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XLV.

Joinv. p. 105.

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S. Louis aïant achevé les fortifications de Jaffe, résolut de fortifier aussi Saïette, c'est-à-dire, Sidon, AN. 1253. & partie pour y aller le jour de S. Pierre vingt-neu- Suite des actions viéme de Juin 1253. Etant en chemin, il délibera de S. Louis. s'il prendroit Naploufe, qui eft l'ancienne Samarie, Duch. p. 458. & c'étoit l'avis des Templiers & des barons du païs; Sanut. p. 122. mais ils ne vouloient pas qu'il y fût en perfonne, di-. fant que s'il étoit pris ou tué la terre-fainte étoit perdue. Le roi ne put fé réfoudre à y envoïer fes gens fans lui, & ainfi l'entreprise manqua. En ar- Duchesne p. 360. rivant à Sidon,il apprit que les corps d'environ trois mille Chrétiens tuez par les Sarrafins depuis trois ou quatre jours étoient demeurez dans la plaine fans fépulture. Il y alla avant que de manger, accompagné du légat Eude de Châteauroux, par lequel il fit benir un cimetiere fur le lieu, puis il y fit porter ces corps, travaillant lui-même de fes mains à les ramaffer & les mettre dans des facs: fans en être détourné par l'infection qui en fortoit, telle que les valets & les pauvres païez pour ce travail ne le faifoient qu'avec une extrême repugnance. Le roi le continua pendant cinq jours, fans se boucher le nez comme plufieurs autres, ni témoigner de dédain. Le matin après la meffe il alloit fur le lieu & difoit à fes chevaliers: Venez, enterrons les martirs de J. C. qui ont plus fouffert que nous pour lui. Il fit faire pour eux des obfeques folemnelles.

Il demeura le refte de l'année occupé à fortifier Duch. p. 360; Sidon ; & cependant il lui vint divers avis de France par des lettres & des hommes envoïez exprès, que depuis la mort de la reine fa mere le roïaume éroit en grand danger: étant menacé tant du côté de l'AnTome XVII. Rrr

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gleterre que de l'Allemagne : ce qui le fit penser AN. 1254. férieufement à fon retour. Il appella le légat qui étoit avec lui, & lui fit faire plufieurs proceffions, pour demander à Dieu qu'il lui fît connoître fa volonté ; & enfin il réfolut de donner ordre à son voïage pendant le Carême, & partir à Pâques, qui cette année 1254. devoit être le douziéme d'Avril. La réfolution étant prife, le légat pria un jour le fire de Joinville de venir avec lui à fon logis; & l'aïant fait entrer dans fa garde-robe il commença à pleurer, & lui prenant les mains, il lui dit : Sénechal, je me réjouis & rends graces à Dieu de ce que vous êtes échappé de tant de périls : mais d'ailleurs, je suis pénetré de douleur d'être obligé de quitter votre bonne & fainte compagnie, pour retourner à la cour de Rome avec des gens fi déloïaux comme il y en a. J'ai réfolu de demeurer encore un an après vous à Acre, & emploïer ce qui me refte d'argent à en fortifier le fauxbourg, afin qu'on n'ait rien à me reprocher.

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Le deffein du départ du roi étant devenu public, le patriarche de Jerufalem & les barons du païs vinrent le trouver, & lui rendirent humblement graces des biens qu'il avoit faits à la terre fainte en fortifiant Acre & rebâtiffant Saïde, Celarée & Jaffe, & ils ajouterent: Nous voïons bien, fire, que votre séjour ici ne pourroit plus être utile au roïaume de Jerufalem : c'eft pourquoi nous vous conseillons d'aller à Acre faire les préparatifs de votre voïage pendant ce Carême. Le roi fuivit ce confeil, & demeura à Acre jufques à fon départ. Il eut la confolation d'avoir procuré pendant fon féjour à la ter

re fainte la converfion de plufieurs Sarrafins. Ils

Gaufr. c. 27. api

étoient touchez de fa merveilleufe patience dans AN. 1254. l'adverfité, & de fa constance infléxible dans fon Matth. Par. p. deffein. Ils voïoient la fermeté de fa foi & l'amour 759. de fa religion, qui lui avoit fait quitter les délices Duch. p. 457. de fon roïaume pour s'expofer à tant de périls. Ils s'adreffoient donc à lui, & il les recevoit à bras ouverts, & les faifoit inftruire foigneusement par les freres Prêcheurs & les freres Mineurs, qui leur faifoient voir le foible de la religion de Mahomet & la verité du chriftianifme. Ils recevoient le baptême, & le roi leur donnoit la subsistance : il en emmena plufieurs en France avec leurs femmes & leurs enfans:il en envoïa quelques-uns devant, & leur affigna à tous des penfions leur vie durant. Il fit auffi acheter plufieurs efclaves tant Mahometans que païens, & en prit le même foin. De là viennent apparemment tant de familles qui portent le nom de Sarrafin. Louis partit enfin du portd' Acre le vendredi vingt- foinv. p. 111. quatrième d'Avril 12 54.chargé des bénédictions de tout le peuple, de la noblesse & des prélats, qui le conduifirent jufques à fon vaiffeau. Il laissa le légat avec un fecours confidérable d'argent & de troupes ; & obtint de lui la permiffion d'avoir dans le vaisseau le S. Sacrement, pour donner la communion tant aux malades qu'à lui & aux fiens quand on le jugeroit à propos. Or la permission du légat étoit néceffaire, parce que les autres pelerins, quelque grands qu'ils fuffent, n'avoient pas accoutumé d'en user ainfi. Le roi fit mettre le S. Sacrement dans le lieu du vaiffeau le plus convenable : où il fit dreffer une riche tente d'étoffe d'or & de foye

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avec un autel, devant lequel il entendoit tous les A N. 1254. jours l'office divin celebre folemnellement, c'està-dire toutes les heures & la meffe excepté le canon: mais le prêtre & fes miniftres ne laissoient pas d'être revêtus felon l'office du jour.

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les

Cependant le pape Innocent envoïa au légat Eude évêque de Tufculum un reglement pour Grecs de l'ifle de Chipre. Dès le temps du pape Gregoire IX. l'archevêque Latin de Nicofie reçut un ordre du S. fiege pour défendre à tous les évêques de fa dépendance de permettre à aucun prêtre Grec de célébrer la meffe qu'il n'eût juré obéissance à l'église Romaine & renoncé à toute hérésie, particulierement au reproche que les Grecs font aux Latins de confacrer en azimes. L'archevêque aïant affemblé les évêques Grecs de fa province, leur fit lire & expliquer cet ordre du pape, contre lequel ils firent plufieurs objections: mais n'ofant s'y opposer ouvertement, ils en demanderent copie & du temps pour déliberer: pendant lequel ils fortirent fecretement de Chipre avec les abbez, les moines, & les principaux prêtres Grecs, emportant tout ce qu'ils purent des églifes & des monafteres, & fe retirerent en Armenie. L'archevêque Latin confulta le pape fur ce qu'il devoit faire en cette rencontre ; & le pape lui manda de chaffer du païs les prêtres & les moines qui y étoient reftez, & de donner à des prêtres Latins les églifes & les monasteres des fugitifs. La lettre eft du treizième d'Avril 1240.

Sept ans après le pape Innocent IV. envoïa frere Laurent de l'ordre des Mineurs fon pénitencier, avec un ample pouvoir de légat pour la réunion

des Grecs & des autres fchifmatiques ; & ce légat rappella l'archevêque Grec de Chipre de l'exil vo- Rain. 1250. n. 40. lontaire où l'avoient réduit les mauvais traitemens

que

des prélats Latins. Le prélat Grec s'adressa à l'évêde Tufculum lorfqu'il fut arrivé en Chipre avec S. Louis en qualité de légat ; & promit entre ses mains obéissance à l'église Romaine avec ses suffragans. Enfuite ils envoïerent au pape une requête contenant plufieurs articles fur lefquels ils lui demandoient juftice.

1. Que l'archevêque Grec & fes fucceffeurs euffent la liberté d'ordonner quatorze évêques de leur nation, puifque de toute antiquité il y avoit dans l'ifle autant de fiege épiscopaux. 2. Qu'en demeurant fous l'obéiffance de l'églife Romaine ils ne fuffent point foumis à la jurifdiction des prélats Latins, mais qu'ils joüissent de la même liberté qu'eux. 3. Qu'ils exerçaffent la jurifdiction ordinaire fur leur clergé & leur peuple, quant au fpirituel, comme avant qu'ils fe féparaffent de l'église Romaine, & telle que l'avoient les prélats Latins: avec pleine liberté de recevoir les ordres & d'embraffer la profeffion monaftique,comme avant que le païs fût soumis à la domination des Latins. 4. Que les moines Grecs fuffent déchargez de païer aux évêques Latins les dixmes des terres qu'ils cultivoient de leurs mains ou à leurs dépens; & qu'elles tournassent au profit des évêques Grecs. 5. Que les appellations des jugemens prononcez par les évêques Grecs ne fuffent point portées devant les évêques Latins: mais devant le pape ou fon légat fur les lieux, qui feroit tenu de prendre leur protection. 6. Enfin

41.

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