes: mais les Lombards l'arrêterent au retour & le pillerent, enforte qu'il perdit plus en fon voyage qu'il n'y gagna.

Luvet. t. 2. p.

366. 379.

to. x. conc. p. 446.

Pendant fon abfence il s'émut une querelle à Beauvais, entre les bourgeois & le menu peuple, à l'occafion de l'élection d'un maire; on en vint jufques à la fédition, & il y eut des meurtres commis. Le roi & la reine fa mere vinrent à Beauvais bien accompagnez pour en faire justice: mais l'évêque qui étoit arrivé devant, s'y oppofa, prétendant avoir toute jurisdiction dans la ville. Le roine laiffa pas de paffer outre, & l'évêque porta fa plainte à un concile, qui fe tenoit Noïon la premiere femaine de carême 1232. c'est-àdire, 1233.avant Pâques, & fon official y parla ainsi; L'évêque de Beauvais vous reprefente, faints peres, q'uencore que la juftice & la jurifdiction de la ville lui appartienne, & que lui & fes predeceffeurs en aïent toûjours joüi pailiblement, toutefois à l'occafion d'un crime commis à Beauvais, le roi y eft venu avec des troupes, & après plufieurs prieres & admonitions de l'évêque, il n'a pas laiffé de faire publier fon ban dans la ville, prendre des hommes, en bannir d'autres, & abbatre jufques à quinze cens maisons, En partant il demandoit à l'évêque pour fon droit de gifte pendant cinq jours quatre-vingt livres parifis : fur quoi l'évêque dit que cette prétention étoit nou

velle, & demanda un peu de tems pour en déliberer avec fon chapitre. Mais le roi le lui refusa, fit faifir AN. 1233. toutes les dépendances de l'évêché, & y mit garnifon. C'est pourquoi l'évêque vous demande confeil

& aide..

Alors l'évêque de Beauvais fe retira avec son confeil, & le confeil ayant deliberé fur fon affaire, conclud d'envoyer à Beauvais les trois évêques de Soiffons, de Laon & de Chaalons, pour informer du droit de l'évêque, & des torts qu'il prétendoit avoir soufferts: ce qui fut executé. Enfuite les trois évêques firent le rapport de leur enquête la semaine de devant la paffion, au concile qui fe tenoit à Laon ; & qui ordonna que l'on feroit encore au roi deux monitions, outre une premiere faite avant l'information; & pour cet effet furent députez trois autres évêques, Anfelme de Laon, Geofroi de Cambrai & Azon d'Arras: qui firent au roi une fommation de rendre à l'évêque de Beauvais les habitans qu'il avoit fait prendre, & lui donnerent main-levée de fes regales. La monition est dattée de Poiffi, le dimanche de la pafsion 1232. c'est-à-dire, le vingt de Mars 1233. Le roi n'ayant point accordé la main-levée, Milon mit rout fon diocese en interdit, que les autres évêques étendirent sur toute la province.

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P 616.

6. 30.

Au commencement de Septembre la même année Marlot. io. 1233. ils s'affemblerent à S. Quentin, & y refolurent qu'ils iroient tous à Rome, fi l'archevêque de Reims le jugeoit à propos, ou du moins ceux qu'il y envoïeroit, pour conferver les liberrez de leurs églifes. Les chapitres des cathedrales de la province fe plaigni rent des évêques, prétendant qu'ils n'avoient pû or

donner l'interdit sans leur participation; & le chapitre AN. 1233⋅ de Laon fut remercié par le roi de n'avoir point gardé l'interdit. Sur ce fujet on tint un autre concile à S. Quentin le troifiéme dimanche de l'Avent de la même année, & on y appella les chapitres des cathedrales, afin qu'ils n'euffent point de pretexte d'en rejetter l'autorité. En ce concile l'interdit fut revoqué fur la remontrance de Simon d'Arci doïen d'Amiens; & on déclara en general, que les évêques ne pouvoient rien ordonner fans la participation de leurs chapitres. L'évêque de Beauvais fe plaignoit hautement de cette conclufion, dont il appella & alla à Rome poursuivre fon appel. Le pape voulut accommoder l'affaire, & nomma pour médiateur entre le roi & l'évêque Pierre de Colmieu doïen de S. Omer; comme il marque dans fa lettre au roi du fixième d'A. vril 1234. Mais Milon évêque de Beauvais mourut la même année le fixiéme de Septembre à Camarino en Italie ; & quelques années après Robert de Cref fonfart fon fucceffeur leva l'interdit & fit fa paix avec le roi.

VIII. ep. 19. af.
Rain. 1234

XVIII.

lences contre les

Matth. Parif. an. 1232. P. 314.

En Angleterre la conjuration formée contre les Suite des vio- Romains, commença à éclater aux fêtes de Noël en Rom. en Ang. 1231 Un petit nombre de gens armez ayant la tête couverte pour n'être pas reconnus, vinrent piller les greniers de l'églife de Vingam, appartenante à un Romain très-riche. Son agent voyant la violence alla se plaindre au Vicomte, qui envoya de ses officiers avec quelques chevaliers voifins. Ils trouverent que ces inconnus avoient vuidé les greniers pour la plus grande partie, & vendu le blé à bon marché à l'avantage de toute la province : ils en donnoient

même

même volontiers aux pauvres qui en demandoient. Comme les chevaliers les interrogeoient qui ils étoient, ils les retirerent à part, & leur montrerent des lettres du roi qui défendoient de les empêcher d'agir. Ces lettres etoient fauffes, mais les chevaliers, qui ne s'en appercevoient pas, les ayant vûës fe retirerent avec leur fuite. Ainfi en quinze jours ces inconnus vendirent tout & fe retirerent avec beaucoup d'argent. Cette violence étant venue à la connoiffance de Roger évêque de Londres, il assembla dix autres évêques, & le lendemain de fainte Scolaftique, c'est-à-dire, le onzième de Février 1232. il excommunia à faint Paul de Londres tous les auteurs de cette violence, avec ceux qui avoient maltraité Cencio chanoine de Londres, & avec tous les conjurez.

Ces violences recommencerent à Pâques, & s'étendirent prefque par toute l'Angleterre : on vendoit les blez des Romains à bon marché, & on faifoit de grandes largeffes aux pauvres. Les clercs Romains fe tenoient cachez dans des abbayes? & n'ofoient même se plaindre, aimant mieux perdre les biens que la vie. Les auteurs de la violence étoient environ quatre-vingt hommes & quelquefois moins, ayant pour chef Robert de Thinge jeune chevalier & de bonne famille, qui fe faifoit nommer Oüithan. Le pape ayant appris ces défordres peu de tems après, en fut extrêmement irrité, & envoya au roi d'Angleterre des lettres piquantes, où il lui faifoit de grands reproches de fouffrir que les ecclefiaftiques fuffent ainfi pillez dans fon royaume, fans avoir égard aux fermens de fon facre. Il lui ordonnoit donc fous peiTome XVII.

F.

AN. 1232.

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