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ne d'excommunication & d'interdit, de faire infor

AN. 1232. mer de la violence, & d'en punir feverement les auteurs. Il donna commiffion à Pierre évêque de Vincheftre & à l'abbé de faint Edmond,d'en faire la recherche dans la partie meridionale d'Angleterre : & de dénoncer les coupables excommuniez, jusqu'à ce qu'ils vinffent à Rome fe faire abfoudre. Pour la partie fep tentrionale il donna la même commiffion à l'archevêque d'Yorc, à l'évêque de Durhan, & à Jean chanoine d'Yorc, mais Romain de naiffance.

M. 28.

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Dans une lettre à l'archevêque d'Yorc & aux autres évêques, il fe plaint que l'on a foulé aux piés une ap. Rain. 1232. médaille, portant l'image de S. Pierre & de S. Paul, que l'on a déchiré fes bulles: qu'un de ses curfeurs ou huiffiers a été mis en pieces, & un autre laiffé demi mort, il fe plaint que l'on n'a point dénoncé excommuniez ces voleurs & ces incendiaires publics, ni mis les églifes en interdit : enfin il ordonne de les dénon cer folemnellement. La lettre eft du neuviéme de Juin 1232. Il faut croire que le pape ne fçavoit pas encore ce qu'avoit fait l'évêque de Londres. Cependant on informa tant de la du roi que part pape au fujet des violences commifes: & l'on en trouva pluMatth. Parif. fieurs coupables, comme auteurs ou comme compli ces : même des évêques, des clercs du roi, des archidiacres & des doyens ; & d'ailleurs des chevaliers & grand nombre d'autres laïques. Le roi fit arrêter pour ce fujet des vicomtes avec leurs prevôts & leurs officiers d'autres s'abfenterent. Le grand jufticier Hubert de Bourg fut trouvé coupable d'avoir donné à ces voleurs des lettres, tant au nom du roi qu'au fien, afin qu'on n'empêchât point leurs violences, Ro

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du

bert de Thinge leur chef vint entre-autres devant le roi: déclarant que ce qu'il avoit fait étoit en haine des AN. 1232, Romains, qui par une fraude manifeste s'efforçoient de le dépouiller d'un feul bénéfice qu'il avoit, & que plûtôt que de le perdre il avoit mieux aimé être excommunié injustement pour un tems. Les commiffaires du pape lui confeillerent d'aller à Rome representer fon droit & se faire abfoudre, & le roilui donna des lettres de recommandation.

Dans le même tems, la femaine de la Pentecôte, que cette année fut le trentiéme de Mai, vint à Rome 317 Jean, prieur de l'églife de Cantorberi, que les moines avoient élû archevêque au lieu de l'évêque de Chichestre. Le pape le renvoya à Jean Colomne & à quelques autres cardinaux, qui l'ayant foigneufe ment examiné pendant trois jours fur dix-neuf articles, déclarerent au pape qu'ils n'avoient point trouvé de cause pour le refufer. Le pape toutefois le trouva trop vieux & trop fimple pour foutenir une telle dignité, & lui ayant perfuadé d'y renoncer, il permit aux moines de proceder à une troifiéme élection.

XIX.

Lo pape chaffé

Ric S. Germ.

Cependant le pape Gregoire chaffé de Rome par les Romains toûjours rebelles, demeura fucceffivement de Rome. à Spolete, à Anagni & à Rieti, d'où le vingt-qua- an. 131. triéme de Juillet il écrivit à l'empereur Frideric, le Rain. 37-40 priant de venir promptement au fecours de l'église sa mere :c'est-à-dire felon le stile de ce tems-là, du pape & de fa fuite. L'empereur fomentoit sous main fa révolte des Romains, même par fes largeffes; & ne laissoit pas de promettre au pape d'employer fes armes pour la protection de l'églife. Il envoya même pour l'en affûrer l'archevêque de Meffine, & Pierre

juge de la cour imperiale, & le pape l'en remercia en AN. 1232. termes magnifiques: foit qu'il fût effectivement trompé, foit qu'il ne voulût pas encore aigrir l'empereur. Mais quelque tems après il fe plaignit à lui

vi, ép. 1. 9.

P. 184.

XX.

Négociation

des Grecs.

que
des Sarrafins, qui étoient à fon fervice avoient
fait une écurie d'une églife dépendante du monaftere
de faint Laurent d'Averfe; & enfuite l'ayant abattuë
en avoient employé les materiaux à des bâtimens
qu'ils faifoient à Nocera. Il reftoit en Sicile quantité
de Sarrafins fujets de l'empereur, qui les faifoit fervir
dans fes troupes.

a

Cette année le pape Gregoire reçut un envoyé de pour la réunion Germain patriarche Grec de C. P. avec une lettre pour la réunion des églises: Or voici l'occafion de cette ambaffade. Cinq freres Mineurs qui étoient allez en Natolie travailler à la converfion des ames, furent pris par les Turcs & retenus en prifon : d'où étant fortis ils vinrent à Nicée où Germain faifoit fa refidence auffi bien que l'empereur Jean Vatace. Les cinq freres vinrent trouver le patriarche, qui les reçut humainement, & fut édifié de leur pauvreté & de leur zele. Etant entrez en converfation, ils parlerent de diverfes chofes, & s'arrêterent principalement fur le fchifme qui divifoit l'églife depuis long tems. Ils lui propoferent de travailler à la paix, & à l'union entre les Grecs & les Latins, & ils furent favorablement écoutez. Nous avons vû qu'il y avoit eu quelques démarches faites pour la réunion en 1193. entre le pape Innocent III. d'une part, l'empereur Alexis l'Ange & le patriarche Jean Camatere de l'autre : mais la prise de Ĉ. P. par les Latins, aliena les efprits plus qu'auparavant. Le patriarche Germain furnom

Sup. LXXV. n. 34.

AN. 1232.

Le. Allat. con

fen.p.7 23.724.

n. 48.

mé Nauplius avoit fuccedé vers l'an 1227. à Manuel le philofophe. Il étoit d'Anaplus dans la Propontide, & après avoir été élevé dans le clergé de C. P. il embraffa la vie monaftique, d'où il fut tiré Four rem- Sup. I. xxvi 11. plir le fiege patriarcal, & le tint dix-fept ans & demi. Le patriarche Latin de C. P. étoit Simon qui mourut cette année 1232. & après que le siege eut vaqué plus le pape Gregoire du confentement du clergé de C. P. y transfera Nicolas de Plaisance évêque de Spolete, qui avoit été fon vice-chancelier.

d'un an,

Alberic.1233.

Anonym ap.

Aliat. de confen.

Ducang. bif.

Ce patriarche Germain rendit compte de la propofition des freres Mineurs à l'empereur Jean Vatace fon maître, qui avoit alors interêt de fe concilier p.695. le pape, pour détourner l'orage qui le menaçoit de la part de Jean de Brienne empereur Latin de C. P. C.P.3 3. Ce prince y arriva vers la fin de l'an 1231. & fut couronné à fainte Sophie par le patriarche Simon. George Acropolite qui le vit alors, dit avoir été extraordinairement furpris de la grande & belle taille de ce vieillard âgé de quatre-vingt ans au moins. Il de- " 17 meura environ un an fans rien entreprendre, mais Vatace jugeant bien que ce repos ne feroit pas long, apparemment prévenir le fecours des croifez que le pape lui pouvoit envoyer. Il permit donc au patriarche d'écrire au pape pour la réunion, & il lui écrivit lui-même.

voulut

La lettre du patriarche Germain au pape Gregoi re commence par une priere à J. C. qu'il invoque en qualité de pierre angulaire qui a réüni les diverfes nations en une même églife. Puis s'adreffant au pape il reconnoît qu'il a reçu en partage la primauté du Liege apoftolique, & le prie de defcendre un peu de

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fon élevation pour l'écouter favorablement. Il repete AN. 1232, encore enfuite, qu'il ne prétend point préjudicier à la primauté du pape, & entrant en matiere, il ajoute : Cherchons avec toute l'application poffible qui font les auteurs de la divifion. Si c'eft nous, montreznous le mal & appliquez-y le remede: fi ce font les Latins, nous ne croyons pas que vous vouliez par une ignorance & par une obstination criminelle demeurer exclus de l'heritage du feigneur. Or tout le monde conviendra que la matiere de la division est la contrarieté des dogmes, la deftruction des canons & le changement des cérémonies, que nous avons reçues de nos peres par tradition; & tout le monde eft témoin que nous demandons à mains jointes de nous réunir, après que la verité aura été examinée à fonds, afin que de part & d'autre on ne fe traite plus de schifmatiques. Et pour toucher jufques au vif, plufieurs puiffans, & plufieurs nobles vous obéïroient, s'ils ne craignoient l'oppreffion, les exactions infolentes & les redevances induës, que vous extorquez de ceux qui vous font foumis. Delà viennent les guerres cruelles, les villes font dépeuplées, les églifes fermées, le fervice divin ceffe, il ne nous manque que le martyre'; Anonym. ap. mais nous croyons n'en être pas éloignez. L'isle de 8.695. Chypre fçait ce que je veux dire. Il parle des moines fchifmatiques, qui après trois ans de prison furent brûlez, & il ajoute: Eft ce là ce qu'enfeigne S. Pierre, quand il reconmande aux pasteurs de conduire le troupeau fans contrainte ni domination! Et enfuite': Je fçai que de part & d'autre nous croyons avoir raison, & ne nous tromper en rien: rapportons-nous-en à l'écriture & aux écrits des peres.

Alat. confenfe

7. Pet.v. 2. 3.

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