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Matth. Parif. P. 383.

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Germain écrivit auffi aux cardinaux, pour les exhorter à procurer la paix comme étant le confeil du AN. 1232. pape. Permettez-nous, dit-il, de dire la verité, notre divifion eft venue de l'oppreffion tyrannique que vous exercez & des exactions de l'églife Romaine, qui de mere eft devenue une marâtre, & foule les autres, d'autant plus qu'ils s'abaissent devant elle. Il propofe enfuite l'exemple de la reprehenfion de faint Paul, que faint Pierre prit en bonne part : enforte qu'elle ne Gal produit point de divifion, mais un examen plus foigneux de la queftion touchant les cérémonies légales. Puis il ajoûte: Nous fommes fcandalifez de vous voir uniquement attachez aux biens de la terre: amaffer. de tous côtez de l'or & de l'argent, & vous rendre les royaumes tributaires. Et enfuite: Plufieurs nations nombreuses nous font unies, & parfaitement d'accord avec nous : les Ethiopiens, les Syriens, les Iberiens, les Lazes, les Alains, les Goths, les Chazares, le peuple innombrable de Ruffie, les Bulgares.

ep. 5 to. II.

Le pape Gregoire répondit au patriarche Germain par une longue lettre, datée du Rieti le vingt fixié- Conc. p. 521. me de Juillet 123.2. où il promet de lui envoyer des religieux pour lui expliquer plus amplement fon intention & celle des cardinaux. Quant à l'exemple de faint Pierre repris par faint Paul, il répond avec quelques an ciens, que l'un & l'autre en userent ainsi de concert, & par un artifice charitable pour gagner les Juifs & les Gentils. Mais nous avons vû comme faint Auguftin Sup xxr. n. refute folidement cette explication apportée par faint Jerôme. Le pape dit enfuite, qu'aufli-tôt que l'églife Grecque s'eft feparée de la Romaine, elle à perdu la liberté & eft devenuë esclave de la puissance feculie

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re: puis s'est écartée peu à peu de la pureté de la foi & AN. 1233. de la difcipline. Le fondement de ce reproche eft, que les évêques & tout le clergé étoient bien plus foumis aux princes, & aux magiftrats chez les Grecs que chez les Latins, & contenoient mieux dans fes anciennes bornes l'immunité ecclefiaftique.

6 to. x1.cone.

f. 324. ap. Va

ding. 1233.n. 8.

Matth. XXV.

XXI.

aux princes Mafulmans.

En execution de fa promeffe le pape envoya l'année fuivante en Natolie quatre religieux mandians, deux freres Prêcheurs, Hugues & Pierre, deux freres Mineurs, Haimon & Raoul; & les chargea d'une lettre au patriarche Germain, où il compare le fchifme des Grecs à celui de Samarie, & dit que Dieu n'a pas laiffé de fufciter chez eux de grands docteurs, tels que S. Chrysostome, S. Gregoire de Nazianze, S. Basilé le grand & S. Cyrille, comme chez les Samaritains Elie, Elifée & les autres prophetes. C'eft faire remonter bien haut le fchifme des Grecs. Il propose enfuite l'allegorie des deux glaives, qu'il dit appartenir l'une & l'autre au pape, même le materiel en vertu de ces paroles de J. C. à S. Pierre: Remets ton épée au fourreau. Il infifte fur les figures de l'unité de l'églife; & finit par queftion des Azymes, difant que le pain levé des Grecs reprefente le corps de J. C. corruptible avant fa refurrection, & le pain fans levain des Latins fon corps glorieux. La lettre eft du dix-huitiéme de

Mai 1233.

La même année le pape envoya des freres MiLettres du pape neurs en miffion chez les infideles, avec une lettre adreffée au fultan de Damas & datée du quinziéme n. 16 Vading. Février, qui contient une longue instruction fur la religion Chrétienne appuyée de plufieurs paffages de l'ancien & du nouveau Teftament, & finit

ap. Rain. 1233.

cod. n. 27.

par une exhortation

exhortation au fultan d'embraffer le Chriftianifme avec protestation que le pape ne cherche que fon fa- AN. 1233. lut, fans aucune vûe temporelle, & fans vouloir rien diminuer de la puiffance de ce prince. Il envoïa la même lettre au calife de Bagdad, & au Miramolin d'Afrique, c'eft-à-dire, au roi de Maroc : mais on n'en voit aucun effet, & il n'étoit pas naturel d'en attendre. Il écrivit au Miramolin une autre lettre en Vading: efaveur d'Agnel évêque de Fés de l'ordre des freres Mineurs, à la fin de laquelle il ajoûte cette menace: Si vous aimez mieux être ennemi qu'ami de JefusChrift nous ne fouffrirons aucunement, comme nous ne le devons pas, que ceux qui font fideles vous obéïffent. Je ne fçai comment accorder cette propofition avec les preceptes des apôtres, d'obeïr aux princes même infideles, & avec la pratique des premiers fiécles.

Rain. n.

24.

Le pape Gregoire travailla avec plus de fruit à la converfion des Sarrafins de Sicile, qui étoient en Italie au fervice.de l'empereur Frideric; & il lui en écrivit en ces termes : Nous vous prions de donner 3.10. m. un ordre précis par vos lettres aux Sarrafins établis à Nocera, qui entendent affez bien l'Italien, à ce que l'on dit, de recevoir en paix les freres Prêcheurs que nous leur envoïons, les écouter patiemment, & s'appliquer ferieufement à ce qu'ils leur propoferont pour leur falut; & fi quelques-uns fe convertiffent, nous vous prions de les foûtenir de votre protection. La lettre eft du vingt-feptiéme d'Août 1233. L'empereur favorifa en effet cette miffion, & manda enfui-: te au pape que plufieurs s'étoient convertis. Le fé.: jour des Mufulmans en cette ville lui a fait donner Tome XVII.

G

le nom de Nocera des païens, pour la diftinguer de AN. 1233 Nocera en Ombrie.

XXII.

Vicence.

Sigon. lib. xvII. de regno

P. 43.

Ital.

La reputation & l'autorité des freres Prêcheurs Frere Jean de croiffoit de jour en jour principalement en Italie. A Boulogne fe trouvoit alors frere Jean de Vicence, qui aïant commencé à prêcher gagna tellement les cœurs de tout le peuple par fa doctrine & fa vertu, qu'il étoit le maître de la ville. Les bourgeois, les païfans, les artifáns, les nobles, le fuivoient avec les croix & les banieres & fe remettoient à lui feul de toute leur conduite: il n'y avoit procès qu'il ne terminât & divifion qu'il n'apaisât. L'évêque même & le corps de ville étant depuis long-tems en differend touchant la jurisdiction criminelle, le prirent pour arbitre, & s'en tinrent à fa décifion. Il fit fortir de prifon du confentement des magiftrats ceux qui n'y étoient que pour dettes, & perfuada aux creanciers de faire des remises confiderables. Un jour il prêcha avec tant de vehemence contre les ufuriers, que le peuple Vita ep. pradic. courut auffi-tôt chez un fameux ufurier nommé Lanpar. 3.6.45. P. dulfe, abbatit fa maison. Toute la Lombardie étoit remplie du bruit de fa prédication & de fes miracles, & on venoit de toutes parts le voir & l'entendre.

55.

La ville de Boulogne craingnant qu'on ne l'en retirât envoïa une ambassade au pere Jourdain qui tenoit le chapitre general, & elle lui reprefenta entre-autres raifons, que Jean avoit femé dans leur ville la parole de Dieu avec grand applaudiffement; & que tout le fruit qu'on en efperoit pourroit fe perdre par fon abfence. Mais Jourdain après avoir loüé leur devotion témoigna qu'il n'étoit pas fort touché de cette raifon. Car, dit-il, les femeurs n'apportent pas leur

lit fur le champ qu'ils ont femé pour y coucher jufques à ce qu'ils voïent comment la femence fructifie: AN. 1233. ils la recommandent à Dieu & vont femer un autre champ. Ainsi peut-être feroit-il expedient que frere Jean allât femer ailleurs la parole de Dieu, fuivant ce que le sauveur disoit : Il faut que j'aille auffi prêcher à d'autres villes. Toutefois nous délibererons de cette affaire avec nos définiteurs, & nous ferons enfortè que vous aurez fujet d'être contens.

Le pape Gregoire voïant l'autorité que s'étoit acquife frere Jean de Vicence, l'emploïa pour réunir & pacifier les villes d'Italie: craignant que l'empereur Frideric ne fe prévalût de leur divifion pour fe les Sigon. P, 44. afsujettir, principalement celles de Lombardie. Il fit donc Jean fon legat dans la Marche d'Ancone, & l'envoïa enfuite en Toscane, pour faire la paix entre Florence & Sienne. Mais il ne fut pas aifé de le tirer de Boulogne & des autres villes où il étoit cheri ; & le pape fut obligé de les menacer des cenfures ecclefiaftiques fi elles s'opiniatroient à le retenir. Le pape v.p.63.218. écrivit à ce faint religieux pour le feliciter du fuccès 10. 287. ap. de fes travaux & l'y encourager; & pour le confoler 36. 37. 38. des calomnies qu'on répandoit contre lui.

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Rain. 1233. n.

que.

XXIII. Canonifation

Pendant que frere Jean de Vicence étoit à Boulogne, il procura la tranflation de S. Dominique. De- de s. Dominipuis douze ans qu'il étoit mort fes difciples n'avoient encore rien fait pour honorer fa mémoire ; & quel ques-uns demeurant dans leur fimplicité, difoient' qu'il fuffifoit que fa fainteté fût connuë de Dieu, sans fe mettre en peine qu'elle vînt à la connoiffance des hommes. Toutefois le peuple reclamoit l'affistance du faint pour diverfes maladies : plufieurs demeu-

Chr. MS. ap.

Boll. 13. Feb. tol

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P.

721. epift.

Fordan. ap

B. . §.

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