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pire, & fut réduit à fe retirer dans le comté de HolAN. 1251. lande qu'il avoit même donné à son frere, & à vi

Sup. liv. LXXXII. 4.52.

XXVII. Chriftien arche

que de Maïence dépofé.

Ap. Serrar. p.839.

vre aux dépens d'autrui. Aufsi malgré tous les efforts du pape fon parti devenoit de plus en plus méprifable par tout l'empire. Le pape avoit d'abord fait élire roi des Romains le Lantgrave de Turinge, qui mourut de chagrin après avoir été défait honteufement. Le comte de Gueldre, le duc de Brabant & le comte de Cornuaille refuserent cette dignité. Enfin le pape l'offrit à Haquin roi de Norvege que dans cette vûë il avoit fait facrer roi : mais ce prince déclara publiquement, qu'il vouloit toûjours combattre les ennemis de l'églife, mais non pas tous ceux du pape. Il me la dit à moi-même, dit Matthieu Paris, & avec un grand ferment.

Sifrid ou Sigefroi archevêque de Maïence mourut le neuvième jour de Mars 1249. Un auteur du temps le loue comme un grand guerrier, ajoûtant qu'il ne negligeoit pas les fonctions fpirituelles ni le gouvernement de fon état tempop. 840. rel. Après la mort le chapitre de Maïence poftula Conrad archevêque de Cologne: mais le pape ne voulut pas admettre la poftulation. Le chapitre élut donc Chriftien prevôt de l'église de Maïence, où il avoit été élevé dès l'enfance. Son élection fut confirmée par le légat qui étoit prefent, & il reçut l'inveftiture du roi Guillaume le jour de S. Pierre vingt-neuvième de Juin 1249. Il fut facré & reçut le pallium la même année. Tous les gens de bien fe réjoüiffoient de fa promotion, efperant qu'il procureroit la paix, prin

cipalement parce qu'il n'étoit point exercé au métier de la guerre: mais c'eft ce qui lui nuifit. On AN. 1251. l'accufa après du pape d'être entierement inutile à l'églife; & d'aller à regret aux expeditions militaires, quand il y étoit appellé par le roi. Cela étoit vrai, & la raison de Chriftien, eft que l'on commettoit des incendies, on coupoit les vignes, on gâtoit les moiffons. Or, difoit-il, ces ravages ne conviennent point à un évêque : mais je ferai très-volontiers tout ce qu'on peut faire par le glaive fpirituel. Et comme on l'exhortoit à fuivre les traces de

fes prédeceffeurs: il répondit, il est écrit: Mets ton épée dans le foureau.

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Cette conduite lui attira la haine du roi Guillaume & de plufieurs laïques, qui l'aïant accufé obtirent du pape qu'il fût dépofé de l'épifcopat. Ce decret fut executé par le légat Hugues de S. Cher ou de S. Thieri de l'ordre des freres Prêcheurs cardinal prêtre du titre de fainte Sabine, qui avoit pour ajoint Henri de Sufe archevêque Gall. Chr. to d'Embrun, auparavant évêque de Sifteron, & depuis cardinal évêque d'Oftie. Chriftien acquiefca volontiers & ceda le fiege de Maïence en 1251. Le légat lui donna pour fucceffeur un jeune homme nommé Gerard qui n'étoit encore que foudial ére, fils du comte Conrad furnommé le Sauvage.. Le légat fit ce choix à la persuasion de l'archevêque d'Embrun, qui pour cet effet avoit reçû fecretement deux cens marcs d'argent. On voit ici combien la difcipline étoit changée, car autrefois on auroit déposé un évêque qui auroit porté les armes. C'étoit un des reproches contre sup. liv. XI

Salonius & Sagittaire en 576. Et cette observation AN. 1251. cft d'autant plus importante, que Hugues de S. Cher & Henri de Sufe furent deux des plus fameux docteurs de leur fiecle, Hugues pour l'explication de l'écriture fainte, & Henri pour le droit canonique.

XXVIII.

Lion.

ap. Rain. n. 19.

La reine Blanche fçachant que le pape fe difpoLe pape quitte foit à quitter Lion pour retourner en Italie, lui envoia offrir fon roiaume & tout ce qui dépendoit d'elle, & témoigner le defir qu'elle avoit de l'aller vifiter avant fon départ. Il l'en remercia très-affectueufement, mais il la pria de n'en point prendre la peine, attendu sa mauvaise fanté, & de fa part qu'il étoit preffé de partir. La lettre est dù 23. dix-huitiéme de Mars. Enfuite il s'excufa de mê

p. 7.12.

me envers le roi d'Angleterre qui vouloit auffi le #. 25. venir voir : mais il lui refufa une décime qu'il demandoit fur les biens ecclefiaftiques d'Ecosse: étant inoüi de l'accorder à un prince dans le roïaume d'un autre.

Le pape acheva de paffer le carême à Lion, où le jour du jeudi faint treiziéme d'Avril en prefence de plufieurs évêques, il réïtera l'excommunicaMatth. Paris tion contre la memoire de Frideric & contre Conrad son fils : comme s'étant approprié sans le confentement de l'églife Romaine l'empire & le Stero. Anno 1251. roïaume de Sicile. En même-temps il confirma l'élection de Guillaume d'Hollande pour roi des Romains. Le dix-neuvième du même mois qui étoit le mercredi de la femaine de Pâques, le pape partit de Lion après y avoir demeuré fix ans & quatre mois. Il étoit accompagné de plufieurs cardinaux,

Sup. liv. LXXXII.

n. 14.

Matth. Paris p. 707.710.

AN. 1251.

cardinaux, de quantité de nobleffe & de Philippe de Savoie élu archevêque de Lion, à la tête d'une nombreuse escorte de gens armez, pour le garantir des infultes du parti de Frideric, Après avoir Mon. Paduan. p. évité plufieurs perils il arriva à Genes fa patrie: où tous les grands de Lombardie qui fuivoient fon Rainald. n. 30. parti, vinrent lui faire la reverence; il y séjourna jufqu'au vingt-deuxième de Juin.

neffe

593.

XXIX. Mouvement des

France.

Sup liv. LXXVII.

La France étoit cependant agitée d'un terrible mouvement. Il y avoit un Hongrois nommé Ja- Paftoureaux en cob âgé d'environ foixante ans, qui dans fa jeu-Matth. Paris p. quarante ans auparavant avoit excité la croi- 710. fade d'enfans, dont j'ai parlé en fon licu. Il étoit n. 14. apoftat de l'ordre de Citeaux, & fçavoit plufieurs Langues, entre autres le Latin, le François & l'Allemand. Sur la nouvelle de la prise de faint Louis il fe mit à faire le prophete, difant qu'il avoit vû des anges, & que la Vierge même lui avoit apparu & lui avoit commandé de prêcher la croifade, mais feulement aux bergers & aux gens du petit peuple, parce que Dieu rejettant l'orgueil de la nobleffe avoit refervé aux petits & aux fimples la délivrance du roi & de la terre fainte. Il te noit une main toujours fermée, difant qu'il y gar doit l'ordre par écrit qu'il avoit reçu de la Vierge. Il attira premierement des bergers & des laboureurs, qui laiffant leurs troupeaux & leurs charuës, le fuivoient à grandes troupes, fans fe mettre en peine de leur fubfiftance, dont en effet ils ne manquoient point. Et le peuple difoit que les vivres multiplioient entre leurs mains. Jacob leur Tome XVII.

Nnn

donnoit à tous la croix fur l'épaule,& on les nomAN. 1251. ma les paftoureaux.

Mais à ces premiers qui le fuivoient par fimplicité, fe joignirent des vagabonds, des voleurs, des bannis, des excommuniez, & tous ceux qu'en langage du temps on nommoit Ribaux : enforte que bien-tôt ils composerent une armée de cent mille hommes, distribuée par troupes sous differens chefs avec cinq cens enfeignes, où étoit réprefentée la croix & un agneau, avec les vifions que Jacob prétendoit avoir euës. On le nommoit le maître de Hongrie, & il avoit fous lui deux autres principaux maîtres. Ces prétendus disciples de l'agneau portoient des épées, des poignards, des cognées, des maffues & toutes les armes qu'ils avoient pû ramaffer; & quand le maître prêchoit il étoit environné des mieux armez, prêts à fe jetter für quiconque oferoit le contredire : car Jacob & les maîtres fubalternes prêchoient de leur autorité quoique laïques, & difoient quantité d'extravagances même contre la foi. Ils prétendoient donner la remiffion des pechez & faire des mariages à leur gré. Ils déclamoient contre les ecclefiaftiques & les religieux, principalement les freres Prêcheurs & les Mincurs, qu'ils traitoient de vagabonds & d'hipocrites. Ils taxoient les Cifterciens d'avarice & d'attachement à leurs terres & à leurs beftiaux : les moines noirs de gourmandife & d'orgueil Les chanoines étoient,felon eux,demilaïques, & adonnez à la bonne chere : les évêques & leurs officiaux occupez à amaffer de l'argent &

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